20e édition du Festival de Rocamadour du 15 au 26 août
Dans l’incipit de son roman Aden Arabie, Paul Nizan écrivait : « J’avais vingt ans. Je ne laisserai personne dire que c’est le plus bel âge de la vie ». Selon son expérience personnelle, chacun fera sienne ou non cette citation de l’écrivain. En revanche, atteindre sa vingtième édition est incontestablement le passage d’un cap dont tout événement culturel peut se réjouir et être fier, celui de l’entrée dans l’âge de la maturité. Créé en 2006, le Festival de Rocamadour fête cette année deux décennies d’émotions et de grands moments musicaux partagés avec les artistes et le public. Un anniversaire où sont invités de nombreux musiciens ayant marqué l’histoire de la manifestation et à qui a été confiée l’interprétation de chefs d’oeuvre intemporels pour célébrer l’événement. Voici toutes les prestigieuses étapes d’une programmation sous-titrée « Chemins d’éternité », à découvrir du 15 au 26 août.

Vallée de l’Alzou © François Le Guen
Six rendez-vous à la basilique Saint-Sauveur, dont le concert d’ouverture le 15 août
Coeur historique du festival depuis sa création, lieu à l’acoustique exceptionnelle, la basilique Saint-Sauveur de Rocamadour accueille le concert d’ouverture de cette 20e édition le 15 août. À 21 h, l’ensemble Vox Luminis est de retour à l’endroit même où il s’était produit en 2017 et 2018. Il y a sept ans, c’était également un 15 août et déjà pour y donner la Messe en Si mineur de Jean-Sébastien Bach. Pour interpréter cette pièce sublime que son compositeur n’aura jamais entendue de son vivant et dont elle a fait son œuvre signature, l’excellente formation belge est conduite par Lionel Meunier, son fondateur et directeur artistique. Le ton est donné d’emblée avec ce chef d’oeuvre absolu qui lance en majesté la programmation du festival 2025.

Vox Luminis © Leslie Artamonow
La deuxième soirée à la basilique a lieu dès le lendemain, sous la forme d’un double concert de Renaud Capuçon le 16 août à 19 h 30 et 21 h30, une nouvelle fois associé à l’un de ses partenaires favoris, le pianiste Guillaume Bellom. Pour cette 7e participation consécutive au festival, le célèbre violoniste propose un programme entièrement dédié à Brahms dont lui et son fidèle complice vont jouer trois sonates pour violon et piano, les n°2, op. 100 ; n°3, op. 108 et n°2, op. 120 (dans sa transcription pour violon).

Renaud Capucon © Simon Fowler
La basilique est comme de coutume l’écrin du traditionnel récital de piano programmé lors de chaque édition du festival. Deux ans après sa première apparition, l’immense pianiste russe Nikolaï Lugansky revient avec un programme colossal composé de la Sonate pour piano n°17 « La Tempête » op. 31 n°2 de Beethoven, du Carnaval de Vienne, op. 26 de Schumann, et de « L’entrée des Dieux » scène IV de L’or du Rhin (tr. Brassin / Lugansky), de « Magic Fire Music » acte III des Walkyries (tr. Brassin) et de « Transformation Music » et Final. Acte I & III de Parsifal (tr. Lugansky / Kocsis) de Wagner. Il conclut son concert par la Légende n°2 « Saint François de Paule marchant sur les flots » de Liszt, dernière pièce d’un programme exceptionnel à la mesure d’un des géants du clavier international.

Nikolaï Lugansky © Marco Borggreve
Quatrième et dernière soirée à la basilique le 24 août avec là encore deux concerts programmés à 19 h et à 21 h 30. Le premier est donné par l’ensemble Pulcinella, fondé et dirigé par la violoncelliste Ophélie Gaillard, qui accompagne deux des plus grandes voix de la scène baroque actuelle, les sopranos Sandrine Piau et Emmanuelle de Negri. Le programme est joliment intitulé Une Nuit en Flandres et l’on y trouve deux œuvres rares mais superbes : les Caprices pour violoncelle de Joseph-Marie-Clément Dall’Abaco et les Lamentations de Joseph-Hector Fiocco.
Le second concert a été confié à l’ensemble La Sportelle, la formation en résidence permanente au festival, placé ici sous la direction du Britannique Nigel Short, bien connu du public amadourien depuis quelques années en tant que directeur artistique du Tenebrae Choir, et chef invité de La Sportelle pour les trois ans à venir. Les 16 chanteurs de l’ensemble vont interpréter un programme d’oeuvres de Maurice Duruflé, Vytautas Miškinis, Francis Poulenc, Ralph Vaughan Williams, Pierre Villette et Olivier Messiaen.

A Celestial Gift © François Le Guen
Quatre concerts dans la Vallée de l’Alzou, au pied de la Cité
Le site de la Vallée de l’Alzou, qui offre le soir venu une vue impressionnante sur la Cité illuminée, est devenu un lieu phare du festival au fil des dernières éditions. Outre le décor incroyable qu’il propose aux musiciens et aux spectateurs, il permet d’accueillir deux mille personnes comme ce fut le cas l’an passé pour le concert de Roberto Alagna. Nul étonnement donc à ce que quatre concerts y soient de nouveau organisés lors de la 20e édition.
Les deux premiers d’entre eux, les 17 et 18 août à 20 h 30, voient le retour d’une formation que l’on avait découverte lors du festival 2024, l’Orchestre Consuelo fondé et dirigé par Victor Julien-Laferrière. Quatre chefs d’oeuvre, deux par soir, y sont au programme. Au menu du concert du 17 août, on trouve la Symphonie n° 7 de Beethoven et le Requiem de Mozart pour lequel ont été convoqués aux côtés de l’orchestre le remarquable choeur basque espagnol Orfeón Donostiarra et les chanteurs solistes Lauranne Oliva (soprano), Paul Figuier (contre-ténor), Enguerrand de Hys (ténor) et Nicolas Brooymans (basse).
Le concert de la soirée du 18 août est lui entièrement consacré à Beethoven dont vont être joués la Symphonie n° 3, op. 55 « Héroïque » puis le Concerto pour piano n° 5, op. 73 « L’Empereur » avec un autre grand pianiste russe, Alexei Volodin. Il faut rappeler que l’Orchestre Consuelo a lancé l’an dernier son projet d’enregistrer les neuf symphonies de Beethoven, les 1ère, 2e et 4e ayant fait l’objet d’un premier CD paru en 2024 alors que le deuxième (regroupant la 5e et la 6e) paraît cette fin août sous le label B.records.

Orchestre Consuelo et Orfeón Donostiarra © Alexis Mestre
Pour les troisième et quatrième concerts au pied de la Cité, les 22 et 23 août, la Vallée de l’Alzou est le théâtre du retour au festival d’une autre grande formation déjà entendue dans le même cadre en 2023, l’Orchestre de la Garde Républicaine dont Bastien Stil a été nommé directeur musical et artistique en septembre dernier. Le 22 août à 20 h 30, la soirée est dédiée à trois œuvres maîtresses de la musique française, les Litanies à la Vierge noire et le Stabat Mater de Francis Poulenc, puis la Symphonie Fantastique d’Hector Berlioz. La soprano Vannina Santoni, également présente au festival en 2023, et le choeur Aedes dirigé par Mathieu Romano se joignent à l’orchestre pour interpréter les deux premières.
Le 23 août, encore à 20 h 30, nouvelle soirée de musique française à la gloire d’un de nos plus grands compositeurs, Maurice Ravel dont nous célébrons en 2025 le 150e anniversaire de la naissance. Au programme, cinq chefs d’oeuvre du Basque génial, la Valse, le Concerto pour piano en Sol majeur, le Tombeau de Couperin, Pavane pour une infante défunte et l’inévitable mais toujours enchanteur Boléro. Ce concert nous vaut le plaisir de revoir et réentendre la pianiste Lise de la Salle accompagnée par l’Orchestre de la Garde Républicaine lors de l’exécution du Concerto en Sol.

Orchestre de la Garde Républicaine © Alexis Mestre
Et quatre concerts aussi à l’abbatiale de Souillac
L’imposante abbatiale Sainte-Marie de Souillac est devenue elle aussi un lieu référence pour les grandes soirées de musique chorale chères à l’équipe organisatrice de la manifestation. Son acoustique est notamment très appréciée de Nigel Short qui s’y produit une nouvelle fois à la tête du Tenebrae Choir, ensemble vocal admiré dans le monde entier et dont tous les concerts ont été donnés à guichets fermés lors des précédentes éditions. Pour cette 5e programmation au festival, le 19 août à 21 h, le choeur britannique reprend Path of Miracles, œuvre poignante commandée en 2005 à son compatriote Joby Talbot et basée sur le pèlerinage de Saint-Jacques-de-Compostelle. Les noms des principales étapes du « Camino Frances » : Roncesvalle, Burgos, León et Santiago, ont été donnés aux quatre mouvements qui la composent.

Path Of Miracles © François Le Guen
Le Tenebrae Choir se remet à l’ouvrage à l’abbatiale deux jours plus tard, le 21 août à 21 h, toujours sous la direction de Nigel Short, mais avec le renfort des chanteurs de l’ensemble La Sportelle. Le programme de ce concert inédit a été intitulé A Celestial Gift et ce « Cadeau du Ciel » est offert au public sous la forme d’une kyrielle de pièces emblématiques telles que le Nunc dimittis de Gustav Holst et le Miserere d’Allegri, voisinant avec des œuvres de compositeurs contemporains comme In Winter’s House de Joanna Marsh et le Miserere de James MacMillan. Un véritable feu d’artifice choral qui devrait ravir les amoureux du genre.
L’abbatiale Sainte-Marie est également depuis trois ans le décor idéal pour accueillir les concerts spatialisés de La Tempête, programmée une nouvelle fois au festival le 25 août à 21 h. On se rappelle les chocs artistiques et les gros succès publics que furent Les Vêpres à la Vierge de Claudio Monteverdi en 2022, La Bomba Flamenca en 2023 et Azahar en 2024. Pour cette édition 2025, la compagnie de Simon-Pierre Bestion reprend Les Vêpres de Rachmaninov, chef d’oeuvre de foi et de ferveur qui brille au firmament de la musique sacrée russe. Un des grands moments à venir de cette 20e édition.
Le quatrième concert à l’abbatiale de Souillac est aussi celui de la clôture du festival 2025, le 25 août à 21 h. Le Concert de la Loge, fondé et dirigé par le violoniste Julien Chauvin et déjà présent en 2021 à Rocamadour, y accompagne l’ensemble La Sportelle et les chanteurs Melissa Petit (soprano), Eva Zaïcik (mezzo-soprano), Antonin Rondepierre (ténor) et Nahuel Di Pierro (basse) dans la merveilleuse Grande messe en ut mineur, pièce finale d’un programme « tout Mozart » comptant aussi l’Ouverture des Noces de Figaro et la Symphonie n°41 « Jupiter ». Un splendide bouquet final pour clore cette édition anniversaire.

La Tempête © François Le Guen
Le concert au Château de La Treyne et les Moments d’orgue
Le concert « hors les murs » dans les jardins du Château de La Treyne, sur la commune de Lacave, est un rendez-vous privilégié du festival depuis plusieurs années. Dans un cadre somptueux, à la fois patrimonial et champêtre, des programmes originaux y sont proposés au public. « De Paris à Rio », le 21 août à 19 h 30, s’inscrit parfaitement dans cette tradition désormais bien établie et nous donne la joie de retrouver trois musiciens présents lors d’éditions précédentes mais jamais en trio jusqu’alors, la trompettiste Lucienne Renaudin Vary, l’accordéoniste Félicien Brut et le guitariste Thibaut Garcia. Amis dans la vie et très complices sur scène, ces trois virtuoses de leurs instruments respectifs ont conçu une invitation musicale au voyage au gré d’oeuvres de Boccherini, Gnattali, Bernstein, Höhne, Falla, Emorine, Piazzolla, Blázquez, Galliano et de valses de Paris et d’ailleurs.

De Paris à Rio © Julien Faustino
Autre tradition bien installée au festival, les Moment d’orgue à la basilique Saint-Sauveur, chaque jour à 12 h, du 18 au 26 août à l’exception des 23 et 24, donnés cette année par Alma Bettencourt. La jeune et talentueuse organiste française a fait paraître il y a quelques mois un CD consacré aux deux sonates pour piano et orgue de Julius Reubke, sous le label « Rocamadour – Musique sacrée », et ce sera un vrai privilège de pouvoir l’écouter quotidiennement sur le grand-orgue Daldosso de Rocamadour.

Alma Bettencourt
Le second stage d’été pendant le festival
Après un premier volet en juillet, une seconde session du stage d’été Cantica Sacra se tient du 16 au 22 août. Elle est destinée autant à ceux qui veulent s’initier au chant choral qu’aux choristes souhaitant se perfectionner, et est encadrée par Mathilde Kohn (direction) et Quentin du Verdier (chef de chant). Les chanteurs stagiaires vont travailler toute la semaine le Stabat Mater de Rheinberger avant de l’interpréter en concert de fin de stage à la basilique Saint-Sauveur, le 22 août à 16 h (entrée libre).
La programmation de cette 20e édition est particulièrement haut de gamme et il est vivement conseillé de réserver ses places à l’avance si vous voulez vous aussi emprunter les « chemins d’éternité » qu’elle propose, du 15 au 26 août.
Bon festival !
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