Utiliser la mélancolie pour mettre des mots sur ses émotions, parler du passé le mieux possible au présent, Raoul est un artiste qui définirait sa musique comme nostalgique et intimiste. En partant du principe que toutes les personnes de sa génération se retrouvent dans certains cycles du passé, il met les mots sur des périodes que l’on peut regretter ou idéaliser, faisant pleinement parler ses émotions et celles de ses auditeurs. Culture31 s’est entretenu avec l’artiste sur son parcours musical, ses projets et le futur de son style.

Crédit photo : Sheiza
Culture 31 : Comment la musique t’es tombée dessus ?
Raoul : Sincèrement, au départ, je ne me serais jamais douté que j’allais finir par en faire une passion. J’ai commencé à faire de la musique comme un fils de musiciens, en prenant des cours de batterie, de piano. J’aimais bien sans plus en réalité, c’était juste une activité parce qu’il fallait que j’en fasse en dehors de l’école. J’ai rapidement arrêté tout ce qui était la musique que j’appelais « pédagogique », jusqu’à ce que je me remette à en faire vers mes 16-17 ans. Mais cette fois-ci, c’était pour écrire des textes de rap avec mes potes, sans trop se prendre au sérieux. Au fur et à mesure qu’on enchaînait les sessions, ça commençait à ressembler à quelque chose d’assez concret et intéressant, sans même que je m’en rende compte pour être honnête. Là où j’ai moi même considéré la musique comme quelque chose de sérieux, c’est quand j’ai lâché mon bts pour avoir un maximum de temps à y consacrer. Le fait d’être à Toulouse, faire des rencontres dans le monde de la musique, cela m’a rapidement convaincu que je voulais y consacrer plus de temps.
Pourquoi faire du rap plutôt qu’un autre genre musical ?
Ça s’est vraiment fait de façon assez naturelle, je dirais. Forcément, c’est la musique de notre génération donc au départ, on écoutait ça parce que c’était à la mode, avant de vraiment apprécier et de trouver ce qui nous plaît dans le genre. Des artistes comme 50 cents, Booba ou 1995 m’ont vraiment donné envie d’écouter toujours plus de rap et d’écrire mes propres textes avec mes potes. Je ne catégoriserai pas ça comme des influences, parce qu’encore aujourd’hui, j’écoute plein de style musicaux différent, mais je dirais qu’ils m’ont véritablement convaincu de me pencher sur ce qu’est le hip-hop.
D’ou viennent tes influences ?
Je ne sais pas si elles s’entendent ou résonnent dans ma musique, mais je pense à pas mal d’artistes différents quand je produis ou quand j’écris. En ce moment, Tyler, the creator a une grande place dans ma tête quand je fais de la musique, au niveau des basses qu’il utilise par exemple ou dans la structure de ses morceaux. Moussa est un artiste qui m’impacte énormément aussi. Je me retrouve vachement dans les émotions qu’il véhicule à travers ses productions, ça retrouve ce que j’ai envie de communiquer en faisant du rap.
Tu prévois de te tourner vers quelque chose de différent au niveau de ta musique, tu peux nous en dire un peu plus ?
Mes paroles ne comptent pas changer. La nostalgie et la mélancolie seront toujours les thèmes qui me toucheront le plus et ceux sur lesquels j’ai envie d’explorer un maximum de choses, en plus d’en faire ressentir à mes auditeurs. Ce sont mes productions que je prévois de modifier, j’aimerais me tourner vers quelque chose de plus acoustique, plus instrumental. Cette méta new wave avec une majorité de productions électroniques ne m’intéresse plus trop. C’est très naturel comme choix, je dirais, quand je me mets à composer, j’ai le réflexe d’aller vers des sonorités différentes. Je pense que le fait d’avoir touché à des instruments assez tôt dans ma jeunesse ressort indirectement de plus en plus. Mais la principale raison de cette reconversion, c’est ma récente lassitude envers le rap. Pendant 6 mois, j’ai totalement arrêté d’en écouter et je me suis tourné vers d’autres styles musicaux qui m’ont naturellement influencé par la suite.

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D’ou elle vient cette lassitude du rap ?
Je trouve que ce que l’on qualifie de « new wave » dans le rap stagne énormément. Il y a beaucoup de nouveaux talents, notre génération est sur la forme très forte, mais tout se ressemble à mon goût. J’inclus ma personne et les gens de mon groupe dans ce que je dis, même si je n’ai aucun doute sur le fait qu’on a du talent. Plus le temps passe, plus j’ai la volonté de faire quelque chose de nouveau, ramener un vent de fraîcheur dans ma musique et potentiellement celle des autres par la suite. Ça me permettra peut être de me démarquer plus facilement et d’en faire mon métier plus vite, mais au delà de ça ca me permettra aussi d’être pleinement satisfait de mon travail quand je le finalise, comme avant.
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