De l’humour à la chanson, Vincent Dedienne prolonge le succès de son dernier seul en scène avec « Un lendemain soir de gala ». Une tournée qui affiche complet comme c’est le cas pour deux soirs salle Nougaro, à Toulouse, les 16 et 17 décembre, à l’initiative d’Odyssud.
Vincent Dedienne. Photo Ruq Spectacles
Odyssud, Vincent Dedienne connaît bien. Il a joué dans la grande salle et s’est vu programmé, hors les murs, à l’Aria de Cornebarrieu, pour « Un soir de gala », en 2022. Mardi 16 décembre, toujours à l’initiative de la structure blagnacaise, il était de retour salle « Niagara » (dixit l’humoriste) où il avait donné son premier seul en scène « S’il se passe quelque chose » « il y a très longtemps » (en fait à peine dix ans).
Au programme, une quinzaine de chansons, écrites et composées par des artistes amis, réunies dans son premier album, « Un lendemain soir de gala », réinterprétation musicale de son précédent spectacle. Style classique, textes soignés, diction impeccable. Vincent Dedienne revendique avoir toujours eu des « goûts de vieux ». Enfant, « lors de commissions au Mammouth du coin », il avait craqué pour une cassette audio du « meilleur » de Joe Dassin. Et avait infligé à ses parents, dans la voiture, l’écoute en boucle de « Zaï, zaï, zaï » et « Tagada voilà les Dalton ». Au collège, l’élève Dedienne s’était toqué des Frères Jacques. Au lycée, « seul en classe théâtre au milieu d’une horde de sportifs », il était passé à Souchon et à Renaud. Enfin, à son arrivée à Paris, il avait constaté le peu d’enthousiasme suscité par ses soirées rythmées par Bachelet, Dalida et Adamo.
Vincent Dedienne et ses musiciens sur la scène de la salle Nougaro. Photo JMLS
Pour constituer son casting d’auteurs et compositeurs de haut vol, Vincent Dedienne a « serré les fesses » quand il s’est adressé à Alex Beaupain, Vincent Delerm, Jeanne Cherhal, Adrien Gallo, Tim Dup, Guillaume Aldebert ou Albin de la Simone. Et il les a « desserrées pour chanter, car ce n’est pas pratique ». L’humoriste sait qu’on l’attend au tournant. Il s’applique, en élève studieux et respectueux de ses illustres aînés (dont Anne Sylvestre, dont il reprend la chanson « Carcasse ») sans perdre de sa finesse d’expression. Adepte des ruptures de ton, il passe de la mélancolie, voire de la noirceur (« Soldat inconnu » d’Alex Beaupain, « Mes souvenirs commencent », de Pierre Lapointe…) à une vigueur ironique et sarcastique (« Aussi odieuse que ça », de Florent Marchet, « Au mariage de papa », de Juliette, « J’aime pas les enfants », de Jérémie Kisling…) A la manière d’Alex Beaupain – on y revient – Vincent Dedienne asticote ses musiciens, les excellents Lola Warin (batterie), Pascal Sangla (piano) et Augustin Parsy (guitares), qui jouent le jeu, imperturbables. Entre les chansons (on ne se refait pas), le néo chanteur multiplie les anecdotes drolatiques, le sommet étant atteint par un sketch hilarant sur la reconversion professionnelle. L’occasion pour Vincent Dedienne de rappeler, dans un pot-pourri, qu’ André Bourvil, Valérie Lemercier, Jacqueline Maillan, Coluche, Les Inconnus ou Thierry le Luron (avec une charge saisissante sur Le Pen) se sont eux aussi frotté à l’art difficile de la chanson. Ritournelle qui reprend ses droits, à la fin du spectacle, avec « Un jour je serai chanteur », de Ben Mazué, un titre confession qui illustre bien la démarche de l’artiste aux multiples casquettes. Le refrain débute ainsi : « Un jour je serai chanteur/Je prendrai mon désespoir/Et au lieu de vous faire rire avec/Je vous ferai y croire/Et pleurer avec moi. » Tout est dit…et formidablement transmis Par Vincent Dedienne à un public sous le charme.
« Un lendemain soir de gala », avec Vincent Dedienne, mercredi 17 décembre salle Nougaro, Toulouse. Complet.
Vincent Dedienne reviendra à Toulouse, au théâtre de la Cité, du 1er au 5 février 2026, avec son seul en scène « Il ne m’est jamais rien arrivé » d’après « Le journal » de Jean-Luc Lagarce. Tarifs : de 15 à 25 euros.
Album « Un lendemain soir de gala » (avec le DVD du spectacle précédent, « Un soir de gala »), Little Big Music/Sony Music.
