Du jeudi 3 au dimanche 6 juillet 2025, Garorock enflamme la Plaine de la Filhole à Marmande dans le Lot-et-Garonne avec 80 artistes qui vont y performer, dont Molécule, pionnier de l’électro nomade. Invité sur la nouvelle scène techno à 360° CTRL+B, ce producteur grenoblois promet un live immersif, porté par ses sonorités à la fois fines et brutes. Pour Culture 31, il partage sa vision de la fête et de son art.

Molécule, l’artiste électro nomade va performer sur la scène CTRL+B le dimanche 6 juillet 2025 à Garorock, à la Plaine de FIlhole à Marmande © The Absolut Company / Création
Comment la scène techno CTRL+B, ouverte dès midi, influence-t-elle ton approche du live, le dimanche 6 juillet ?
Molécule (de son vrai patronyme : Romain De La Haye-Serafini) : Je n’ai pas d’infos sur cette scène. Par contre, j’adore jouer au milieu du public. C’est là qu’on reçoit le plus d’énergie. Nous sommes mélangés tous ensemble, et les artistes donnent encore plus en retour. J’ai déjà joué à Garorock, c’est un moment que j’attends avec impatience. C’est plus difficile d’être coupé du public. Là, on revient à l’esprit rave où chacun fait la fête.
Quels sons ou éléments de la Plaine de la Filhole pourraient inspirer ton set ?
Molécule : Je ne connais cette plaine que pendant le festival, elle fourmille de festivaliers, du son de partout, avec la grande roue et les scènes. C’est un son cacophonique, il faudrait que je la découvre hors saison. Quand on arrive par le backstage, on passe par une petite forêt avant d’atteindre le site. Le lieu offre une biodiversité très riche. J’imagine les oiseaux, l’orage… Ça doit être très beau sur la plaine.
« J’aime me situer au croisement de la technologie, de l’aventure et de l’artistique » – Molécule
Intégreras-tu des enregistrements de terrain (field recordings) dans ta performance à Garorock ?
Molécule : Je travaille actuellement sur un nouveau live set, c’est ma signature. L’idée est d’amener le public dans les explorations que j’ai pu faire (notamment au Groenland ou sur les vagues du Portugal, ndlr). Il y aura des layers de sons (superpositions d’éléments musicaux pour créer une harmonie de sons, nldr). Je travaille aussi avec des logiciels d’intelligence artificielle (IA) pour transformer ces sons. L’IA ne sert pas seulement à générer des choses exogènes, mais devient un outil d’apprentissage et de transformation. En ce moment, je collabore avec l’IRCAM (Institut de recherche et coordination acoustique/musique à Paris) pour bâtir des modèles IA liés à mon setup de machines électroniques. L’IA permet ici de créer des sons nouveaux, plus synthétiques, d’explorer l’espace latent.

Les festivaliers de Garorock, regards figés sur la scène de Garorock © Jacob Chetrit
Comptes-tu mettre en valeur tes visuels immersifs dans la scène CTRL+B à 360° ?
Molécule : Je n’aurai pas de visuel sur cette performance. C’est une scène brute. En tournée, on monte un show qu’on joue plus ou moins longtemps. Ce n’est pas une création spécifique.
« À Marmande, le public est chaud » – Molécule, au sujet les festivaliers de Garorock
Qu’est-ce qui rend vos clips, comme ceux de -22.7°C tourné au Groenland, si liés à vos expéditions ?
Molécule : L’idée, c’est de donner des clés de compréhension du contexte de création. Artistiquement, j’aime proposer des transformations d’images, des distorsions psychédéliques, un voyage transcendantal avec une conscience modifiée. Ces états particuliers, je les partage avec le public par le son spatialisé et des visuels immersifs. J’aime me situer au croisement de la technologie, de l’aventure et de l’artistique. C’est ce qui fait ma singularité et m’excite dans mes projets.
À quelle intensité votre expérience au Vendée Globe a-t-elle façonné vos live actuels ?
Molécule : Aucune. C’était un projet atypique de film sur un bateau. On a tourné la caméra autour du monde. Avec Vincent Bonnemazou, j’ai réalisé le film qui est un side project (projet à part, nldr). J’aime la collaboration et les rencontres, et ce projet s’est bâti comme ça. Dans le monde électronique, on produit souvent seul, de longues heures durant en studio. J’aime me créer des aventures collectives, avec les surfeurs dans Nazaré. J’aime me mettre des défis, j’aime injecter de la nouveauté : dans les outils que j’utilise, les destinations, les lieux, les sujets. Je ne suis pas prêt à m’arrêter.
Quelle trace voulez-vous laisser auprès des festivaliers de Garorock 2025 ?
Molécule : J’espère qu’on va transpirer tous ensemble, créer des moments de communion. À Marmande, le public est chaud. Pour moi, c’est une date importante de la tournée. Je suis impatient et excité de présenter cette nouvelle performance.
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