Ils ont tous les deux 75 ans, sont amis depuis longtemps et n’ont jamais cessé de nous séduire. Véronique Sanson et Louis Chedid sortent un album, live pour la première, tout nouveau pour le second.
Ceux qui ont assisté au dernier concert toulousain de Véronique Sanson, le 7 mars 2024, au Zénith, en gardent un excellent souvenir. Malgré le temps qui passe, malgré les ennuis de santé qui se succèdent, la chanteuse est apparue en belle forme, voix bien assurée, sourire aux lèvres, limitant ses commentaires un peu lunaires au minimum. Et il en a été ainsi de la longue tournée « Hasta luego !» où, entourée d’une équipe solide (8 musiciens et deux choristes), Véronique Sanson a revisité avec tendresse et énergie un répertoire en or massif.
Un album live, enregistré au Dôme de Paris le 23 mars 2023, et désormais disponible en audio et en vidéo, en est le fidèle reflet. Certes, on avait pu trouver le groupe un peu tonitruant lors du concert donné à Carcassonne, en juillet 2023, et deux de ses membres trop « Droopy » pour apporter la joie nécessaire (soyons charitables : on ne les citera pas). A l’inverse, mention spéciale aux choristes Guillaume Eyango et Mehdi Benjelloun, qui ont fait le show, à la fois impeccables et rigolards (ce dernier étant par ailleurs un très bon pianiste, prenant parfois le relai de notre « Véro » préférée).
A l’exception de deux titres faiblards (« Hasta luego », avec l’insupportable Vianney, et « Where love is found », en duo un peu gnangnan avec le fiston Chris Stills), l’ensemble est formidablement émouvant et revigorant. Comment ne pas avoir les larmes aux yeux en écoutant, même pour la millième fois, « Le maudit », « Et je l’appelle encore », « Vancouver » ou « Le temps est assassin » ? Comment ne pas avoir envie de danser, à la poursuite de notre jeunesse, sur « Alia Souza », « Besoin de personne », « C’est long, c’est court » (avec Zaz la bondissante) ou « Bernard’s song » (avec la pétulante Natalie Dessay) ?En espérant que cette tournée d’au revoir ne soit pas la dernière.
Contrairement à sa copine Véronique, Louis Chedid n’a guère eu de chance avec ses tournées récentes. Celle qui devait passer par le casino Barrière, à Toulouse, en 2021, a été reportée puis annulée. Quant aux concerts piano-voix avec Yvan Cassar, ils ont été donnés un peu partout en France mais pas chez nous. Rien à l’horizon non plus à Toulouse pour 2025, le rendez-vous le plus proche se situant à Bordeaux, au théâtre Femina, le 13 mars. Cela ne nous empêchera pas d’apprécier pleinement le nouvel album studio de Louis Chedid, « Rêveur, rêveur ». On y retrouve tout le charme d’un répertoire qui porte avec flamme et ferveur le sentiment amoureux. Le titre inaugural, « Les battements du cœur » dit tout de la philosophie du chanteur. « C’est une chanson pour ceux qui s’aiment/Qui s’embrassent sans aucun problème/Qui pensent que le plus important /Dans la vie, c’est le sentiment/Cette émotion qui nous terrasse/Lorsque l’on se retrouve en face/De la simplissime évidence/Qui transfigure nos existences. » Louis Chedid est ainsi, il reste un éternel « Rêveur, rêveur », qui se sent bien « la tête dans les nuages » et avoue volontiers : « De ce monde en folie/Je mets un peu d’couleur/Un soupçon d’embellie ».
L’art de la ballade
L’artiste pratique comme aucun autre l’art de la ballade et pas seulement avec les deux chansons précitées. Son album compte d’autres merveilles de douceur comme « Danseurs sur gazon », un sommet de beauté sur le temps qui passe, « efface les morsures d’avant, les grimaces, les colères, les tourments » et incite à penser « qu’au fond, la vie est belle », le tout rendu encore plus gracieux par le piano et la guitare acoustique. Citons aussi « Quand je t’ai vue toute nue » (une « première fois » qui « ne s’oublie pas »), « Quand on aime » (soupçons de violons, tendre guitare et jolis choeurs) et « Le train des nuages » (manière d’au revoir émouvant sur fond de chants d’oiseaux) Pour autant, Louis Chedid aime nous faire chalouper. Dans ce registre, « Mon âme et moi » a un côté Caraïbes avec percussions et trompette entraînantes et « Le bonheur fait ma joie » – et la nôtre – en version soul sautillante. Reste à Louis Chedid – et son tourneur Décibels Productions – à ajouter une date toulousaine sur son planning 2025…une décennie après le concert triomphal de la famille Chedid, en juin 2015, au Bikini.
CD/DVD « Hasta luego ! » de Véronique Sanson (Columbia/Sony Music). Concert réalisé par Thierry Teston.
Album « Rêveur, rêveur » de Louis Chedid (Pias).