Falling, un film de Viggo Mortensen
C’est la pépite des nouveaux films en salle aujourd’hui, en même temps que la première réalisation de l’immense acteur américain Viggo Mortensen. Sur le thème d’un conflit familial générationnel, le légendaire Aragorn du Seigneur des anneaux nous livre un portrait acide d’une Amérique plurielle.
De nos jours, entre la Californie et une vieille ferme perdue au nord de l’état de New York. Sur un scénario original dans lequel Viggo Mortensen cache des souvenirs autobiographiques, nous allons suivre, au travers d’une suite de flashbacks, la vie d’une famille américaine gangrénée par Willis, un pater familias absolument ignoble : raciste, machiste, sexiste, homophobe, violent. Un vrai condensé de ce que l’Amérique de l’Oncle Sam peut produire de plus détestable. Avec sa femme il a deux enfants, John et Sarah. Le comportement de son mari va pousser cette dernière à prendre le large avec sa progéniture. Le temps passe. Elle va disparaître, laissant Willis s’enfoncer dans une misanthropie maladive en même temps qu’une démence aux effets dévastateurs pour son entourage. Au crépuscule de la vie du patriarche, John, qui vit en Californie avec son…mari, décide de proposer au redoutable paternel un rapprochement familial et climatiquement plus agréable. John va user d’une patience héroïque pour convaincre Willis non seulement du bienfondé de la démarche mais aussi de l’urgence de se faire soigner. La sénilité de ce dernier a, hélas, renversé toutes les barrières autant de langage que de comportement. Le film se concentre sur les affrontements père/fils sans aucune économie de quelque nature… Et, à vrai dire, on a parfois l’estomac au bord des lèvres à entendre les flots d’horreurs scato-sexuelles qui envahissent la logorrhée verbale du vieil homme. Seul un amour filial littéralement christique peut supporter pareille épreuve. Et là nous touchons au talent de Viggo Mortensen (John), impassible devant ces tsunamis de méchanceté. Seul un grand comédien peut, sans dire grand-chose finalement, faire sentir son désespoir muet et le cataclysme qui le détruit intérieurement. Nous voyons Willis a deux âges de sa vie. Tout d’abord durant la période 23/43 ans. Il est incarné par le Suédois Sverrir Gudnason, terrifiant bloc de haine et d’égoïsme forcenés. Sur les vieux jours, il cède la place à l’hallucinant Lance Henriksen, célèbre routier d’Hollywood qui tient là un rôle à coup sûr oscarisable. Il a le don de vous écraser au fond de votre fauteuil en priant le ciel qu’il quitte l’écran. C’est dire la puissance de son talent !
Même si ce premier long est loin d’être parfait, en particulier dans ses redondances, il n’en demeure pas moins le témoignage d’un acteur hors pair aujourd’hui réalisateur en devenir particulièrement sensible, généreux et prometteur.
Film non conseillé en dessous de 16 ans, quand même !
À l’affiche dans votre cinéma : CGR Toulouse Blagnac – Gaumont Toulouse – Utopia – American Cosmograph – Gaumont Labège
Lance Henriksen – Willis, le rôle de sa vie !
Fils de marin, cet Américain né au début de la Seconde Guerre mondiale à New York, a eu une jeunesse aventureuse, pour ne pas dire mouvementée… N’empêche, il finit par intégrer l’Actor’s Studio et décroche rapidement un premier rôle sur Broadway. Au milieu des années 70, c’est Sidney Lumet qui fait appel à ses talents. Il n’arrêtera plus de tourner, entre longs et séries, dans des blockbusters ou des productions mineures. Le registre intime que lui offre Falling est une première dans sa longue carrière. Et c’est une réussite !