C’est le nouvel espace d’exposition de La Galerie Pol Lemétais au 24, rue du Rempart Saint-Etienne à Toulouse. Cette galerie est dédiée à l’Art brut, aux formes d’art Outsider ou « Hors-les-normes » ou encore Neuve Invention. Elle est portée par Pol Lemétais et présente des artistes du monde entier.
Ce jeune galeriste dit “hors normes“ au parcours étonnant est un passionné acharné. Il a fondé il y a 25 ans le Musée des Arts Buissonniers puis la galerie Paul Amar dans un petit village du Sud-Aveyron, Saint-Sever du Moustier, devenu un lieu de référence pour l’Art brut et l’Art dit singulier.
La Galerie Pol Lemétais défend depuis 8 ans les artistes bruts et singuliers du monde entier lors d’événements, foires et expositions temporaires à Paris, New York, Lausanne, Strasbourg …
Après des années de travail de galeriste nomade, Pol Lemétais a décidé de poser un peu ses bagages et d’ouvrir un espace permanent à Toulouse, dans lequel il souhaite mettre en lumière le parcours, l’évolution et les facettes du travail des artistes qu’il découvre et défend avec toute sa conviction, à travers des expositions monographiques et des événements.
Le travail de l’artiste dit outsider ou singulier exposé jusqu’au 20 janvier 2024, est celui de Gérard Cambon qui se définit aussi comme un sculpteur. Né à Toulouse, autodidacte, il commence à créer ses assemblages à 35 ans, à la recherche d’une “fusion des éléments“ avec des résultats enthousiasmants dans leur singularité, déclenchant une émotion supplémentaire quand les matériaux et les objets utilisés interpellent l’observateur. Personnellement, je ne peux m’empêcher de rapprocher ses réalisations de celles de Liliana Porter exposée il y a quelques mois au Musée les Abattoirs. Mais, mieux que ça, quand j’apprends qu’un de ses axes de travail a été influencé par la collection de fétiches Daniel Cordier et Daniel Spoerri si présents toujours aux Abattoirs et dont l’esplanade a été baptisé Daniel Cordier…à mon initiative ! Musée dans lequel nous avons pu avoir connaissance des Dubuffet et Riopelle et Auguste Forestier……
Gérard Cambon pourrait vous raconter qu’« A mes heures libres, je prends plaisir à créer des petits personnages à la Daumier en pâte à papier, à leur fabriquer des “théâtres” miniatures, des véhicules imaginaires avec des matériaux récupérés : bois, ferraille, cuir… », et c’est exactement ce que vous avez devant vous. Apprenez qu’il y a une revue qui traite de cette forme d’art, Raw-Vision, le magazine de référence de l’art “outsider”. En sachant que les frontières de cette forme d’art sont bien difficiles à définir mais ignorent l’art dit naïf tout comme l’art dit populaire et réfute l’expression art brut contemporain.
Mais encore, « Mon but est de toucher l’imaginaire des gens. Je cherche à partir d’un travail d’assemblage à créer des images, des atmosphères. Et que les gens se les approprient, qu’ils se créent leurs propres histoires, bref qu’ils se fassent leur cinéma à partir d’une émotion, d’une réminiscence, d’un rêve.
Pour cela j’ai besoin de figures humaines mais il faut de la retenue, il ne faut pas tout cadenasser avec un environnement trop précis, des références temporelles, des personnages trop présents. C’est un équilibre difficile à trouver : un univers qui doit être vivant sans verser dans l’anecdote. Pour que cela marche, le livre doit rester à moitié ouvert ».
Aux Etats-Unis, il est un « outsider ». En France, plutôt un « singulier ». Gérard Cambon s’amuse de toutes les étiquettes. Il ne ressent aucun besoin d’entrer dans une case et trace sa voie sans souci d’appartenance mais en accordant une importance extrême au regard de l’autre. De celui qui observe ses œuvres, il attend beaucoup. Attentif aux interprétations que chacun voudra bien lui confier. L’artiste est fasciné par les différentes visions d’un même travail. S’il adore ces plongées en imaginaire profond, il n’a rien à voir avec ces créateurs qui refusent de parler de leurs œuvres et s’amusent d’interlocuteurs emberlificotés dans des explications fumeuses. L’artiste est un adepte de l’art interactif ! Il propose, les autres disposent. Plus intéressé par les histoires que se racontent les visiteurs que par celle qui a présidé à la naissance de ses bas-reliefs, locomobiles et autres inventions à roulettes. Persuadé que l’imagination est le moteur de l’existence, il se permet toutes les audaces pour qu’elle s’envole. Imaginer, c’est déjà rêver.
PRIX MIROIR DE L’ART MEILLEUR ARTISTE 2020
Ses « locomobiles » qui évoquent la liberté et l’évasion, ses bas-reliefs à l’ambiance très théâtrale, ses manèges atmosphériques sont exposés dès 1996 à Paris, puis à New York à partir de 2000. Aujourd’hui, son œuvre connaît une véritable reconnaissance en Europe (France, Belgique, Suisse, Luxembourg) et aux Etats-Unis (Chicago, New York, Los Angeles, Seattle). Et ses charmants petits personnages qui composent de poétiques et métaphoriques scènes de la vie me font penser à ceux qui animent les toiles d’un certain artiste polonais Tadeusz Makowski. Émotion au rendez-vous.
Gérard Cambon est présent régulièrement à l’Outsider Art Fair à New York, tout comme à Chicago où est installée la galerie Judy A. Saslow qui le représente outre-Atlantique. Dans son créneau créatif, aux USA il est un artiste reconnu et réputé, soutenu par les plus grandes adresses. Quant à l’Europe, mises à part les Art Fair, les adresses de galeries ou espaces qui ont pu l’accueillir sont nombreuses et on peut s’étonner de ne pas y lire le mot Toulouse, ce qui sous-entend que sa ville natale ne l’a jamais exposé ! Cet outrage est réparé : c’est donc en ce moment, et à Houston, et New-York.
Trois ouvrages des éditions Grandir sont consacrés à son travail :
Rêves pour plus tard ( 2010) livre de photos de sculptures, Bura-bura (2014) et « Elixirs » (2015).
Drôles et tendres à la fois, ces catalogues traduisent la vision toute poétique de l’artiste exposé en ce moment sous le titre de UNE COMÉDIE HUMAINE – seuls, ceux qui auront vraiment observé découvriront le sens du titre ! on les souhaite très nombreux.
Avec cette œuvre comparable à celle baptisée Grand Élixir, le sculpteur Gérard Cambon nous livre sa vision de l’art pharmaceutique. Réalisé à partir d’étiquettes anciennes et de véritables flacons de pharmacie, auxquels l’artiste a ajouté de petits personnages très vivants, ce bas-relief foisonnant recrée l’atmosphère particulière, magique et chaleureuse d’une apothicairerie ancienne.
L’œuvre en question a été acquise en mémoire de Dominique Kassel, qui a œuvré pendant plus de trente ans au sein de l’Ordre pour la préservation et la diffusion du patrimoine pharmaceutique. Née d’échanges entre Dominique Kassel et Gérard Cambon, cette sculpture avait été exposée dans les salons de l’Ordre lors des Journées Européennes du Patrimoine en 2018. Elle est désormais présentée aux côtés du droguier Menier.
Galerie Pol Lemétais
24 rue du Rempart Saint-Etienne – 31000 Toulouse
Ouverture du jeudi au samedi
Tel. : 06 72 95 60 18 – www.lemetais.com