Vent favorable force 10 sur les structures en lien direct avec les entités Orchestre et Opéra nationaux du Capitole toulousain. Parallèlement au triomphe des deux derniers opéras, Idoménée et La Cenerentola, les musiciens de l’ONCT poursuivent leur parcours jalonné de succès.
Après les très beaux concerts du 28 mars et du 5 avril, voici venir deux autres programmes aussi riches que les précédents et pleins de promesses. Pour en être persuadés, il suffit de lire les affiches.
Le vendredi 19 avril, grand concert symphonique consacré à Johannes Brahms avec l’iconique Concerto pour violon et orchestre en ré majeur op. 77 créé le 1er janvier 1879 à Leipzig par le bien nommé Joseph Joachim et le chef étant…Brahms. Il est suivi de son Quatuor avec piano en sol mineur, op. 25 mais orchestré par Arnold Schoenberg en 1937, soit plus de cinquante ans après la mort du compositeur .
Pour diriger le tout, un chef plutôt habitué à être dans la fosse au Théâtre en charge d’opéras mais qui sait aussi faire quelques excursions jusqu’à la Halle, à la grande satisfaction des musiciens d’abord et du public ensuite, j’ai nommé Frank Beermann. Le soliste du concerto est attendu impatiemment car déjà applaudi ici même. C’est, disons-le, un des plus grands maîtres de l’archet du violon, Frank Peter Zimmermann. Pour jouer ce concerto revu et corrigé par l’ami Joseph Joachim, il faut une vraie maîtrise instrumentale, pour réussir ces traits en triple corde (trois notes à la fois), ces figures acrobatiques en doubles, triples et quadruples croches. Brahms fait appel à une certaine virtuosité, c’est d’accord, mais toujours sensible, naïve et radieuse. On est loin de Paganini. Enfin, plus qu’une simple démonstration athlétique, ce concerto exige une parfaite entente entre chef et soliste. On ne détaillera pas les trois mouvements à savoir : Allegro non troppo avec cadence suivi de l’Adagio et enfin Allegro giocoso, ma non troppo vivace – Poco piu presto. Sur 36 à 38’ environ, soit une durée relativement conséquente pour un concerto.
Arnold Schoenberg était un compositeur possédant une grande admiration pour le travail de Brahms. Il aimait particulièrement ce Premier Quatuor pour piano, et lorsque l’immense chef allemand Otto Klemperer, rencontré à Los Angeles en 1937, lui proposa de l’orchestrer, il accepta la demande sans aucune hésitation. À L. A. où ils se sont réfugiés, l’un et l’autre, loin de l’Allemagne nazie. Il considérait cela comme un hommage et il pensait enfin avoir réussi à transmettre les préoccupations du compositeur à cette époque. Cela ne fait aucun doute que cet arrangement de Schoenberg, somptueux, soit resté dans les programmes de concerts d’orchestres symphoniques. Durée d’environ quarante minutes. Autre argument qui l’aurait amené à ce travail : il ne supportait pas que les cordes soient trop souvent couvertes par le piano d’où l’envie de l’orchestrer !!
I. Allegro
II. Intermezzo (Allegro ma non troppo)
III. Andante con moto
IV. Rondo alla zingarese (Presto)
Pour suivre, le vendredi 26 avril, c’est un programme impressionnant par sa diversité mais qui met en avant un instrument, la clarinette et surtout un plus que doué de l’instrument, un certain Martin Fröst, musicien suédois que le public de la Halle va découvrir. Qualifié de sorcier de cet instrument à vent, on pourra apprécier son extrême virtuosité et comment il va pouvoir se frotter aux limites des possibilités notamment dans l’interprétation de cette création française de Michael Jarrell, compositeur et grand pédagogue né en Suisse, un simple concerto pour clarinette mais sûrement complexe au vu du précédent pour flûte ! Lauréat du prix de musique Léonie Sonning 2014, l’une des plus hautes distinctions musicales au monde, Martin Fröst a été le premier clarinettiste à recevoir ce prix et a rejoint une liste prestigieuse de lauréats, dont Igor Stravinsky et Sir Simon Rattle. Les International Classical Music Awards lui ont décerné leur prix de l’artiste de l’année 2022 pour sa carrière mondiale innovante, son impressionnante discographie et sa philanthropie. On redescendra sur terre, un peu, avec la très prisée Première Rhapsodie pour clarinette et orchestre (ou piano) en si bémol majeur de Claude Debussy, écrite courant 1910, et d’une dizaine de minutes. Et enfin, on aura été pris en charge par Igor Stravinski et sa suite symphonique Le Chant du rossignol, partition, refonte de 1917, éblouissante, ensorcelante, écrite au départ pour un ballet représentée par les Ballets russes à l’Opéra de Paris. Stravinski, que l’on retrouvera plus loin avec son Scherzo fantastique, op. 3, encore une musique du jeune Igor Stravinski sur un texte de Maeterlink, (n’oubliez pas, Pelléas et Mélisande !) récupérée par le chorégraphe Léo Staats qui en fera usage pour le ballet “Les Abeilles“.
Pour clore ce concert un brin démoniaque, ce sera sur un Scherzo symphonique, le fameux L’apprenti sorcier de Paul Dukas, daté 1897.
C’est la traduction musicale quasi littérale de la fameuse ballade de Gœthe « Der Zauberlehrling », inspirée d’un conte populaire. En un mot, c’est l’histoire d’un magicien en possession d’un secret lui permettant de faire exécuter toutes sortes de besognes par un vieux balai transformé à sa volonté en un être animé. L’apprenti magicien sera très maladroit dans l’utilisation du pouvoir d’où les péripéties traduites en musique qui nous laisse percevoir les éléments symboliques essentiels de la partition : le thème primesautier personnifiant l’apprenti, exposé par le contrebasson, la formule d’incantation sonnée par les cuivres, le thème moqueur du balai, confié au basson soutenu par les pizzicati des cordes, etc……
À la direction des opérations c’est Pascal Rophé que l’on a déjà vu à l’œuvre à la Halle comme à l’opéra. On n’a pas oublié sa direction de ce somptueux Ariane et Barbe-Bleue de Paul Dukas, que l’on retrouve ici avec sa partition la plus connue.
Orchestre national du Capitole