Après le concert du jeudi 7 novembre avec les concertos n° 1 suivi du n° 2, peut-être vous replongerez vous dans Sept ans de réflexion pour retrouver le moderato du n°2 et la torride Marilyn Monroe. Vous attendent ce vendredi 8, le n°3 suivi du n°4.
Concerto pour piano et orchestre n°3 en ré mineur, op. 30
Allegro ma non tanto
Intermezzo : Adagio – attaca :
Finale : Alla breve
Durée : 40 à 45’
En 1909, quelques années après que sa carrière de compositeur au point mort ait été relancée par la création réussie de son Concerto pour piano n° 2, Rachmaninov entame sa première tournée de concerts aux États-Unis après moult atermoiements. Il a 36 ans. Le voyage a été entrepris à contrecœur. Trois mois de concerts presque quotidiens, à la fois comme soliste et comme chef d’orchestre, n’avaient que peu d’attrait, car il ne reste alors pas beaucoup de temps pour la composition. De plus, il serait privé des moments calmes de sa propriété de campagne avec sa femme et ses deux jeunes enfants. Pourtant, comme aujourd’hui, en musique classique comme en musique populaire, le meilleur moyen de promouvoir sa musique est de la jouer devant le public, et c’est ainsi qu’au début d’octobre 1909, Rachmaninov embarque pour traverser l’Atlantique (15 octobre). Emballé dans ses bagages se trouve le manuscrit d’un nouveau concerto, achevé la semaine précédente, fin de l’été, en Russie, dans sa propriété d’Ivanovka, racheté à sa famille. Pendant le voyage, de plusieurs jours, Rachmaninov pratique la partie solo sur un clavier muet pour se dégourdir les doigts ! On lit que l’élément décisionnaire d’assurer cette tournée de concerts aux États-Unis était qu’avec la somme recueillie des vingt-cinq cachets en trois mois, il pourrait alors s’offrir une…automobile !! Il est exact qu’il fut toute sa vie, fanatique de bagnoles, comme on dit. Et plus tard, passionné de yatching.
La première eut lieu le 28 novembre 1909, avec Rachmaninov comme soliste accompagné par le New York Symphony Orchestra et son chef Walter Damrosch. Quelques semaines plus tard, on l’entendra à nouveau à New York, cette fois avec le New York Philharmonic sous la direction de Gustav Mahler. Un chef qui se révèle formidablement attentionné, aura pu constater le compositeur. Ces deux ensembles se sont disputés le meilleur orchestre de la ville jusqu’en 1928, année de leur fusion pour donner le Philharmonic.
De la nouvelle œuvre, carrément mégalithique d’une audace épique, les critiques musicaux de New York avaient beaucoup à dire, dont certains étaient favorables. Le rédacteur musical du New York Herald a déclaré qu’il s’agissait de l’un des « concertos pour piano les plus intéressants de ces dernières années », tandis que l’auteur du New York Tribune louait l’œuvre pour sa « dignité et sa beauté essentielles ». Les deux critiques le trouvent cependant trop long ! comme Mozart, Rachmaninov le déclarera parfait, ou presque ! ne modifiant presque rien. Personnellement, ce concerto, invraisemblable d’écriture, a le don de me clouer au fauteuil, et ces deux mains qui courent animant au moins dix doigts chacune, c’est visuellement étourdissant.
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Orchestre national du Capitole