Événement musical à la Halle aux grains en ce vendredi 3 mai à 20h. Les musiciens de l’Orchestre national du Capitole de Toulouse sont dirigés par son nouveau Directeur musical Tarmo Peltokoski. Le concert ouvre avec le cycle des Quatre derniers lieder de Richard Strauss interprétés par la soprano Chen Reiss, lieder pour soprano et grand orchestre. Pour suivre, l’immense cathédrale sonore que constitue la Symphonie n° 9 en ré mineur d’Anton Bruckner. Ce même concert est donné le 4 mai dans le cadre d’AIDA.
D’autre part, les musiciens participeront au 700è anniversaire à Toulouse des Jeux floraux. En effet, ce 3mai 2024, l’Académie des Jeux floraux célèbre 700 ans de poésie à Toulouse, berceau et capitale de la poésie en langue française et occitane. Au cours du concert, en début des deux œuvres au programme, des poèmes seront lus par leurs auteurs respectifs. Soit, Marc Alexandre Oho Bambe et ses poèmes tirés de : Il y aura toujours quelque chose à sauver et Hélène Dorion avec Cœurs, comme livres d’amour. Les textes sont inclus dans le programme distribué au concert.
Vier letzte Lieder, c’est le chef-d’œuvre testamentaire du compositeur, l’ultime grand romantique, l’héritier de la tradition allemande du XIXè, une sorte d’adieu bouleversant à un univers disparu à jamais. Ils sont donc au nombre de quatre et constitue un point final à une production de Lieder dont le nombre dépasse les deux cents couvrant toute la longue vie du compositeur mort à 85 ans en 1949. Les quatre furent terminés avant fin 1948, composés en Suisse où le couple, Richard et Pauline de Ahna, soprano, s’était réfugié pour s’écarter des épreuves infligées par la guerre. Strauss aimait beaucoup composer des lieder pour soprano, sa voix fétiche, et avec orchestre.
Vier letzte Lieder :
Frühling (Hermann Hesse) “Printemps“ environ 3’
September (H. Hesse) “Septembre“ environ 5’
Beim Schlafengehen (H. Hesse) “En s’endormant“ 5’
In Abendrot (Josef von Eichendorff) “Dans le rouge du couchant“ 8’
N. B. La soprano native d’Israël, de réputation internationale, Chen Reiss a chanté il y a quelques jours des lieder d’Alban Berg, accompagnée par l’Orchestre Philharmonique de Monte-Carlo dirigé par …Tarmo Peltokoski. Ils se retrouvent à Toulouse pour des lieder de Richard Strauss. Des biographies plus détaillées seront dans le programme de salle mais, je pense que sur le tout jeune et nouveau directeur musical et chef de l’orchestre, le public intéressé, a tout lu, ou entendu sur son début de carrière !
L’immense popularité de ces Lieder est essentiellement due à la profonde cohérence résultant de l’adéquation parfaite entre le mot et la musique, d’où la séduction unique qui émane de ce Cycle. Ils ont en commun, à l’exception de Frühling, une résonance qui évoque la mort : seule la prescience de l’inéluctable aura permis à Strauss de s’investir à ce point dans son œuvre. L’absence de violence, même contenue, demeure le fait le plus frappant. Le refus d’une quelconque révolte face à l’événement fatal, révolte bien difficile pour un homme alors âgé de 84 ans, confère à l’ensemble une admirable sérénité. L’écriture est toujours aussi sûre, la musique plus enchanteresse que jamais, et le raffinement sonore correspond à une perfection inégalée rendant toute analyse vaine. Notons l’absence de lien entre les quatre lieder, isolés à l’évidence et dont l’unité n’existe que par l’état d’esprit commun qui a présidé à leur conception.
Les tempos adoptés sont relativement lents, sérénité oblige, et les phrases souvent longues, tant à l’orchestre qu’à la voix, traduisent à la perfection cette éternité de l’instant figé qu’un niveau dynamique en général faible contribue grandement à renforcer l’impression dominante. Et ce n’est pas pour autant que l’orchestre soit squelettique. Par exemple, pour le dernier lied, In Abendrot, qui fut composé le premier, on trouve au-delà du quintette à cordes, harpe, célesta, timbales, 4 cors, 3 trompettes, 2 trombones, 1 tuba, 2 piccolos, 2 flûtes, 2 hautbois, 1 cor anglais, 2 clarinettes, 1 cl. Basse, 2 bassons et 1 contrebasson. Soit une orchestration d’une finesse exceptionnelle qui rend caduque toute analyse.
Anton Bruckner, ou l’ascension opiniâtre du petit maître d’école jusque vers les plus hautes destinées grâce à une foi indéfectible dans la musique et une probité absolue à l’égard de son art. Ou, quand les flèches de ses cathédrales sonores se fondent dans le ciel.
Anton Bruckner
[Ansfelden, village d’Haute-Autriche, 4 septembre 1824 – Vienne, 11 octobre 1896]
Symphonie n°9, en ré mineur, A.124
I. Feierlich, misterioso (solennel et mystérieux) ~ 25 mn
II. Scherzo (Bewegt, lebhaft – mouvementé et vif) – Trio : Schnell (rapide) ~ 10 mn
III. Adagio (Sehr langsam, feierlich – très lent et solennel) ~ 25 mn
durée ~ 60 mn
« J’ai dédié mes premières symphonies à l’un et à l’autre respectable amateur de musique, mais la dernière, la neuvième, devra maintenant être offerte au bon Dieu, s’il veut bien l’accepter. »
« dem lieben Gott gewidmet » (« dédié à Dieu »)
Esquissée dès l’été 1887, continuée en avril 1891 et le troisième mouvement terminé le 30 novembre 1894.
Ebauches multiples du Finale qui ne sera jamais achevé.
Création le 11 février 1903 à Vienne, sous la direction de Ferdinand Löwe. Les trois mouvements auraient été présentés suivis du Te Deum comme le compositeur l’avait suggéré.
À partir de 1932, on revient à la version originale. On laisse de côté les interventions de Löwe.
C’est l’Original fassung.
Création le 2 avril 1932 à la Tonhalle de Munich. À ce même concert furent données consécutivement la version 1903 et l’originale !
Effectif orchestral ; il est assez impressionnant avec tout d’abord les bois non par 2 mais par 3; 4 cors et 4 « tuben wagner »; 3 trompettes; 3 trombones, 1 tuba; timbales; les pupitres de cordes au grand complet.
« J’ai mis longtemps, non seulement pour reconnaître les arcs grandioses de l’architecture des œuvres de Bruckner, mais aussi pour arriver à les interpréter. Ce qui m’émeut d’une manière presque “irréelle”, c’est le reflet d’un ordre cosmique. » Günter Wand (1912-2002), chef d’orchestre
> Quelques mots simples sur les trois mouvements, cliquez ici
> Un rapide portrait du « Ménestrel de Dieu », cliquez ici
> Cliquez ici pour : Anton Bruckner, icone musicale malgré lui du pouvoir nazi, l’un des compositeurs les plus instrumentalisés par le Troisième Reich
Orchestre national du Capitole