Maria, un film de Pablo Larrain
Le réalisateur chilien Pablo Larrain, déjà auteur d’un biopic plutôt réussi sur Jackie Kennedy en 2017, nous revient dans ce même genre cinématographique faisant florès en ce moment sur les écrans. Cette fois, il est consacré à la cantatrice Maria Callas (1923-1977).
![Maria](https://blog.culture31.com/wp-content/uploads/2025/02/maria.jpg)
Angelina Jolie (Maria) – Crédit : Pablo Larrain
Au travers d’un montage acrobatique, il nous met en sa présence quelques jours avant la disparition de la diva, à Paris. Elle vit entre Ferruccio, son majordome (Pierfrancesco Favino) et sa gouvernante Bruna (Alba Rohrwacher). Tous deux lui sont voués corps et âmes de longue date. C’est le moment où la cantatrice imagine réaliser un comeback… Nous savons qu’il n’en sera rien. C’est le moment aussi des souvenirs qui refont surface au cours d’un entretien imaginaire avec un jeune journaliste du nom de Mandrax, le nom du médicament qu’elle prend en quantité, un antidépresseur à la mode dans les années 70. Ces flashbacks convoquent les hommes de sa vie : Meneghini bien sûr, mais aussi et surtout Onassis. Le film nous fait assister à un court entretien vipérin, entre deux tasses de thé, qui voit Callas asséner ses quatre vérités à Kennedy, notamment concernant les rapports étroits (?) liant la First Lady à l’armateur grec, collectionneur de jupons.
Tout cela entrecoupé de scènes lyriques parfois surréalistes (le chœur de Butterfly sous la pluie !). Au final il faut bien avouer, qu’à part les fans de LA Callas qui connaissent déjà tout cela par cœur et bien plus encore, on peut être perdu. Callas aimait être admirée. Ce film, qui nous la présente comme despotique et capricieuse, le lui fait même dire. Elle aimait aussi certainement le luxe qui l’entourait. En vérité et pour l’éternité, elle restera celle qui a su redonner dans les années 50 du XXe siècle, toutes ses lettres de noblesse au bel canto, lui restituant ses couleurs, ses dynamiques, ses partitions dans leur immense complexité, et, surtout, un sens dramatique à toutes ses vocalises. La presse people de l’époque est bien sûr passée complétement à côté de la véritable révolution callassienne, occupée qu’elle était des bruits circulant sur le Christina O d’Onassis au milieu duquel trônait Churchill himself. Mais tout cela est une autre histoire, bien sûr. Si ce Maria n’est pas convaincant, ce n’est pas la faute à son interprète principal : Angelina Jolie, dont la voix a été mixée avec celle de l’illustre cantatrice. Le portrait qu’elle en trace est certainement réaliste, celui d’une diva d’une autre époque dont les frasques et les souvenirs vont bientôt s’effacer. Demeurera son legs artistique. Unique. A jamais !
* « J’ai vécu d’art et d’amour… » Début de la prière de Floria Tosca, le rôle-signature de Maria Callas, dans l’opéra éponyme de Giacomo Puccini.
Maria au disque
Détenteur des droits de tous les enregistrements de Maria Callas, Warner Classics sort, à juste titre, un cd incluant l’intégralité des arias justes ébauchées dans la bande-son du film. Indispensable bien sûr !