Tatami, un film de Zar Amir Ebrahimi et Guy Nattiv
Ce film, en apparence de fiction, nous raconte l’intrusion de la politique lors d’un championnat mondial de judo risquant de voir se confronter l’Iran et l’Israël. Palpitant autant que glaçant. Un chef-d’œuvre !
De nos jours, c’est à dire au 21e siècle… Un bus transporte l’équipe de judokates iraniennes représentant leur pays lors d’une compétition mondiale. L’étoile de cette équipe n’est autre que Leila, jeune femme, mariée, un enfant, sur laquelle repose carrément de sérieux espoirs de médaille d’or. Sa coach, Maryam, ancienne judokate ayant abandonné la compétition suite à une blessure, ne la quitte pas des yeux. On apprendra plus tard qu’un terrible secret hante sa vie… Le début des éliminatoires se passe au mieux. Leila se précipite sûrement vers une finale qui ne peut lui échapper. Le quart se dessine lorsque Maryam reçoit un coup de film comminatoire du président de la Fédération de judo iranienne. Le tableau de la finale, selon les experts, risque d’ opposer Leila à la représentante israélienne avec de forte chance que cette dernière morde la poussière. Et cela le Guide Suprême n’en veut pas. Donc, Leila doit simuler une blessure et se retirer immédiatement de la compétition. Sauf que Leila refuse. Les ordres de la Fédération se transforment alors en menace, non seulement sur la suite de sa carrière mais également sur sa famille. Des menaces dont il est possible d’imaginer d’improbables frontières…
La réalisatrice iranienne Zar Amir Ebrahimi, qui joue également Maryam, et son confrère israélien Guy Nattiv nous livrent ici un brûlot tenant à la fois du film de sport, du drame, du thriller, du film d’espionnage. Tourné en Noir et Blanc dans un format carré, il enferme le spectateur dans un lieu clos, celui de ce stade où se tient la compétition, avec son tatami et ses vestiaires. On entend le public sans jamais le voir. Seuls des représentants de la Fédération mondiale de judo interviennent à l’écran, comprenant ce qui est en train de se passer, afin de soutenir Leila. Evidemment, cela en dit long sur le régime des Mollahs, sur la condition féminine dans ce pays et le régime de terreur qui plane sur cette République islamiste. Porté aussi par l’interprétation éblouissante d’engagement de l’actrice américaine Arienne Mandi, Leila de feu et d’acier, véritable pasionaria de la liberté en kimono, ce film est le premier coup de poing de la rentrée cinématographique.
A voir absolument !