Pour un Concert de nouvel An, l’exécution de la Neuvième est un choix peu fréquent. Si l’on oublie, pour motiver, qu’elle comporte une certaine Ode à la Joie. Alors, si on peut y retrouver clarté et flamboyance, dynamisme et densité et une profonde humanité explosant dans cette fameuse Ode à la Joie, ce fut le bon choix, comme une vaste méditation aux grandes lueurs d’espérance, d’une grande sobriété et en résultat, un très grand concert méritant de chaleureux applaudissements aussi bien pour la direction que tous les pupitres de l’orchestre, les chœurs et les solistes.
« Joie, divine étincelle, fille aimable de l’Élysée, nous entrons, enivrés de tes feux, céleste génie, dans ton sanctuaire. Tes charmes réunissent ce qu’a séparé le rigoureux usage, tous les hommes deviennent frères là où tu t’arrêtes. »
Sur l’exécution de la Neuvième, il est des références qui s’extasient sur la jeunesse de chefs s’approchant pourtant, de la quarantaine ! Que dire alors de Tarmo Peltokoski du haut de ses même pas encore 25 ans. Quand on ne peut que remarquer que tout ici semble comme couler de source, dès le mystère des premières mesures, parfaitement compris et pesé, et pourtant d’une spontanéité totale, comme si le chef bien jeune était entré d’emblée dans l’univers généreux d’un Beethoven qui ne l’a entendue que dans sa tête. On est comme stupéfait par cette hauteur de vue sur les 70 minutes que durent les quatre mouvements, tout comme cette impression de noblesse impérieuse, le souffle prenant dès les premières mesures de la vision, splendide, pleine de vitalité, respiration et souplesse.
Dès le I, c’est empli d’une vie intense, contrasté mais toujours nuancé avec finesse : notre attention immédiatement captée, sans un passage à vide ou un instant de relâchement. On est comme attrapé au collet. Et ça continue dans le II, tendu et dramatique avec une direction claire, équilibrée, qui se poursuit et ce sera tel que, jusqu’à la fin.
Un III, sans aucun mélodrame, ni sentimentalisme facile tandis que le IV se découvrira grandiose, construit comme un immense crescendo fascinant, avec un enthousiasme communicatif et d’une lumineuse clarté. L’ensemble sait se replier avec ferveur dans les passages de méditation pour mieux éclater par la suite dans le finale enflammé. Sous-jacent, assurément, c’est bien le témoin d’une foi profonde en l’Homme. Le chef nous emporte dans un tourbillon irrésistible dans lequel éclate tout le message beethovénien.
Il faut un orchestre impeccable, puissant, solide, apte à suivre chaque nuance, chaque intention à la perfection. Qu’il soit permis d’adresser des bravos, à commencer pour le timbalier, d’une efficacité redoutable, puis tous les pupitres de vents, superlatifs, énumérons, bassons, clarinettes, flûtes et hautbois ! sans oublier les cuivres, trompettes et trombones et cors et les trois percussions. Ainsi que, si sollicités, les pupitres de cordes au sommet. Les chœurs réunis, au total plus de 75 choristes, galvanisés, sont superbes, scandés, d’une fermeté de roc, mais sans lourdeur. Si on ose émettre un avis, on dira que les solistes se révèlent excellents interprètes, un petit faible pour soprano et basse, amenés progressivement à la fin par le chef, réservés au départ pour traverser les difficultés de la partition et arriver sans encombre sur les dernières mesures.
Détails des forces vives dans l’article-annonce.
Orchestre national du Capitole