Après l’excellent « Comedian rhapsodie », où il racontait sa vie échevelée de critique rock, Thomas Vandenberghe (alias VDB) récidive dans l’autobiographie décalée avec «Fiascorama», compilation de toutes les gaffes et ratages d’un humoriste toujours en proie au doute. Autant de déboires drolatiques une fois passé le vent du boulet.
Il n’est pas nécessaire de connaître son Thomas VDB par cœur pour s’amuser à la lecture du deuxième volet de son autobiographie nourrie à l’auto-dérision. L’humoriste au « pseudo de superhéros » l’avoue : il a sérieusement ramé pour faire son trou dans l’univers impitoyable du seul en scène. Seul, le comédien l’est souvent quand il multiplie les bides, dans des cafés-théâtres où il est payé au lance-pierres. « Le problème dans les discussions d’argent, c’est que j’ai la hantise de passer pour un rapiat et je laisse toujours l’avantage à la personne avec qui je suis amené à négocier. Autant dire que les choses peuvent tourner à mon désavantage. Le corollaire est que je me fais souvent arnaquer », avoue benoîtement l’auteur. Et de poursuivre : « Il est une phrase qu’il est souvent donné à un artiste d’entendre : Viens jouer dans ma salle, y’a pas de thunes mais c’est bonne bouffe et pinard à gogo ! »

Thomas VDB. Photo Olivier Roller
Les choses ne s’arrangent pas forcément quand une certaine notoriété lui ouvre les portes des télévisions et des radios. Au départ, il y a le gamin d’Eu (c’est le nom du village où il a grandi, en Seine-Maritime), passionné de cinéma, tout fier de rencontrer un jour Valérie Mairesse. Puis l’élève au conservatoire de Tours cantonné aux rôles de mec « sympa ». « C’est ma croix, écrit-il, et je vais la porter toute ma vie, comme une sorte de poids, la réputation d’être sympa »…et l’obligation de l’être. Thomas VDB commence à prendre vraiment plaisir au jeu, en duo, avec le spectacle « Freddy Coudboul » (un « recordman » de défis idiots comme l’écrabouillage de biscottes ou le lancer de mules talquées), joué dans moults festivals de théâtre de rue. Le premier one-man-show, « En rock et en roll », arrive en 2006. L’acteur est dans son élément, lui qui fut un critique rock passionné dans une vie d’avant (ce qu’il racontait dans « Comedian rhapsodie »). Le succès est là mais rien n’est pourtant acquis. Thomas VDB est une sorte de Gaston Lagaffe lancé dans un monde qui ne fait pas de cadeau. Plus « sympa » que jamais, il accepte en 2008 le difficile exercice du portrait dans « Le fou du roi », de Stéphane Bern, sur France Inter, multipliant « les papiers foireux ». Et s’essaye à la télé en 2011 avec « Planète musique mag » sur France 2. Pour le fan de rock qu’il est, accueillir Lara Fabian, Dove Attia ou M. Pokora sur un plateau a tout du supplice.
« Je suis effaré par la constance avec laquelle je me prends des murs dans la vie »
Dans sa vie privée, Thomas VDB semble aussi naviguer à vue, disant oui à beaucoup de choses pour fuir le conflit. Il achète un appartement situé dans un quartier parisien très bruyant pour ne pas décevoir l’agente immobilière : elle est vieille, elle lui fait de la peine. Il anime, à son corps défendant, une fête de famille (de sa famille), enchaînant les blagues qui ne font rire personne. L’humoriste raconte tout cela – avanies et framboises – à sa manière décalée, nous faisant sourire et parfois même franchement rigoler. On le sent fragile et désolé, « sympa », certes, mais si mal dans ses baskets. Résumant toute son affaire à un bilan affligé : « Plus je vieillis, plus je suis effaré par la constance avec laquelle je continue de me prendre des murs dans la vie. Que ce soit par paresse, désorganisation, naïveté, ou à cause de ma phobie de laisser une mauvaise impression. Ça fait des années que ça dure et je ne vois pas l’ombre d’un début du moindre début d’amélioration. Je continue de prendre des décisions de traviole. »
Et pourtant, l’opiniâtreté a payé. Thomas VDB est aujourd’hui un comédien accompli, dans son registre (il vient de triompher durant 4 ans avec son dernier spectacle « Thomas VDB s’acclimate ») ou lorsqu’il se met au service des autres au cinéma (« Jamais sans mon psy », « Joli joli », « Kaamelott, deuxième volet »).
« Fiascorama », de Thomas VDB (Buchet-Chastel, 260 pages, 22 euros).
« Fiascorama » • Buchet-Chastel


