CRITIQUE, concert, TOULOUSE. Halle-aux-grains, le 10 avril 2025. SOHY Danse sacrée/BEETHOVEN cto pour piano n° 1/DVORAK symphonie n°8. Orchestre national du Capitole. Martha Argerich, piano. Renaud Capuçon, direction.
Martha Argerich éternellement jeune
La venue de la divine Martha Argerich à Toulouse fait à nouveau salle comble. C’est une Halle-aux-Grains pleine à craquer et survoltée qui dès l’entrée en scène de la pianiste lui fait une généreuse ovation. Le premier concerto de piano de Beethoven est un de ceux qu’elle aime passionnément. Plusieurs enregistrements en témoignent. Ce soir les retrouvailles avec l’orchestre du Capitole nous replongent dans les années 1970 pour retrouver un tel bonheur, c’était sous la direction de Michel Plasson. Le jeu de Martha Argerich reste d’un élégance et d’une délicatesse infinie. La passion qui l’anime dès qu’elle joue semble défier le temps. Ses doigts sont si alertes qu’ils semblent voler. Son jeu perlé est un enchantement. La puissance de ses phrasés est d’un jeune Beethoven flamboyant. Bien évidemment le mouvement lent lui permet un chant infini absolument magique. Le dialogue avec les musiciens de l’orchestre est un enchantement. Le final lui permet cette virtuosité festive et enivrante qui est si caractéristique de son jeu. Le dialogue avec l’orchestre constamment renouvelé permet une avancée toujours jubilatoire. Le succès est total Martha Argerich semble ravie et offre un bis flamboyant dans un tempo d’enfer, extrait de la Fantasiestüke de Schumann. Cette saison le public toulousain, vraiment gâté, aura entendu Martha Argerich musicienne soliste, chambriste en décembre 2024. Avec l’orchestre ce soir le panorama est complet. Oui cette musicienne sublime excelle en tout !
La baguette ce soir était confié à Renaud Capuçon. La pièce d’introduction Danse Mystique de Charlotte Sohy nait dans le silence angoissé et termine dans un silence recueilli la partie centrale plus violente permet à l’orchestre de briller. La direction de Renaud Capuçon, un peu raide permet une lecture très en place. Dans le concerto de Beethoven la battue stricte de Renaud Capuçon s’assoupli une fois la soliste rentrée après la longue introduction orchestrale. C’est elle qui anime la partition de sa délicate musicalité et l’orchestre suit.
En deuxième partie nous avons eu une lecture de la huitième symphonie de Dvorak bien en place, énergique et sonore. Le public toulousain très gâté est habitué à des chefs plus charismatiques. Les applaudissements sont polis et le public reste tout imprégné de la poésie du piano de Martha Argerich. Cette artiste offrant toujours généreusement cette passion si vive de la musique qui redonne foi en l’humanité, marque les esprits et réconforte le cœur.
Photos : R. Alcaraz
Hubert Stoecklin
Une vidéo pour retrouver Martha Argerich dans le premier concerto de Beethoven