Le début d’année 2025 sera à la hauteur des ambitions du nouveau Directeur musical de l’Orchestre national du Capitole de Toulouse, Tarmo Peltokoski. Ce dernier souhaite que les musiciens et le public deviennent “accros“ de la musique de l’un des plus grands compositeurs britanniques du Vingtième siècle. Les débuts, c’est pour le samedi 11 janvier à 20h à la Halle. Cette Symphony n°1 baptisée au départ Sea Symphony est pour orchestre et chœur, celui du chef de chœur José Antonio Sainz Alfaro, l’Orfeón Donostiarra, et deux solistes, la soprano Chen Reiss et le baryton Simon Keenlyside.
“Greater than stars or suns“ IV. The Explorers)
On pourra se plonger dans un condensé de la biographie de Ralph Vaughan Williams, tout en remarquant qu’il vient après des dizaines de compositeurs nés au Royaume-Uni, globalement inconnus, avant 1850, qu’il remarqua encore des nouveaux, autour de lui de sa génération, vers 1850-70 et qu’ils furent encore ! nombreux à lui succéder. Sans oublier les chefs d’orchestre réputés, nombreux à foison. On se contente un peu vite du fameux Les Planètes de son compatriote et ami Gustav Holst. Quant à lui-même, il est dit d’une culture qualifiée d’absolument universelle. Il a composé dans tous les domaines avec un fort penchant pour tout ce qui est la voix, doué d’une ardente connaissance pour l’art des madrigalistes, tout en étant très inspiré par les chansons populaires. On a hâte de retrouver au programme des saisons futures, sa symphonie n° 2 baptisée London, surprenante, et sa n° 4 dite Pastorale : neuf symphonies au total. La création de la n°1 arriva un mois après la n° 8 de Gustav Mahler soit le 12 octobre 1910, le jour de ses trente-huit ans, au Festival de Leeds.
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Actuellement, nos cent vingt dernières années ont vu la composition de plusieurs cycles de symphonies de très grande qualité. Les programmes abondent avec des œuvres “vingtième“ de Chostakovitch, Prokofiev, Rachmaninov, Sibelius, Glazounov, Ives, Enesco mais qui en connaît une seule d’un Villa-Lobos, Martinü, Tournemire, Hindemith, Milhaud, Krenek, Weinberg, Miaskovski, Segerstam, Kancheli, Ropartz et des dizaines d’autres compositeurs ! Ralph Vaughan Williams en aura laissé neuf, neuf symphonies en plus de très nombreuses œuvres dans des domaines très divers, avec une passion particulière pour le chant choral.
On peut souligner que cette Symphonie n° 1 est dite pour chœur, voix soliste de soprano et baryton, le chœur intervenant d’ailleurs dès la première minute et la voix se révélant omniprésente tout au long de l’ouvrage. Un point commun avec la Huitième de Gustav Mahler créée juste un mois avant soit le 12 septembre 1910. Mais quel début de siècle !! On est impatient de découvrir les autres partitions de celui qui est inconnu, disons-le, à ce jour des travées de la Halle. Ce sera grâce à Tarmo Peltokoski qui a l’ambition de faire enregistrer à l’orchestre les neuf symphonies par la maison au disque jaune de toujours la Deutsch Grammophon. Événement.
Pour un coup d’essai, Vaughan Williams réussit un coup de maître avec cette Symphony N° 1 ! un temps baptisée Ocean Symphony. Entre Brahms (son Requiem Allemand) et Mahler (la Symphonie n° 2 Résurrection suivie de la Huitième), et sur sept ans, de 1903 à 1909, il construit ici une œuvre chorale de longue haleine, de plus de 70 minutes, le chœur intervenant dès la première minute, œuvre qui révèle des capacités symphoniques peu banales. C’est pendant cette période qu’il étudie auprès de Maurice Ravel (1907-08). Sur la trame de textes pour le moins panthéistes tirés de Leaves of Grass du poète américain Walt Whitman, évoquant tour à tour la mémoire des navigateurs de tous temps, les mystères insondables de la mer ou l’exploration de nouveaux horizons pour l’humanité souffrante, le compositeur réussit une œuvre à la fois enthousiaste et évocatrice avec un sens de la grande forme quasi infaillible, mêlant chœurs, solistes et intermèdes orchestraux dans un renouvellement constant.
S’il a voulu se démarquer du symphonisme germanique illustré par Brahms et de façon plus lointaine Beethoven, et si l’œuvre s’inscrit dans le goût anglais pour les hymnes choraux, il ne s’en éloigne pas tout à fait par la structure classique en quatre mouvements et, à remarquer, par une puissance bien assise sur violoncelles et contrebasses. On s’attachera aux timbales et à l’ensemble des percussions. Suivent les titres en français :
- Une chanson pour toutes les mers, tous les navires (baryton, soprano et chœur) 20’
- Sur la plage la nuit, seule (baryton et chœur) 11’
- Scherzo : Les Vagues (refrain) 8’
- Les Explorateurs (baryton, soprano, semi-chœur et chœur) 30’
Quelques œuvres de notre compositeur : cliquez ici
Sur la soprano Chen Reiss : Elle était présente le 3 mai 2023 dans un concert à la Halle dirigé par Tarmo Peltokoski durant lequel elle interprétait les Quatre derniers lieder de Richard Strauss.
Sur le baryton Simon Keenlyside : Né à Londres, Simon Keenlyside se produit sur les grandes scènes lyriques internationales et nourrit un lien étroit avec les plus grandes scènes lyriques comme le Metropolitan Opera de New York, le Royal Opera House de Londres, le Bayerische Staatsoper de Munich et le Staatsoper de Vienne, où il interprète notamment Prospero (La Tempête), Posa (Don Carlo), , Papageno (La Flûte enchantée), Pelléas et Golaud (Pelléas et Mélisande), le Comte Almaviva et les rôles-titres de Don Giovanni, , Wozzeck, Billy Budd, Hamlet, Macbeth et Rigoletto.
Parmi ses récents engagements à venir, citons Germont Père (La Traviata), Eugène Onéguine, Simon Bocanegra.
Il se produit en concerts dans des salles telles que le Wigmore Hall, le Palau des Arts Reina Sofia de Valence, La Monnaie de Bruxelles, le Konzerthaus et le Musikverein de Vienne, l’Opernhaus de Zurich. Il a chanté avec les plus grandes phalanges.
Il a également enregistré le War Requiem de Britten, Elias de Mendelssohn, Le Cor merveilleux de l’enfant de Mahler, le rôle-titre de Macbeth, celui de Don Giovanni, et Carmina Burana. Simon Keenlyside a été fait Commandeur de l’Ordre de l’Empire britannique en 2003 et a reçu le titre de Chevalier à l’occasion des nominations honorifiques de l’anniversaire de la reine en juin 2018.
Je pense que c’est une première pour ce baryton de fouler les planches de la Halle tout autant que du Théâtre !
Orchestre national du Capitole