Du 21 juillet au 7 août, la quarante-septième édition de Jazz in Marciac propose une programmation aussi variée que prestigieuse. Tour d’horizon non-exhaustif de JIM 2025.
Jazz in Marciac se distingue chaque année par sa faculté à brasser les talents dans toute leur diversité, invitant à la fois des stars et des musiciens en devenir, des artistes de légende et d’autres à découvrir. De même, si l’identité « jazz » du festival est inscrite dans son passé et jusque dans son intitulé, celui-ci a depuis longtemps ouvert ses portes aux musiques latines et aux musiques du monde, au blues, au rock, au funk, à la soul… L’édition 2025 de JIM ne déroge pas à cet esprit d’ouverture et offre une nouvelle fois un plateau extrêmement éclectique.
Herbie Hancock, Carlos Santana et Robert Plant
Du côté précisément des légendes, Herbie Hancock sera au rendez-vous le 23 juillet à 23 heures. Ce n’est pas une première pour cette figure de l’histoire du jazz, mais on ne se lassera jamais de voir et d’entendre le génial musicien revisiter ses compositions devenues des classiques à l’instar de Cantaloupe Island, Watermelon Man ou Chameleon. Au piano comme au synthétiseur, Hancock est un virtuose et ses partenaires – Terence Blanchard à la trompette, Lionel Loueke à la guitare, James Genus à la basse et Jaylen Petinaud à la batterie – valent aussi le détour. Le dernier passage du maître à Marciac, en 2022, fut l’occasion d’un concert de haut vol. Raison de plus pour ne pas rater celui de cette année.

Herbie Hancock © X/DR
Autre star ayant laissé de grands souvenirs à Marciac : Carlos Santana. Sept ans après son passage dans le Gers, le guitariste apparaîtra sous le chapiteau le 25 juillet à 23 heures. L’auteur d’Oye Como Va, Black Magic Woman ou Europa n’a cessé d’innover, de brasser les genres, d’oser les collaborations inattendues. Sa nouvelle tournée devrait réserver son lot de surprises. On reste dans le domaine des icônes musicales avec Robert Plant, l’ancien chanteur de Led Zeppelin qui a multiplié au cours de sa carrière solo les expériences les plus diverses. Avec sa dernière formation, Saving Grace, épaulée par la chanteuse et accordéoniste Suzi Dian, Plant propose compositions originales et reprises piochées dans le répertoire americana pour un cocktail de folk et de blues. Selon les concerts, quelques titres de Led Zep, comme Four Sticks ou Gallows Pole, sont au menu. A découvrir lors de la soirée d’ouverture le 21 juillet à 23 heures.

Carlos Santana © Maryanne Bilham
Standards et hommage à Oscar Peterson
A Marciac, on a la mémoire longue et le 22 juillet, à 23 heures, plus d’une trentaine de musiciens et de chanteurs seront sur scène pour interpréter vingt-cinq compositions incontournables de l’histoire du jazz. Ces standards, désignés par les auditeurs de la radio TSF Jazz, qui fête ses vingt-cinq ans, spécialement arrangés et joués par de nombreux vocalistes et solistes soutenus par The Amazing Keystone Big Band, fourniront une matière exceptionnelle au spectacle baptisé « Marciac Célébration ».
Le 29 juillet, à 21 heures, marquera une autre célébration, en l’occurrence celle du centième anniversaire de la naissance d’Oscar Peterson. Afin d’honorer la mémoire et l’œuvre de l’immense pianiste et compositeur, qui se produisit à quatre reprises au festival, Sullivan Fortner (piano), John Clayton (contrebasse) et Jeff Hamilton (batterie) uniront leurs talents.

Sullivan Fortner © X/DR
Divas et crooners
Pas de festival de Marciac sans les grandes voix indissociablement liée au jazz. Fidèle du rendez-vous gersois, Dee Dee Bridgewater présentera son nouveau spectacle le 1er août à 23 heures à la tête d’un quartet entièrement féminin tandis que Rhoda Scott, le 1er août à 21 heures, montera sur scène en compagnie de trois musiciennes (dont la saxophoniste Sophie Alour qui ouvre le festival le 21 juillet à 21 heures) et de trois chanteurs. Dans la nouvelle génération, on ne ratera pas les chanteuses Veronica Swift (26 juillet à 21 heures) et Adi Oasis (30 juillet à 21 heures) qui apportera sa touche de soul et de funk.
Si Gregory Porter s’est imposé ces dernières années comme le brillant crooner jazz aux performances scéniques soyeuses (à vérifier le 6 juillet à 23 heures), Tyreek McDole, âgé de 24 ans, pourrait bien être l’un de ses dignes héritiers et il se produira le 24 juillet à 21 heures.

Dee Dee Bridgewater © Kimberly M. Wang
Brasil !
De Gilberto Gil à Milton Nascimento en passant par Caetano Veloso ou Ed Motta, Jazz in Marciac a fait la part belle aux grands artistes brésiliens et le Brésil est particulièrement mis à l’honneur lors de cette édition 2025 avec une série de spectacles. Ainsi, le groupe de samba Casuarina donnera deux concerts gratuits dans le cadre du festival bis (les 23 et 27 juillet à 21 heures) et le quartet du flûtiste Andrea Ernest Dias invitera le public à voyager dans le répertoire des éminents compositeurs brésiliens le 23 juillet à 23 heures (concert gratuit au festival bis en partenariat avec le MIMO festival).
Ce même partenariat se concrétisera par cinq autres concerts : le groupe Carlos Malta & Pife Muderno le 27 juillet à 23 heures (concert gratuit), le trio d’Hamilton de Holanda le 6 août à 21 heures, Egberto Gismonti le 6 août à 23 heures, le trio d’Amaro Freitas le 7 août à 21 heures et Hermeto Pascoal le même jour à 23 heures. Comme Gismonti, Pascoal appartient aux glorieux noms de la musique brésilienne et la performance du multi-instrumentiste et de son groupe sera l’une des attractions de JIM 2025.

Andrea Ernest Dias © Ana Branco
Jazz et musiques du monde
Le trompettiste Wynton Marsalis, figure tutélaire et « parrain » du festival, sera présent le 28 juillet à 23 heures succédant sur scène au jeune pianiste Christian Sands, valeur montante du jazz actuel. On ne présente plus Joshua Redman, maître du saxophone, et le concert avec son quartet le 5 août à 23 heures donnera sans nul doute une place de choix au tout nouvel album, Worlds Fall Short, du maestro. Avant cela, le public aura pu assister à 21 heures à la prestation d’un autre saxophoniste, mais d’une inspiration différente : Stefano du Battista. En effet, l’Italien rend hommage avec « La Dolce Vita » à d’illustres chanteurs et compositeurs de son pays tels que Paolo Conte, Lucio Dalla, Andrea Bocelli ou Nino Rota.
Pour sa part, Roberto Fonseca saluera, le 30 juillet à 23 heures, la mémoire d’Ibrahim Ferrer avec lequel le pianiste cubain s’était produit à Marciac peu avant la disparition du chanteur. Sans surprise, le concert sera marqué par le sceau de l’iconique formation Buena Vista Social Club dont les deux hommes furent des membres marquants. Dans les ponts jetés entre les musiques venues de différents horizons, Salif Keita a été avec Youssou N’Dour ou Mory Kanté l’un des artistes africains les plus importants de son époque. Le chanteur malien livrera un concert acoustique, le 31 juillet à 21 heures, inspiré de son récent album So Kono.

Wynton Marsalis © Frank Stewart
Et pour quelques concerts de plus
Habitué de Marciac, Ben Harper incarne à la perfection l’esprit « fusion » du festival et son passage, le 24 juillet à 23 heures, permettra de déguster son cocktail bigarré où pop, rock, soul, blues, gospel, reggae, folk ou reggae se mêlent allègrement. Voix incontournable du jazz, Madeleine Peyroux a fait son retour discographique en 2024 avec l’excellent album Let’s Walk, composé de ballades et de titres passant du gospel aux influences caribéennes avec aussi un détour par la chanson française. A noter que l’Américaine sera notamment accompagnée, le 22 juillet à 21 heures, par l’excellent guitariste Jon Herington.

Madeleine Peyroux © Ebru Yildiz
Enfin, parmi les surprises que réserve cette édition 2025, il faut mentionner, le 2 août à 21 heures, la présence du DJ et producteur français Dabeull dont les albums, comme le récent Analog Love, sont de flamboyantes célébrations du funk des années 1970 et 1980 avec des touches de disco et d’électro. Vocoders, synthés analogiques, basses puissantes, vocalistes aériennes se mettent au service d’un voyage dans le temps aussi jubilatoire que régressif. Au cœur de l’été, Dabeull et sa formation risquent bien de transformer le chapiteau en piste de danse. Bons concerts à consommer sans modération…