Deux soirées, jeudi 26 et vendredi 27 octobre, à 20h à la Halle avec la Suite pour orchestre n°3 de Bach suivi d’une rareté avec le Concerto pour mandoline de Hummel et pour clore, l’universel Requiem de Mozart. Au pupitre, Ton Koopman dont la réputation, immense, va bien au-delà de l’ère musicale choisie pour ces concerts. Il dirige les musiciens de l’Orchestre national du Capitole de Toulouse, et le Chœur de l’Opéra national du Capitole ainsi que le quatuor vocal. Julien Martineau est à la mandoline.
Claveciniste, organiste, chef d’orchestre et musicologue à la culture universelle, Ton Koopman dirige un concert dont l’affiche présente des œuvres appartenant à son domaine de prédilection et dont le répertoire est son quotidien. Il se lance ainsi un défi à savoir, amener à faire jouer un orchestre avec instruments modernes à la manière des “baroqueux“. Un défi qu’il a déjà relevé avec des orchestres prestigieux. Autant dire que c’est très flatteur pour les musiciens de l’Orchestre national du Capitole de Toulouse, à n’en pas douter.
Jean-Sébastien Bach ouvre, si je puis dire, le bal, avec la Suite pour orchestre n°3 en ré majeur, Bwv 1068 Sarabande. Les mouvements sont les suivants : Ouverture – Air ou aria ou Air sur la corde de sol (ou Air sur la corde G) .– Gavotte I/II – Bourrée – Gigue.
C’est la Suite la plus célèbre des 4 (dites aussi Ouvertures), en particulier grâce à l’Air qui lui sert de deuxième mouvement. De celui-ci, Paul Valery écrira : « Miraculeuse Aria de la Troisième Suite en ré majeur de Bach : exemple adorable – où je n’entends ni mélos, ni pathos, ni rien qui ne soit… réel, qui ne se développe en soi-même, et s’expose sous toutes ses faces sans me voir. Intensité de pureté. Nul emprunt au cœur, ni au hasard heureux, ni à moi, ni au passé. » Paul Valéry, Cahiers (tome 2)
Julien Martineau est bien le mandoliniste français le plus expérimenté et reconnu et jouit maintenant d’une aura internationale. Il interprète une œuvre que les murs de la Halle vont découvrir pour la première fois. En effet, le Concerto pour mandoline en sol majeur, S. 28 de Johann Nepomuk Hummel est vraiment une “rarity“. Hummel est plus connu pour son concerto pour trompette. Contemporain de Schumann, Chopin, Mendelssohn, il eut une carrière de pianiste virtuose, repéré à l’âge de huit ans (né en 1778 à Bratislava) par un certain Mozart. Son talent lui fit parcourir l’Europe entière. On en reste pantois. Tous ces trajets en diligence !! Il composa, beaucoup, à part dans le domaine de la symphonie, mais peu de ses partitions sont passées à la postérité. Ce concerto est bien une rareté !
Il est écrit en 1799 pour un certain Barthol Bortolazi, maître de mandoline. Trois mouvements traditionnels : Allegro moderato e grazioso. Le second, Andante con variazoni s’ouvre avec le soliste exposant un thème découlant du thème initial de la partition. Les trois variations confiées à la mandoline, témoignent autant de la maîtrise d’écriture de son auteur que de son attachement aux conventions du genre. Le Rondo final est lancé par le soliste. Son écriture, plus élaborée que les mouvements précédents, laisse place à un véritable jeu d’imitations (basses/mandoline), ainsi qu’à un approfondissement certain du discours n’entravant aucunement le charme délicieux de l’ensemble composé pour plaire d’abord, et nullement pour impressionner !
Wolfgang Amadeus Mozart
Arrive l’ouvrage que le public disons, attend avec impatience. Ce Requiem, cette messe des morts, ultime chef-d’œuvre inachevé et complété par, pour la version choisie par le chef, l’élève de Mozart, le dénommé Süssmayr. En effet, le devenir du manuscrit incomplet est absolument rocambolesque (voir plus loin). Cet article ne vous indiquera pas ce qui est véritablement de la plume d’oie tenue par Wolfgang ou par un de ses assistants proches du compositeur lors de ses derniers jours. Seule compte l’émotion provoquée par le résultat parvenu jusqu’à nous et qui enflamme l’auditoire de façon systématique.
Requiem en ré mineur K. 626 – Süßmayr Remade : œuvre religieuse liturgique chantée en latin qui suit l’ordonnance habituelle sur le texte (ou partie du) de la messe dite pour les défunts dans l’église catholique romaine.
Le quatuor vocal comprend la soprano (S) Elizabeth Breuer, la mezzo-soprano (MS), Lara Morger le ténor (T) Patrick Grahl et le baryton (B) Benjamin Appl. Le Chœur de l’Opéra national du Capitole est placé sous l’autorité du Chef de chœur Gabriel Bourgoin.
Avec Ton Koopman à la direction, la version interprétée devrait se distinguer par sa vivacité, son mouvement allant mais non précipité, sa légèreté, un côté lumineux et surtout, refléter l’espoir. On est impatient de “voir“ comment un chef de réputation dit “baroqueux“ livre cette œuvre avec un orchestre d’instruments modernes.
I. Introitus
Requiem æternam (Ch, S)
II. Kyrie (Ch)
III. Sequentia
Dies iræ (Ch) / Tuba mirum (S, MS, T, B) / Rex tremendæ (Ch)
Recordare (S,MS, T, B)/ Confutatis (Ch) / Lacrimosa (Ch)
(Amen)
IV. Offertorium
Domine Jesu (Ch, S, MS, T, B)
Hostias, (Ch)
V. Sanctus (Ch)
Osanna
VI. Benedictus (Ch, S, MS, T, B)
Osanna
VII. Agnus Dei (Ch)
VIII. Communio
Lux æterna (Ch, S)
Cum sanctis tuis Durée, sûrement moins de cinquante minutes
Suscitant la plus profonde admiration chez son contemporain Joseph Haydn, le Requiem de Mozart frappe par sa couleur propre : couleurs de ténèbres des cors de basset et des bassons, solo déchirant du trombone-ténor, traitement des voix solistes et du chœur excluant la caresse habituelle à sa musique. Ni suavité, ni sourire, cette musique veut nous parler d’invisible. La tonalité est de ré mineur, celle dite de l’inquiétude et du doute. Elle est à rapprocher de Don Juan et du Concerto pour piano n°20. Mais ce Requiem n’est pas là pour édifier les foules, ni pour mettre en scène la propre mort du compositeur : il ouvre infiniment et simplement une fenêtre d’où une lumière de consolation peut nous parvenir.
Les derniers jours du compositeur et la gestation difficile du Requiem : cliquez ici.
Orchestre national du Capitole