Le jury du 78e Festival de Cannes, présidé par Juliette Binoche, a décerné la Palme d’Or à l’Iranien Jafar Panahi pour « Un simple accident ». Le Grand prix, 2erécompense par ordre d’importance, va à « Valeur sentimentale », de Joachim Trier. Deux inconnus obtiennent les prix d’interprétation : Nadia Melliti et Wagner Moura.
On imagine à quel point il a dû être difficile pour le jury du Festival de Cannes d’établir le palmarès le plus juste tant la sélection 2025 était décevante, alignant beaucoup de films moyens voire carrément mauvais. Il y a des exceptions, bien sûr, et « Un simple accident », de Jafar Panahi, en fait partie, et pas seulement pour des raisons géopolitiques. Tournée dans la clandestinité par un réalisateur très surveillé par la censure iranienne, cette œuvre percutante, qui a fait l’unanimité chez les critiques, raconte la confrontation entre d’anciens détenus et ceux qui ont été leurs tortionnaires. Assigné à résidence depuis 15 ans, Jafar Panahi a pu quitter son pays pour venir sur la Croisette et recevoir son prix, dont la portée est évidemment très importante pour tous ceux qui luttent contre les régimes totalitaires. Cette Palme doit aussi être chère au cœur de Juliette Binoche, présidente du jury 2025, elle qui avait obtenu un prix d’interprétation à Cannes en 2010 pour « Copie conforme », d’Abbas Kiarostami…qui fut le mentor de Jafar Panahi.

« Un simple accident » sortira le 10 septembre au cinéma.
Le Grand Prix, deuxième récompense la plus importante dans la hiérarchie cannoise, a été attribué à « Valeur sentimentale », du Norvégien Joachim Trier. Là aussi, cette histoire d’une comédienne retrouvant son père metteur en scène après des années de brouille, a bénéficié d’un excellent accueil critique.
On peut se féliciter du Prix du jury décerné à « Sound of falling », de l’Allemande Mascha Schilinski, tant cette évocation de la vie d’une ferme et de ses habitants sur plus d’un siècle est puissante et originale, sur le plan de la mise en scène et du travail sur le son – essentiel à l’immersion du spectateur. Partageant ce Prix du jury ex-aequo, « Sirât », de l’Espagnol Oliver Laxe a partagé les spectateurs cannois, quelque peu assommés par la musique techno au cœur du récit sur les raves organisées dans le désert marocain.
Inoxydables Dardenne
« L’agent secret », du Brésilien Kleber Mendonça Filho, narre, de façon complexe, la fuite d’un opposant au régime durant la dictature militaire. Là encore, avis très partagés, mais à la clé deux prix : interprétation masculine pour Wagner Moura et mise en scène. L’actrice qui décroche la timbale cette année est une inconnue, Nadia Melliti, dont tout le monde s’accorde à dire qu’elle est renversante en fille des banlieues découvrant l’amour homosexuel dans « La petite dernière », film d’Hafsia Herzi qui, lui, n’a pas recueilli que des éloges. On terminera avec un Prix du scénario qui paraît superflu, celui accordé aux frères Dardenne pour « Jeunes mères ». On imaginait qu’avec deux Palmes d’Or et un Prix du scénario déjà à leur actif, les deux Belges repartiraient bredouilles, laissant la place à de plus jeunes réalisateurs. A moins que, comme indiqué en préambule, le reste de la sélection ne faisait vraiment pas le poids…
« Un simple accident » sortira le 10 septembre, « Valeur sentimentale » le 20 août. Ils sont proposés en avant-première dimanche 25 mai à, respectivement 16h30 et 21h15, au Pathé Wilson, à Toulouse.