Partir un jour un film de Amélie Bonnin
Présenté en ouverture et hors compétition au Festival de Cannes 2025, le premier long de la réalisatrice Amélie Bonnin est une plongée forcément nostalgique dans les amours abandonnées.

Bastien Bouillon (Raphaël) et Juliette Armanet (Cécile) – Crédit : Topshot Films
Cécile va ouvrir son restaurant gastronomique à Paris avec son ami Sofiane, cuisinier également. La date fatidique et attendue arrive en même temps qu’une mauvaise nouvelle. Son père, Gérard, qui tient un Relais routier avec sa mère Fanfan, vient d’avoir un énième infarctus. Cécile quitte tout et se précipite aider ses parents. C’est là qu’elle va retrouver Raphaël, un ami de jeunesse dont les sentiments l’un vers l’autre n’ont finalement jamais étaient clairement exposés. Lui est à présent marié et papa d’un adorable bambin. Mais certains souvenirs sont apparemment pour nos deux trentenaires difficiles à effacer. Alors que Sofiane s’invite dans le débat en venant à l’improviste aider à la cuisine du Relais routier, une nouvelle semi-dramatique vient compliquer cette Carte du Tendre décidément bien tortueuse.
Allez, ne tournons pas autour du pot, le scénario n’a rien de très original. Son traitement l’est bien plus. Grâce à un casting de haute volée, Amélie Bonnin fait de ce film qui pourrait ressembler à une comédie musicale un vrai film… musical. Pourquoi l’un et pas l’autre ? En fait la réalisatrice va puiser dans tout un répertoire qui convoque Michel Delpech, Claude Nougaro, Dalida, Céline Dion, etc., répertoire qu’elle fait chanter par les acteurs eux-mêmes, pour illustrer musicalement certains moments clés du scénario. Et c’est plutôt réussi. Un exemple ? Dominique Blanc chantant Paroles, Paroles de Dalida alors qu’elle est assise au volant d’un magnifique camping-car tout neuf qui n’aura jamais démarré car la vie de restaurateur dans un Relais routier ne le permet simplement pas. Ce film tient donc surtout par ses interprètes, depuis François Rollin (Gérard) et Dominique Blanc (Fanfan incroyable de justesse de ton et d’émotion – l’école de la Comédie française, quand même…), en passant par l’impeccable Sofiane de Tewfik Jallab, tout sonne miraculeusement juste, jusqu’au duo en tête d’affiche : Juliette Armanet (Cécile) et le charismatique Raphaël de Bastien Bouillon, un acteur dont le moindre regard ou le moindre sourire portent ici les stigmates d’un regret éternel et …d’un formidable talent.
Ce premier long, sans révolutionner le cinéma, est plein d’énergie et de promesses à venir.