La galerie municipale du Château d’Eau rouvre ses portes samedi 22 novembre après un an et demi de travaux. Visite en avant-première d’une institution toulousaine, créée en 1974 par Jean Dieuzaide et largement repensée grâce à un budget de 4,2 millions d’euros, financé pour la plus grande partie par la Ville de Toulouse.

Le Château d’Eau avec, au premier plan, le bâtiment abritant boutique et billetterie. Photo Culture 31
Le Château d’Eau trône toujours, impérial, à l’entrée du Pont-Neuf, côté Saint-Cyprien. Cette construction de 1823, désaffectée dès 1870, avait connu ensuite bien des avanies avant que le photographe Jean Dieuzaide n’en fasse un haut lieu de la photographie à partir de 1974. Depuis, près de 600 expositions ont été organisées par le maître des lieux et par deux directeurs artistiques successifs.
La première bonne surprise du nouveau Château d’Eau est la disparition du petit parking utilisé par les employés et qui occupait une partie du joli jardin entourant le bâtiment classé Monument historique. Jardin qui a donc été agrandi et dont on appréciera pleinement au printemps le nouveau visage. Pour accéder aux expositions, il faut d’abord passer par la boutique-billetterie, installée désormais dans l’ancien espace de bureaux.

Le rez-de-chaussée, rafraîchi mais peu modifié. Photo C31
On grimpe ensuite le vieil escalier de quelques marches menant au saint des saints. Le rez-de-chaussée et le sous-sol du Château d’Eau ont été rénovés sans que la circulation en soit modifiée. Deux nouveautés cependant : un espace de médiation, principalement destiné aux scolaires, qui prend lieu et place de l’ancienne billetterie, et un accès au sous-sol pour les personnes à mobilité réduite.
La suite de la visite se fait toujours dans la galerie 2, située sous une arche du Pont-Neuf, imaginée en 1989 par Jean Dieuzaide au bout du jardin (ce fut le dernier chantier d’envergure avant celui lancé l’an dernier). L’espace est plus vaste qu’auparavant (la boutique ayant donc été déplacée à l’entrée) et plus lumineux aussi. Il débouche sur la belle bibliothèque du Château d’Eau, qui compte 16000 ouvrages, consultables sur place. Quant au gros du chantier, mené par l’équipe toulousaine de Couzy Architectures, il a consisté au creusement d’une seconde arche du Pont-Neuf : l’administration et les services techniques de la galerie s’y trouvent désormais.

Vue d’une partie de l’exposition de Sophie Zénon, au sous-sol. Photo C31
Selon Francis Esplugas, adjoint au maire en charge des musées, qui n’a pas manqué de rappeler que « l’histoire du Château d’Eau est liée à Jean Dieuzaide », « la surface d’exposition a été augmentée de 30% ». Directrice du Château d’Eau depuis 2020 pour le compte de la Mairie de Toulouse (le lieu est désormais en régie directe après des décennies de gestion associative), Magali Blénet a insisté sur « les contraintes fortes d’un site classé » lors du choix du projet de restauration. « Pour autant, en s’adaptant au bâtiment qu’on a, on a pu repenser le parcours de visite et le rendre plus fluide, plus clair, avec divers espaces traités de la même façon. On a gagné en capacité mais aussi en modularité. Notre souhait est que les visiteurs appréhendent l’ensemble du lieu comme une expérience. »
C’est sans doute ce qui a conduit au choix de Sophie Zénon, une artiste et ethnologue normande qui utilise la photographie parmi bien d’autres médiums (mais qui n’est pas une photographe au sens strict) pour la réouverture du Château d’Eau (nous y reviendrons). En 1974, un Robert Doisneau spirituel et rigolard avait assuré la première exposition. De la photographie dite « humaniste » à l’art contemporain, un grand pas – un grand écart ? – a été franchi. Bonne ou mauvaise nouvelle ? Seule la fréquentation du public nous le dira dans les semaines à venir.
Réouverture du Château d’Eau samedi 22 novembre à 11 heures avec l’exposition « L’humus du monde », de Sophie Zénon. Visite avec l’artiste à 11h30 (tarif : 3 euros). Table ronde avec elle à 15 h au Chapeau Rouge, centre culturel Saint-Cyprien (gratuit).


