C’est pour le lundi 12 janvier à 20h, à la Halle. L’Orchestre National de France nous revient avec à sa direction le chef Yutaka Sado. Nous partirons en Espagne, en des terres foulées au pied mais aussi fantasmées, avec Rimski-Korsakov, Joaquín Rodrigo et Maria Rodrigo et bien sûr Georges Bizet. Thibaut Garcia sera le soliste du concerto le plus emblématique pour la guitare à savoir, le Concierto de Aranjuez.

Yutaka Sado © Yuji Hori
Le programme du concert est le suivant :
Nikolaï Rimski-Korsakov
Capriccio espagnol
Joaquín Rodrigo
Concerto d’Aranjuez
Georges Bizet
L’Arlésienne : suite n°2
Maria Rodrigo Bellido
Becqueriana, Marche de
Georges Bizet
Carmen, extraits de la suite n°1 (Les Toréadors, Prélude) et de la suite n°2 (Habanera, Chanson bohème)
Capriccio espagnol de NikolaÏ Rimski-Korsakov en ouverture de concert. Nous sommes durant l’été 1887. Le compositeur qui travaillait au Prince Igor s’interrompt quelque temps pour écrire cette partition qu’il intitule ainsi tout en s’aidant de l’ébauche de sa propre Fantaisie sur des thèmes espagnols pour violon et orchestre. “L’empereur du beau son“ a été séduit, comme l’avaient été avant lui les autres membres de la fameuse École des Cinq (Balakirev, Cui, Moussorgski, Borodine) par une Espagne dite ardente et fiévreuse qui vit tout entière dans les rythmes de ses danses et de ses chants. Il a connu le sud, la région de Cadix en tant qu’officier de marine. En quelques mesures, il va en donner une évocation lumineuse, éblouissante, qui doit une partie de sa matière au folklore ibérique. Mais, écrira le compositeur lui-même, la « succession des timbres », le « choix des dessins mélodiques et des arabesques correspondant à chaque catégorie d’instruments », le « rythme de la percussion » constituent « le fond même du morceau et non sa parure, c’est-à-dire l’orchestration ». L’œuvre se déroule en cinq mouvements :
- Alborada = chant de l’aube (Vivace e strepitoso)
- II Variations (Andante con moto)
- Alborada (Vivo e strepitoso=fantastique)
- Scène et chanson gitanes (Allegretto)
- Fandango des Asturies

Thibaut Garcia © Warner Classics / Simon Fowler
Pour suivre, voici le “tube des tubes“ à la guitare classique, le fameux Concierto de Aranjuez du compositeur espagnol Joaquín Rodrigo. Encore faut-il qu’il soit parfaitement interprété et là, bingo, le soliste est Thibaut Garcia, jeune toulousain dont toute la ville est fort fière.
D’origine franco-espagnole, Thibaut Garcia est né en 1994 à Toulouse où il a débuté l’apprentissage de la guitare à l’âge de sept ans. Il y a obtenu son prix de guitare dans la classe de Paul Ferret. À 16 ans, il est entré au Conservatoire National Supérieur de Musique et de Danse de Paris dans la classe d’Olivier Chassain et a bénéficié en parallèle des conseils de Judicaël Perroy. En 2015, il a été nommé filleul de l’Académie Charles Cros. Il a remporté les premiers prix de nombreux concours internationaux, et notamment celui de la Guitar Foundation of America à Oklahoma City aux États-Unis en 2015, du José Tomas à Petrer en Espagne en 2014, et du Concours international de Séville en Espagne de 2013. Il y est depuis invité pour donner des master-classes et faire partie de leurs jurys. Il a remporté le 13 février 2019 la Victoire de la Révélation dans la catégorie “Soliste instrumental” des Victoires de la musique classique.
Le Concierto de Aranjuez pour guitare et orchestre fut créé au Palau de la Música de Barcelone le 9 novembre 1940, après le retour en terres espagnoles en 1939. Voilà deux ans qu’il fut écrit, en France. Il remporte un succès immédiat et tel que le compositeur se défendra presque d’avoir composé un morceau trop célèbre ! Et pourtant, un certain Segovia aurait bien suggéré au compositeur quelques modifications qui furent illico refusées : trop difficile ? Pour ajouter à la difficulté, dit-on, Rodrigo a écrit chaque mouvement dans un style très différent.
Le premier – Allegro con spirito – a un aspect très flamenco, avec des touches de baroque. En revanche, le deuxième – Adagio – se caractérise par son thème très linéaire, apparemment facile, mais dont la difficulté tient justement à son côté “infini“, tandis que le troisième – Allegro gentile – d’une écrasante difficulté, a un profil très baroque dans lequel Rodrigo montre son goût pour les harmonies archaïsantes. Dans ce dernier, il sera d’autant mis en valeur que le chef prêtera la plus grande attention aux tutti orchestraux. Pas facile finalement pour un des plus grands tubes de la musique classique, LE tube pour la guitare classique, composé à une époque noire, une œuvre qui dit toute la nostalgie d’un passé lumineux. Elle est écrite par un compositeur aveugle depuis l’âge de trois ans, suite à une conséquence de la diphtérie contractée et qui n’a jamais vu palais et jardins tracés à la française d’Aranjuez, petite ville verdoyante du bord du Tage, caractéristique du XVIIIe espagnol. On est sans voix quand on évoque une œuvre très diverse plus que conséquente, écrite en braille, traduite par un copiste puis vérifiée note après note au piano ! et enfin déclarée prête à l’impression……

ONF © Radio France / Christophe Abramowitz
Au programme du concert, nous aurons la Marche de Becqueriana de María Rodrigo Bellido, compositrice, née un 20 mars 1888, pianiste et professeure de musique classique espagnole, décédée un 8 décembre 1967. Elle a été la première femme à composer et produire un opéra en Espagne.
Georges Bizet termine le concert. Au menu :
L’Arlésienne, suite n° 2
Carmen, extraits de la Suite n° 1 et de la n° 2
De son vivant, le compositeur, musicien extraordinairement doué, ne connut pas pour autant, particulièrement la gloire. Il devait s’éteindre prématurément le 3 juin 1875, à trente-six ans. Il n’eut guère l’occasion de prévoir le triomphe inespéré que remporta la reprise de son œuvre ultime, Carmen, en 1883, à l’Opéra-comique, après avoir conquis les salles jusqu’aux États-Unis, en Russie. Carmen, le plus espagnol des ouvrages lyriques du répertoire français. Carmen, ni tragédie lyrique, ni opéra-comique, qui sera à sa création, le 3 mars 1875, mal compris et surtout mal reçu. Carmen dont la musique fut écrite par un compositeur qui n’avait jamais franchi les Pyrénées, et dont le livret s’appuyait sur une nouvelle de Prosper Mérimée qui lui, avait bien connu l’Espagne.
C’est ainsi qu’il tentera de forcer le destin aussi bien pour sa musique de scène intitulée L’Arlésienne que pour son ultime opéra Carmen. L’Arlésienne eut droit à une première Suite qui fut fort bien accueillie, mieux que le mélodrame d’Alphonse Daudet pour lequel la musique lui avait été commandée. Après le décès du compositeur, un arrangeur célèbre et disciple, Ernest Guiraud, décida d’une seconde Suite tirée de la partition intégrale, plus descriptive et spectaculaire qui rencontra l’enthousiasme du public.
Bis repetita avec Carmen, la première Suite devait jouir rapidement d’une durable popularité et, la gloire montante inaltérable de Carmen devait suggérer à son tour la confection d’une nouvelle Suite plus apte encore que la première à rappeler à un public de plus en plus étoffé les grands airs de la célèbre partition. Il n’y a plus qu’à puiser dans l’une, ou l’autre ou les deux pour faire sa propre suite : consultez le programme, si vous ne connaissez pas les ouvrages en question !
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