Les éditions Gallimard publie un texte inédit de Jean Genet, Héliogabale. Une pièce de théâtre en 4 actes au cœur d’un conflit de pouvoir.
Héliogabale, jeune prince romain, incarne l’insolence, le pouvoir et la fougue. Il succède à Caracalla grâce aux truchements et aux ruses de la grand-mère. Ladite grand-mère qui, finalement, ne contrôle plus Héliogabale dont elle désavoue les actes. Alors tous les stratagèmes sont imaginés afin de barrer la route au prince. Ou, mieux, pour qu’il meure. D’ailleurs, le grand préteur l’annonce. Héliogabale mourra bientôt dans d’atroces souffrances. Sitôt l’annonce proclamée et, malgré la promesse de garder le secret, le grand prêteur court annoncer l’horrible tragédie à Héliogabale.
Le jeune prince qui batifole avec son amant rit des supercheries de la vieille femme. Il imagine le guet-apens qu’elle va lui tendre et le nom de son successeur. Ce sera son jeune neveu. Héliogabale ne compte pas se défiler, il ira au-devant du piège que la grand-mère lui tend. Mais les événements se dérouleront-ils comme prévus ?
Jean Genet met beaucoup de style et de souffle dans cette tragédie. Il ricane des complots humains et de la soif absolue de pouvoir. Cette pièce inédite fut écrite en juin 1942 alors que le jeune auteur est incarcéré à la prison de Fresnes pour vol de livres.
Jean Genet, Héliogabale, Gallimard.
Mademoiselle
En parallèle, les éditions Gallimard publie – dans la collection l’Imaginaire, Mademoiselle. Le récit inquiétant d’une institutrice qui répand la terreur.
Le décor, un petit village de Corrèze. Ambiance calme et banale. Jusqu’à ce que des événements étranges surviennent et restent inexpliqués. D’abord un incendie ravageur. La piste criminelle semble la plus probable. Qui pour semer la panique dans un quotidien tranquille ? Le présumé coupable est aussitôt montré du doigt : Manou. Le bûcheron polonais, trop beau et trop dévoué à la tâche. Et, lorsqu’un second incendie se déclenche, les langues se délient. Les propos en plus d’être racistes se font ouvertement accusateurs. On veut le chasser, le punir, ou pire encore.
Et si la vérité de trouvait ailleurs, loin de ces préjugés stupides ? Car le lecteur est d’emblée dans la confidence. Une seule coupable : l’institutrice. Fière et sans scrupules, elle s’apprête à la nuit tombée, d’abord un incendie, puis une inondation, ou encore l’empoisonnement d’une fontaine. La criminelle revient ensuite sur les lieux du crime. Elle questionne et observe la scène. Surtout Manou, agile et courageux, dans sa volonté de combattre les flammes ou de sauver tout ce qu’il peut. L’institutrice contient alors très mal le désir qu’éveillent la beauté et la force de cet étranger.
Entre thriller et récit charnel, Jean Genet réussit à recréer l’atmosphère étouffante des préjugés villageois qui condamnent sans procès. En peu de pages, tensions et puissance, prennent possession du texte jusqu’à l’apothéose de la scène finale.
Jean Genet, Mademoiselle, Gallimard.