Chaque mercredi, on rend hommage à un grand classique du cinéma. A voir ou à revoir.
Rashômon d’Akira Kurosawa
La très riche filmographie du cinéaste japonais comporte un nombre assez impressionnant de longs métrages devenus des classiques (Vivre, Les Sept Samouraïs, Le Château de l’araignée, La Forteresse cachée, Dodes’kaden, Dersou Ouzala, Kagemusha…), mais Rashômon, sorti en 1950 et couronné par le Lion d’or à Venise un an plus tard ainsi que par l’Oscar du meilleur film étranger, fut son premier chef-d’œuvre et contribua à la découverte du cinéma japonais en Occident, ouvrant ainsi la voie à d’autres artistes majeurs dont Mizoguchi et Ozu.
Dans le Japon de la fin du XXème siècle, trois hommes – un bûcheron, un moine et un passant – s’abritent de pluies diluviennes sous une porte délabrée et vont évoquer la mort d’un samouraï après que son épouse a été violée par un brigand. Lors du procès, quatre acteurs ou témoins du drame (le brigand, la femme violée, le bûcheron et le moine) ont livré chacun une version totalement contradictoire de celles des autres. Quant au samouraï assassiné, il apportera encore une autre version par l’intervention d’un médium…
Vérité et mensonge
Si Kurosawa n’a pas inventé la structure narrative déroulée dans le film (différents témoignages d’un même événement exposés via des flashbacks, un procédé déjà utilisé en littérature), il en a livré une version cinématographique qui sera maintes fois copiée. Le réalisateur sème des indices, joue avec des fausses pistes, invite le spectateur à reconstituer le puzzle et à mener une manière d’enquête. Pour autant, l’originalité de la narration ne doit pas effacer la qualité de la mise en scène qui – par le montage, les cadrages, la beauté de certains (notamment sur la nature), les jeux entre les ombres et les lumières – confère à Rashômon son aura particulière tandis que l’esthétique épouse le propos sur l’ambivalence de la nature humaine.
Evidemment, il n’est pas interdit de voir dans ce film sur la vérité et le mensonge, sur la réalité et la fiction, sur l’art du récit et la façon dont on raconte une histoire, une représentation même du cinéma.
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