Chaque mercredi, on rend hommage à un grand classique du cinéma. A voir ou à revoir.
Le Syndicat du crime de John Woo
Flashback : années 1990, le public international (notamment français) découvre avec quelque temps de retard des films de gangsters venus de Hong Kong, produits et réalisés par une génération de cinéastes nommés Tsui Hark, John Woo ou Ringo Lam. Le Syndicat du crime, sorti en 1986 en Asie, marque l’acte de naissance du genre « heroic bloodshed » (carnage héroïque) dont Woo sera le plus célèbre représentant avant d’exporter ses talents, comme nombre de réalisateurs de Chine ou de Hong Kong, à Hollywood où il signera notamment Volte / Face avec John Travolta et Nicolas Cage ou Mission : Impossible 2 avant de retrouver sa Chine natale. Transposant les codes et les références du Wu Xia Pian (film de sabre) dans l’univers du film noir contemporain, John Woo met ici en scène deux amis et truands de la mafia hongkongaise dont l’un d’eux a un jeune frère policier.
Sens de l’honneur, fidélité, trahison, vengeance, rédemption : entre la tragédie antique et le mélodrame familial, Le Syndicat du crime déploie des thèmes très anciens en les recouvrant d’un vernis moderne. Marqué par Jean-Pierre Melville, Sam Peckinpah ou William Friedkin, Woo fait habilement fusionner des inspirations extrêmement variées au cœur même de réalités hongkongaises.
Toute une époque
Surtout, le cinéaste créé son style : fusillades chorégraphiées comme des ballets, déluge d’hémoglobine, envolées romantico-lyriques, ralentis à foison… Les comédiens – ici Ti Lung, Leslie Cheung et Chow Yun-fat (l’acteur fétiche de Woo) – alternent entre présences spectrales et emphase. Difficile d’imaginer aujourd’hui l’impact qu’eurent les films de John Woo (suivront entre autres Le Syndicat du crime 2, The Killer, Une balle dans la tête, A toute épreuve) sur toute une génération de cinéphiles et de cinéastes parmi lesquels Quentin Tarantino ou les frères (devenus sœurs) Wachowski découvrant un cinéma alors méconnu, voire inconnu.
Néanmoins, tout cela a mal vieilli. Le Syndicat du crime, par ses effets superfétatoires et son esthétique kitsch, ressemble à une série B aux allures de vidéo-clip des années 1980. Reste le témoignage d’une époque et d’une mode.
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