Cette belle soirée de ballet avec une unité musicale parfaite est à marquer d’une pierre blanche dont la directrice du ballet du Capitole Beate Vollack peut s’enorgueillir. La présence de Jordi Savall à la direction de son orchestre Le Concert des Nations apporte un lustre particulier à la soirée. La chef Catalan sur qui les ans passent sans altérer sa vigoureuse passion musicale nous offre une lecture magnifique des trois partitions de Christoph Willibald Gluck. La construction musicale de la soirée va crescendo. D’abord rideau fermé la suite d’orchestre tirée d’Iphigénie en Aulide permet de déguster un orchestre brillant mené avec fougue. Tout cela est véritablement jubilatoire. Lorsque le rideau se lève pour le Ballet Sémiramis, la beauté simple des danseurs cachés sous une grande voile sombre et émergeant petit à petit crée une dramaturgie intéressante. Dans un deuxième temps par un jeu de lumière qui ne cessera de faire évoluer l’espace , la toile de fond apparait. Le mélange d’éléments verts et marron crée une ambiance lumineuse et assez chaude. La beauté de cette toile de fond ne cessera d’évoluer au fur et à mesure de la chorégraphie. L’élégance est à tous les niveaux. Le décor, les costumes, les lumières et la chorégraphie. Avec des gestes toujours grâcieux, le corps de ballet qui intervient par petits groupes, démontre la qualité de la troupe. La durée courte de la partition (25’) ne permet pas au chorégraphe de développer une dramaturgie avec des personnages. Angel Rodriguez fait le choix judicieux de proposer une chorégraphie symbolique mettant en vedette les femmes. Le ballet s’achève sur l’avènement d’une élue. S’est simple et beau et cela fonctionne très bien grâce à la cohérence visuelle et sonore.
Pour Don Juan le chorégraphe Edward Clug dispose d’une partition plus développée et d’un personnage mythique. Le choix d’une personnification est donc bienvenue. Trois personnages vont évoluer : Sganarelle, Don Juan et Elvire. Les trois étoiles dans une chorégraphie virtuose débordent de qualité. Alexandre De Olivera Ferreira est un Don Juan sensuel et séducteur.
Marlen Fuerte Castro est une Elvire tragique. les pas de deux avec Don Juan sont teintés d’un bel érotisme
Le Sganarelle de Philipe Solano a une drôlerie irrésistible.
L’absence de décors le choix descostumes simples ainsi que des lumières souples permettent d’apprécier la qualité de la chorégraphie. Le final est grandiose avec la musique des Furies que nous connaissons dans Orphée. La puissance musicale et théâtrale de ce final nous laisse sans voix. Le public fait une belle ovation à ce spectacle. Cette coproduction avec le Liceu de Barcelone où elle sera représentée en mars 2025 et avec l’Opéra Comique qui la verra en mai 2025, confirmera l’excellence du Ballet du Capitole.
Critique. Ballet Toulouse. Théâtre du Capitole, le 30 octobre 2024. Christoph Willibald Gluck (1714-1787) : Iphigénie en Aulide, suite d’orchestre ; Sémiramis, ballet ; Don Juan, Ballet. Sémiramis : Chorégraphe, Angel Rodriguez ; Scénographie, Curt Allen Wilmer et Laeticia Ganan ; Costumes, Rosa Ana Chanza Hernandez ; Lumières, Nicolas Fischtel ; Assistant maitre de ballet, Erico Montes ; Don Juan : Chorégraphie, Edward Clug ; Scénographie, Marko Japelj ; Costumes, Leo Kulas ; Lumières, Tomaz Premzel ; Assistant maitre de ballet, Gabor Kapin. Ballet de l’Opéra national du Capitole, les étoiles, les solistes et le Corps de ballet. Direction de la danse, Beate Vollack ; Orchestre Le Concert des nations ; Direction : Jordi Savall.
Toutes les Photos sont de David Herrero