Critique.Théâtre. TOULOUSE. Théâtredelacité. NEANDERTAL, texte et mise en scène de David Geselson. Compagnie Lieux-Dits.
Une fiction édifiante de parti pris
David Geselson a écrit ce texte, l’a mis en scène et le joue avec sa compagnie Lieux-Dits. Il nous entraîne dans une fiction scientifique crédible plus solidement construite et sérieusement documentée que Sapiens, l’essai de Yuval Noah Harari paru en 2015. La thèse est la même : Homo Sapiens a supplanté Homo Néandertalensis et cela reste un mystère. Nous partageons ainsi la vie de scientifiques qui comparent l’ADN des deux espèces humaines rivales Sapiens et Néandertalensis. D’autres actions s’interpénètrent avec la vie privée des chercheurs et des questions politiques. C’est parfois un peu confus mais nous retombons sur nos pieds. Le jeu d’acteurs est satisfaisant et crédible sans véritable génie. Chacun semble bien dans son rôle sauf peut-être une confusion entre les deux rôles féminins de chercheuses, rivales en amour. La comédienne-chanteuse Marina Keltchwsky ayant elle un véritable charisme. Bon an, mal an, les chercheurs amassent du matériel génétique et arrivent à une conclusion un peu trop préparée. Au passage de beaux moments de théâtre nous auront réjouis surtout dans une relation père-fils complexe.
En déplaçant le conflit racial qui a vu l’extinction de Néandertalensis il y a bien longtemps, au moyen orient d’aujourd’hui entre Israël et la Palestine à Gaza,on ne sait qui sera exterminé mais on comprend que le combat est antique et probablement éternel. Cette fin un peu téléphonée et une longueur trop bavarde de la pièce, ne doit pas faire oublier l’excellent travail d’ensemble de la troupe. Une musique très belle, des dessins en direct très poétiques sur des vitres, des décors intelligents, des lumières suggestives créent un univers complexe et beau. La caractérisation névrotique des chercheurs est parfois cocasse rajoutant un humour bienvenu qui dédramatise le propos général.

NEANDERTAL
Texte et mise en scene David Geselson, Scenographie Lisa Navarro Lumiere Jeremie Papin, Video Jeremie Scheidler, Son Loic Le Roux, Musique Jeremie Arcache, Costumes Benjamin Moreau, Assistanat a la mise en scene Aurelien Hamard-Padis, Jade Maignan.
Avec David Geselson, Adeline Guillot, Marina Keltchewsky, Laure Mathis, Elios Noel, Dirk Roofthooft et Jeremie Arcache (violoncelle), Marine Dillard (dessins).
En fin de spectacle David Geselson prend la parole pour porter l’indignation des professionnels et du public devant les coupes budgétaires massives imposées à l’art et aux lieux de mixité sociale culturelle. L’essence même de ce qui a fait la force d’Homo Sapiens est ainsi mise à mal. Car c’est semble-t-il sa capacité à raconter des histoires et les partager qui a fait sa force et pas seulement les armes. Est-il bien raisonnable d’opposer la culture et la création d’un porte avion ? David Geselson a été très convaincant dans sa prise de parole politique comme en une amplification de sa pièce.
Hubert Stoecklin
Pour en savoir plus sur le spectacle.
Photos Simon Gosselin