Chaque mercredi, on rend hommage à un grand classique du cinéma. A voir ou à revoir.
Le Kid de Charlie Chaplin
S’il est déjà une vedette en 1921, lorsque sort Le Kid, grâce à ses courts métrages, Chaplin franchit un cap avec son premier long métrage, fruit d’un tournage de plus d’un an. Il crée ici le mélange de comédie et de mélodrame qui sera au cœur de quelques-unes de ses plus grandes réussites comme La Ruée vers l’or ou Les Lumières de la ville. Dès les premières images, on retrouve le personnage de vagabond qui a fit le succès de l’acteur-réalisateur. Avec sa canne, ses gants troués et sa boîte à mégots, Charlot affiche une prestance aristocratique et il découvre ici dans la rue un bébé de quelques jours. Sa mère, une jeune femme désespérée, avait abandonné l’enfant à l’arrière d’une voiture garée devant une cossue villa avec un mot demandant de prendre soin du bébé. Las, deux malfrats volèrent la voiture avant de se débarrasser de l’inattendu passager en le déposant dans une ruelle d’un quartier déshérité.
Malgré lui, le vagabond se retrouve en charge de l’enfant et, cinq ans plus tard, tous deux vivent chichement dans un petit appartement miteux. Le père adoptif inculque les bonnes manières au gamin tout en en faisant son complice pour ses activités de vitrier ambulant : le Kid étant chargé de briser des carreaux de fenêtres à coups de pierres. Pendant ce temps, la mère est devenue une actrice célèbre et demeure rongée par le souvenir de son enfant perdu…
Drôle et émouvant
Construit comme une suite de sketchs, Le Kid s’appuie sur une mise en scène au service des gags et de l’occupation de l’espace par les comédiens au gré de course-poursuites, de bagarres ou de séquences plus intimistes. L’une des originalités du film est de montrer un enfant qui agit souvent comme un adulte, jusque dans sa gestuelle et ses attitudes, ne retrouvant sa fragilité que lorsqu’il est confronté à la brutalité ou à l’injustice. Quant au vagabond, il cultive sa liberté et son refus de se plier aux codes de la société, fusse au prix de la pauvreté extrême.
Le Kid contient des plans et des images iconiques qui ont traversé les époques. Impossible d’oublier ce couple drolatique et émouvant. Chaplin montre avec éclat que l’on peut rire de la misère sans se moquer des miséreux. Voici une œuvre dont on ne se lasse pas, à n’importe quel âge de l’existence.
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