Samedi 24 mai, la troisième ville de France célèbre le neuvième art. Les amateurs de bulles, de planches colorées et d’odeurs de livres neufs, pourront se retrouver à La Passerelle Negreneys, de 14h à 22h, pour la toute première édition du festival de BD Case Pastel. Le rendez-vous gratuit entend bien s’inscrire dans le paysage et devenir pérenne. Les deux jeunes éditeurs toulousains à l’organisation nous présentent leur ambitieux projet.

Clovis Salvat (à gauche) et Octave Ly (à droite), sont les initiateurs du festival BD Case Pastel, à Toulouse.
Case Pastel est un travail à deux mains. Pouvez-vous nous dire un petit mot sur qui vous êtes et présenter vos structures respectives ?
Je me présente, Clovis Salvat, éditeur chez ”Doryphores Éditions” à Toulouse. Nous avons deux collections. La première, Ancre, propose des recueils d’histoires courtes avec une dizaine d’artistes souvent toulousains. La deuxième, Stein présente trois histoires longues d’une quinzaine de pages environ avec des artistes majoritairement toulousains. Même si nous élargissons nos horizons parfois.
Je m’appelle Octave Ly, de la maison d’édition Toulouso-bruxelloise “Du noir sous les ongles”. Nous travaillons surtout avec des gens du sud-ouest et de Belgique venant de la micro-édition et du milieu des fanzines. Nous cherchons à garder l’esthétique et l’esprit de ces environnements-là, plutôt undergrounds, tout en aidant à leur diffusion.
Qu’est-ce qui a amené à la création d’un festival BD ?
Toulouse est une ville de bande dessinée, et il manquait un rendez-vous. Nos deux maisons d’éditions se sont demandées comment créer un festival BD qui leur ressemble et qui rassemble la scène toulousaine. Cela permet de mettre en lumière l’écosystème local, les auteurs, les collectifs d’artistes, les imprimeurs, les éditeurs, les libraires…
Que pensez-vous de la scène toulousaine ?
La ville rose compte de nombreux acteurs du monde de la bande dessinée aussi bien éditeurs, auteurs et libraires et nous souhaitons mettre en valeur ce tissu créatif local : des éditeurs, des libraires comme le chameau sauvage et les collectifs d’artistes comme Salade Suprême et le Print Club par exemple.
C’est un vivier super fertile. Il y a beaucoup d’illustrateurs et de dessinateurs, mais ce sont des bulles très séparées qui ont souvent un peu de mal à se coordonner par absence de volonté locale et institutionnelle. Alors les gens partent à Montpellier et à Bordeaux, quand ils ne restent pas dans leur coin. Nous voulons les rassembler.
Le collectif Salade Suprême était derrière le tiers-lieu éphémère « Chez Babayaga »
Comment le festival s’organisera ?
Nous sommes associés à La Passerelle Negreneys, qui est une institution culturelle. Le rendez-vous prendra la forme d’un salon avec plein de petits stands accueillant une quinzaine d’exposants, dans la salle de concert, sur le parvis et dans la partie bar. Le soir, après le salon de BD un peu institutionnel, DJ Poypoy amènera un peu de festivité. C’est, lui aussi, un habitué de la scène toulousaine, il passe souvent sur Radio FMR et Booster. Voilà pour cette édition. L’objectif est de créer un rendez-vous récurrent chaque année pour l’inscrire dans le paysage toulousain. Nous aimerions qu’il devienne une institution.

La Passerelle Negreney, à Toulouse, accueillera le festival Case Pastel.
Comment allez-vous concurrencer des festivals plus implantés comme BD Colomiers ?
Nous ne jouons pas sur les mêmes registres. Alors, pas question de concurrence, mais plutôt de cohabitation ! Plus il y a d’action culturelle, mieux c’est. En soi, nous avons choisi de commencer petit pour avoir une base stable et pérenne. Peu importe la situation économique, on sera en mesure de refaire une seconde édition. Finalement, nous avons un mantra éditorial très “on n’a pas de pétrole, mais pas des idées” et on l’applique à l’événementiel. Et puis… On trouvait qu’il n’y avait pas de place pour nous, alors on l’a créé !
Quels sont les invités phares ?
En tête d’affiche, nous avons les éditions Misma, elles ont été primées à Angoulême. Il y aura également l’atelier Barbastella, qui a illustré le Grind House Festival, ainsi que Xiro et Alligataure du Print Club, un collectif d’artistes et atelier de sérigraphie aux Minimes.
Bien sûr, il n’y a pas qu’eux. Nombre de gens très talentueux répondent à l’appel, comme Anaëlle Alba, la Félicie ou Ivan Narfez. Ce dernier est un artiste toulousain œuvrant sur le projet “Anhuman”, un ambitieux manga français qui sortira dans quelques mois.
Seront également présents : Frederic Medrano, Théo Kreicher, Laurent Zanotti, Stephane Bouillet, GreenMonkeyBird, Romain Perrin et Louis Rodrigues.

Un stand BD tenu par les fondateurs de Case Pastel. De gauche à droite : Octave Ly, Louis Rodrigues et Ivan Narfez.
Comment est née votre collaboration à vous deux ?
Nous nous étions rencontrés à Toulouse, il y a longtemps, avant de prendre des chemins différents, pour finalement se recroiser à Angoulême. L’un avait un stand au festival de la BD, l’autre venait pour un rendez-vous avec une maison d’édition. Finalement, l’idée d’un festival toulousain est née autour d’une pinte à la Souris Verte, un bar emblématique où tous les pros se réunissent.
D’où viennent le nom du festival et l’affiche ?
Le nom qu’on a choisi vient du passé toulousain. Cela nous semblait de rigueur de garder ce code graphique que représentent la couleur du pastel et de créer un univers autour de ça. Le dessin représente littéralement une baraque qui fait lieu de case de BD. C’est Octave qui l’a créé!
Des prochains projets, un mot de la fin ?
Nous venons de sortir un album : “Les Inséparables”. Il raconte trois histoires courtes parlant de relations passionnelles, dans une vibe Lynchéenne, avec des récits un peu gores, mais mignons. L’autrice sera sûrement en dédicace. Venez découvrir !