Le Salon International de la Guitare c’est ce weekend à Toulouse. Fondé il y a une quinzaine d’années par Talaat El Singaby, lui-même ancien professeur d’économie, l’évènement a réussi à se démarquer grâce à une programmation pointue, mais aussi grâce à sa volonté de rendre la lutherie accessible au plus grand nombre. Interview avec Talaat.
Une histoire ancienne
« On est arrivé il y a une quinzaine d’années, et notre particularité, c’est d’être le seul festival régional d’Occitanie, présent sur 6 départements et 20 communes », explique Talaat El Singaby, rappelant l’ambition initiale de cet événement. Si le cœur du festival bat à Montpellier, Toulouse accueille désormais un volet essentiel : le salon de la fabrication, véritable vitrine du savoir-faire des luthiers.
Ce salon, qui se tient les 19 et 20 octobre, est unique en France de par son ampleur et sa diversité. Il réunit non seulement des professionnels de la lutherie, mais aussi des passionnés venus découvrir ou redécouvrir les multiples facettes de cet instrument. « L’idée, c’est que la lutherie ne soit pas forcément vue comme quelque chose d’élitiste », insiste Talaat. L’événement offre en effet un cadre propice pour « essayer, toucher et découvrir » les instruments, brisant l’image d’un salon purement commercial.
Ce succès, il le doit en partie au soutien des institutions, notamment de la Région Occitanie et de l’État. Le modèle économique du festival est, selon son fondateur, l’un des plus sains de la région. Talaat, a su, au fil des années, bâtir un événement gratuit pour tous, tout en assurant sa pérennité financière. Si le festival aurait pu se tourner vers une programmation plus grand public, en invitant de grandes têtes d’affiche, Talaat et son équipe ont fait un autre choix. « Nous étions tentés d’avoir un festival avec des têtes d’affiche, mais on a décidé de passer sur une programmation de fond », explique-t-il. En mettant l’accent sur des figures emblématiques du flamenco comme Vicente Amigo, Israël Galván et Niño de Elche, le festival affirme son identité, tout en séduisant un public à la recherche d’authenticité.
La culture sous pression
Malgré le succès du salon, Talaat El Singaby ne cache pas ses inquiétudes quant à l’avenir de la culture en France. « La culture passe une mauvaise période, les gouvernements font en sorte de rogner sur la culture », déplore-t-il. Selon lui, cette situation affaiblit le pays : « Un pays qui affaiblit sa culture perd donc son âme, il ne faut pas s’étonner que l’extrême droite arrive au pouvoir. » La guitare, instrument populaire et accessible, devient ainsi un vecteur de résistance culturelle. Et dans un contexte où l’accès à la culture semble menacé, le Salon International de la Guitare se positionne comme un espace de découverte, de partage et d’innovation.
Le salon ne se limite pas à exposer des instruments. Il entend également soutenir la nouvelle génération de luthiers, avec notamment l’attribution d’une bourse annuelle de 4 000 euros. « Chaque année, on donne une bourse à un luthier de la région, pour encourager l’innovation technologique et écologique », explique Talaat. L’objectif est clair : assurer la relève et permettre aux jeunes de se faire une place dans cet univers.
Une région d’exception pour la guitare
L’Occitanie, véritable terre d’accueil pour la guitare, compte aujourd’hui 75 luthiers et près de 50 000 pratiquants. « L’Occitanie, c’est la région d’exception de la guitare », se félicite Talaat. En ouvrant ses portes aux professionnels comme aux amateurs, le salon permet de créer des vocations et de renforcer cet héritage musical.
Ainsi, au-delà des expositions, des masterclass et des échanges, le Salon International de la Guitare à Toulouse se veut un espace de transmission. Le rendez-vous est pris pour cette édition 2024.
Plus d’informations sur le site internet de l’évènement.