Pete Burns était une de ces icônes gay qui donnèrent à la pop culture quelques-uns de ses représentants les plus excentriques et parfois talentueux (Marc Almond, Boy George, Jimmy Somerville pour rester dans la Grande-Bretagne de cette époque). Le label londonien Cherry Red publie les premières chansons de l’extravagant chanteur, disparu en 2016.
Pete Burns a toujours été à part. À l’âge de 13 ans, il se faisait renvoyer de son école parce qu’il s’était pointé les sourcils rasés, les cheveux rouges et avec une énorme boucle d’oreille. On était alors en 1972, bien avant le punk. À 18 ans, il travailla au magasin de disques branché Probe Records à Liverpool où il admonestait régulièrement les clients avec des remarques du type : « Pourquoi achetez-vous cette merde ? »
Burns joua d’abord très brièvement dans The Mystery Girls (avec l’excellent Julian Cope) lors d’un unique concert en première partie de Sham 69 (bigre !) en 1977. Puis il créa, en 1979 le groupe Nightmares In Wax qu’il rebaptisa un an plus tard Dead Or Alive.
Ce coffret de trois disques restitue la préhistoire du groupe avec les Nightmares In Wax et leur post-punk vaguement gothique, puis les débuts de Dead Or Alive. Il y a quelques très bons morceaux – comme le mélancolique « Stranger », le mystérieux « Misty Circles » –, dans un climat oscillant entre Teardrop Explodes (« Shangri-La ») et Sisters Of Mercy. Même si certains morceaux (« Black Leather », « Untitled Demo#3 ») annoncent le virage que prendra bientôt Pete Burns. En effet, admiratif de Sylvester et du disco de l’époque (Diana Ross, Divine, Patrick Cowley), Peter Burns orienta rapidement le groupe vers un côté plus dance/disco.
Et en 1985, le deuxième album du groupe, Youth Quake, allait mettre le groupe sur orbite mondiale, avec les tubes « You Spin Me Round » et « In Too Deep » (qui aurait pu être un morceau de Scritti Politti).
Dans les années 1990, Dead Or Alive sombra peu à peu dans l’indifférence du public. Burns continua, cahin-caha, sa vie de bisexuel excentrique totalement accro à la chirurgie esthétique. Devenu une sorte de baudruche plastique (plus de 300 opérations !), il succomba en 2016 d’un arrêt cardiaque, âgé de 57 ans à peine.
> Dead Or Alive Let Them Drag My Soul Away (Cherry Red)