Flore Mongin et Coline Naujalis publient, Suzanne Valadon, sans concession, aux Editions Seghers. Un roman graphique délicat sur le parcours atypique de l’artiste de Montmartre.

Flore Mongin © Anton Rybaltchenko
Marie-Clémentine est née de père inconnu et vit seule avec sa mère sur les hauteurs de Montmartre. L’enfant aime dessiner. Compulsivement. Des exquises qu’elle trace au charbon sur les trottoirs du quartier pendant que sa mère travaille et, plus tard, sur des tas de feuilles. L’enfant n’a reçu aucun enseignement artistique, mais déborde d’imagination et de talent. Une insouciance qu’elle abandonne afin de travailler et gagner de l’argent. Sauf que Marie-Clémentine – qui se fait désormais appeler Maria – ne souhaite pas de ce destin tout tracé. Elle décide alors de devenir modèle. Un moyen efficace pour gagner quelques sous, mais surtout pour observer la technique des autres peintres. Car Maria n’oublie pas son projet, celui de devenir artiste.
Un désir authentique
Maria croise et pose pour des peintres reconnus tel Toulouse-Lautrec avec qui elle devient très proche. Mais aussi Erik Satie qui tombe à son tour sous son charme. Maria est entière, drôle, puissante, mais elle doute encore de son talent. Toulouse-Lautrec la convinc de montrer son travail et de persister. Maria devient bientôt Suzanne. Suzanne Valadon. Un nom qu’elle tentera coûte que coûte de faire rayonner. Elle exposera quelques-unes de ses toiles. On lui reconnaît du talent, mais elle peine à exister dans un monde réservé aux hommes.
Toute sa vie durant, Suzanne ne cessera de peindre, de s’améliorer, de représenter le monde avec un regard authentique et sincère. Une vie de tristesse quelquefois, notamment à cause de sa dévotion pour son fils Maurice Utrillo et de la difficulté à s’imposer dans un monde patriarcal. Mais l’artiste et la femme n’ont pas dit leur dernier mot et le nom de Suzanne Valadon – quoique révélé bien tardivement – fera le tour du monde.
Flore Mongin et Coline Naujalis contribuent avec ce délicat portrait à faire connaître Suzanne Valadon. Elles retracent sincèrement ce parcours unique et inspirant. Elles interrogent enfin la société d’alors et la place laissée aux femmes. Notamment les femmes artistes. Le résultat est magnifique et sans concession !
Flore Mongin et Coline Naujalis, Suzanne Valadon, sans Concession, Editions Seghers.
Pour aller plus loin…
La maison d’édition Pérégrines publie également un ouvrage sur l’artiste. Simplement intitulé Valadon, ce texte de Clément Dirié étudie le parcours de cette autodidacte qui enchante autant qu’elle interroge. En effet, l’historien et critique d’art revient sur la fascination que suscite Suzanne Valadon. Il la présente comme un pilier de l’art moderne en faisant de son statut de femme autant un atout qu’un frein. Il décrit son style, son approche artistique et sa vision des scènes du quotidien.
Un texte court mais exhaustif pour se familiariser avec l’œuvre de Suzanne Valadon. Et pour, enfin, comprendre l’aura autour de ses peintures.
Clément Dirié, Valadon, Editions Pérégrines.
Le centre Pompidou consacre une rétrospective complète de Suzanne Valadon à découvrir jusqu’au 30 juin.