Adeline Dieudonné publie Kerozene aux Editions de L’iconoclaste. Une histoire chorale qui secoue dans tous les sens.
Très attendue après son premier roman, La vraie vie – qui avait cartonné – Adeline Dieudonné revient avec un nouvel opus très électrique qui ne sera pas sans rappeler l’ambiance du premier. D’abord, il y a les personnages. Loufoques, fous, attachants. 12 personnages, 12 solitudes en quelque sorte qui se retrouvent au même endroit à la même heure. Une station-service à 23h12. Une vieille dame qui observe les lieux, une prof de pole dance qui se trimballe un cadavre, une mannequin qui voue une haine singulière aux dauphins, une jeune femme prise au piège de son conjoint gynécologue et de ses beaux-parents collectionneurs de forceps et autres instruments, un représentant en acariens, un couple qui vit avec un cochon, etc. Ce qui pourrait ressembler à une farce fonctionne finalement très bien. Parce que vient ensuite le regard déjanté d’Adeline Dieudonné. Le récit de ces destins fait grincer, sourire et parfois même rire franchement. Mais ne dit-on pas que sous l’apparente comédie se cache de nombreuses vérités ?
Une fable sombre
Solitude, émancipation, violence, etc. Adeline Dieudonné aborde de nombreux thèmes modernes. Elle scrute le passé de ses personnages, cherche les failles, fouille les angoisses et les peurs. Des obsessions qui se croisent, se répondent et viennent combler un manque. Elle met également en scène les pulsions intimes et les combats personnels. Combats de domination, de lutte des classes, de maltraitance. Et dans les interstices viennent se glisser les désirs secrets, inassouvis ou encore envahissants. Diverses tonalités donc qui entretiennent cette frontière floue entre humour et satire sociale. Sans oublier une grande dose de surréalisme.
Kerozene c’est aussi un savant mélange d’anecdotes trash, de réflexions surréalistes, de rencontres très sexuelles et de scènes d’une banalité quotidienne qui embrase le texte. Quoiqu’il en soit, Adeline Dieudonné renoue parfaitement avec son style, celui qui avait déjà conquis de nombreux lecteurs et qui devrait en conquérir de nouveaux.
Adeline Dieudonné, Kerozene, Iconoclaste, 312 p.
Photo : Adeline Dieudonné © Stephane Remael
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