On ira, un film d’Enya Baroux
Pour son premier long, la jeune réalisatrice Enya Baroux (34 ans) met en scène un projet longuement mûri pas nécessairement grand public : le suicide assisté. Comment évoquer ce sujet sans tomber inexorablement dans une vision, légitimement d’ailleurs, lacrymale ? Réponse : avec une vraie comédie !

Hélène Vincent (Marie) – Crédit : Bonne Pioche Cinéma
Voici donc Marie et ses 80 ans qui ne se passent pas au mieux. La faculté est sans appel : durée de vie limitée. Or Marie est encore quasiment autonome et ses neurones sont parfaitement connectés. Aussi décide-t-elle de choisir le quai de son départ. Ce sera en Suisse, et une maison spécialisée dans la fin de vie assistée. N’arrivant pas à faire part de sa décision à son fils, Bruno, ni à sa petite-fille Anna, l’un étant toujours préoccupé par ses fins de mois et l’autre en pleine crise d’adolescence, Marie va mentir et inventer un mystérieux héritage. Pour le toucher, elle doit se rendre en pays helvète pour signer des papiers. Dans ce trio improbable vient se glisser le tout nouvel assistant de vie de Marie, Rudy. Finalement c’est un quatuor qui va embarquer dans un camping-car hors d’âge pour ce road movie qui va prendre, bien évidemment, l’allure d’un chemin de rédemption.
Ce film est clairement porté par des comédiens superlatifs au premier rang desquels l’éblouissante Hélène Vincent, Marie déterminée, courageuse, exemplaire et intensément lumineuse. Elle n’a pas peur de ce chemin inconnu qui va s’ouvrir devant elle mais elle ne veut plus souffrir et donner, elle le sait, une image terriblement dégradée. Pierre Lottin, que l’on voit avec infiniment de plaisir de plus en plus, est un Rudy grincheux au cœur d’or. Une double composition qui montre bien l’étendue de son talent. David Ayala incarne un Bruno pathétique devant entrer par force dans la vraie vie et s’apercevoir que sa fille Anna (Juliette Gasquet) n’attend que cela pour quitter son adolescence rebelle.
Sur un sujet grave, l’émouvant portrait d’une mamie aux portes de l’éternité.