Du mardi 29 avril au dimanche 4 mai 2025, l’Espace Lauragais à Saint-Orens-de-Gameville ouvre ses portes à Joan Miró pour l’exposition « La révolution en couleurs ». Elle est portée par l’association Les Amis de 349 Gallery. Lithographies, gravures colorées et rêves catalans promettent un voyage accessible dans l’œuvre de Joan Miró.
L’association Les Amis de 349 Gallery et Joan Miró
L’exposition « Collections Privées Joan Miró, la révolution en couleurs », dans son intitulé complet, prend place à l’Espace Lauragais de Saint-Orens de Gameville. Orchestrée par l’association Les Amis de 349 Gallery (dont son président est Laurent Deshais), celle-ci regroupe une centaine d’œuvres sortant des collections privées de collectionneurs. Des lithographies, sérigraphies, gravures, affiches d’époque, archives, vidéos révèlent l’artiste surréaliste espagnol. Aucune pièce présentée n’est à vendre. Tout est prêté par des amateurs éclairés, membres de l’association. Frédéric Pinson-Meilhac, passionné d’art et collectionneur, que Culture 31 a pu interviewer (voir ci-dessous), assure le commissariat d’exposition.

« España », oeuvre de Joan Miró
Joan Miró, né en 1893 à Barcelone, a secoué l’art du XXe siècle. Ce Catalan a grandi dans le dessin, abandonnant un job de commis de magasin pour les études artistiques. À Paris, il croise Picasso et flirte avec le surréalisme sans s’y enfermer. Ses rouges, bleus, jaunes éclatent dans des formes libres : oiseaux, étoiles, femmes ; sous toutes les formes : peinture, céramique, sculptures. Exilé sous Franco, il rêve en couleurs depuis Majorque jusqu’à sa mort en 1983, à l’âge de 90 ans.
Miró fait vibrer Saint-Orens
À Saint-Orens, l’Espace Lauragais met en lumière cette liberté. Les Constellations, séries de petites toiles peintes après la guerre civile espagnole, à la Seconde Guerre Mondiale, suspendent le temps en vive poésie. Des panneaux pédagogiques guident les novices comme les connaisseurs, dans la compréhension de l’art de Miró, de l’art tout court. En effet, des artistes contemporains exposent aussi sur leurs stands, mêlant leurs visions à celle de Miró, tout en profitant de l’appui de l’œuvre de ce dernier. L’entrée à 8 € (gratuite pour les moins de 18 ans) rend l’art accessible : chose très importante pour l’association des Amis de 349 Gallery. Par ailleurs, une tombola, organisée par l’association lors de cet événement, permettra au gagnant ou à la gagnante de gagner un tirage de l’affiche de l’exposition en série limitée, numérotée sur papier texturé.

Joan Miro, exposé à l’Espace Lauragais de Saint-Orens de Gameville du 29 avril au 4 mai 2025
Les Amis de 349 Gallery, nés à Beauzelle il y a une quinzaine d’années, veulent faire pénétrer l’essence artistique à tous les publics. Après l’exposition Pierre Soulages en 2024, ils passent du noir coloré multiple et profond aux couleurs vives et explosives. L’Espace Lauragais, lieu intime, invite les Toulousains à vibrer et à leur donner envie de prolonger l’expérience à la Fondation Miró à Barcelone. Un événement à ne pas rater.
Informations pratiques
Espace Lauragais, Rue des Sports, 31650 Saint-Orens-de-Gameville
Du mardi 29 avril au dimanche 4 mai 2025
- Mardi 29 avril, mercredi 30 avril, jeudi 1er mai, samedi 3 mai : 10h/19h
- Vendredi 2 mai : 10h/21h
- Dimanche 4 mai : 10h-18h
Dates clés
- Vendredi 2 mai à 18h30 : Vernissage de l’exposition « Collections Privées Joan Miró, la révolution en couleurs»
- Samedi 3 mai à 15h : Vidéo et conférence
- Samedi 4 mai 11h/12h : Session musicale
Entrée
- Gratuite pour les moins de 18 ans
- Entrée + ticket tombola (compris) : 8 €
- Catalogue + ticket tombola : 6 €
- Ticket tombola supplémentaire : 2 €
À ne surtout pas manquer. L’exposition « Collections Privées Joan Miró, la révolution en couleurs » à l’Espace Lauragais de Saint-Orens de Gameville. Les effluves émanant de l’artiste espagnol, au-delà du surréalisme, témoignent de l’intemporalité de ses oeuvres. Celui qui a gardé son âme d’enfant sait faire parler à tous son art rassembleur.
Associé aux Amis de la 349 Gallery, organisateurs de l’exposition, Frédéric Pinson-Meilhac, commissaire de l’exposition et collectionneur d’art, a pu s’entretenir avec Culture 31.
Comment l’exposition traduit-elle la révolte colorée de Miró et son écho en Occitanie ?
Frédéric Pinson-Meilhac : Miró, c’est un artiste sans complexe, qui a gardé son regard d’enfant toute sa vie. Dès les années 1920, il jaillit dans le surréalisme avec une spontanéité intacte. Il défie les codes, comme ces gamins qui gribouillent fièrement des couleurs vives dans des œuvres montrées à leurs parents – ça parle à tout le monde. Sa série des Constellations incarne la vie en suspens, en imaginaire. Sa vision artistique touche à l’indépendance de sa région natale : la Catalogne. En Occitanie comme en Catalogne, on comprend cette envie d’exister par sa culture, ses valeurs, lesquelles on veut faire vivre librement, sans se couper des voisins desquels nous ne sommes pas si éloignés que cela. Miró ne rassure pas tel que la culture actuelle essaie de le faire par des petites cases dans lesquelles chacun vit. Il rassemble. On montre un élan intemporel qui résonne localement.
Quel défi technique avez-vous relevé pour mettre en scène ses œuvres variées ?
Frédéric Pinson-Meilhac : On travaille avec une douzaine de collectionneurs passionnés, et non pas des opportunistes. Ils prêtent des pièces rares qui peuvent être cotées jusqu’à 30 000 €, manipulées avec soin. Le parcours pédagogique aide les visiteurs à se dire « on va voir la fondation Miró à Barcelone », pour saisir la complexité de l’artiste sans trop simplifier non plus. Comme pour l’exposition de Pierre Soulages l’an dernier, on souhaite faire prolonger l’expérience au public. Soulages fait jaillir la lumière multiple du noir ; Miró, lui, éclate les couleurs pour les rendre encore plus belles.

À l’Espace Lauragais, Joan Miró est exposé du 29 avril au 4 mai 2025
Quel public peut être touché par les œuvres exposées ?
Frédéric Pinson-Meilhac : La spontanéité du génie espagnol va attirer les jeunes et les moins jeunes. Les moins sachants pourront se dire « c’est n’importe quoi, mais c’est agréable », les experts admirent son processus bien pensé et établi dans la mise en valeur des couleurs chromes. On veut sortir des définitions toutes faites de l’expression artistique. Les Amis de 349 Gallery, avec Laurent Deshais (président de cette association, ndlr), misent sur cette désinvolture digne des enfants depuis des années. Matisse a conservé son âme d’enfant, David Hockney aussi. En peignant, on n’a pas d’âge. Ce qui peut être remarquable pour les Toulousains, c’est que Miró embrasse la possibilité de tout.
Quelle œuvre vous a bluffé, et comment cette exposition exprime l’ambition fédératrice des Amis de la 349 Gallery ?
Frédéric Pinson-Meilhac : Les Constellations, comme je le disais, m’ont scotché. Comme tout maître de l’art, Joan Miró, c’est un questionnement à part entière. Ces pièces ne datent pas, elles parlent à tous. Les collectionneurs les chérissent et acceptent de les exposer. Organiser cela prend un an et demi. Nous avons recensé les pièces de nos connaissances collectionneuses, trouvé un thème cohérent comme « la révolution en couleurs » (sous-titre de l’exposition, ndlr). Je suis un observateur, et non pas un investisseur. À Saint-Orens, on partage une passion de l’art qui unit, surtout dans le monde divisé d’aujourd’hui.