Luisa Fernanda Garrido Ramos est à la tête de l’Instituto Cervantes de Toulouse depuis septembre 2022. L’occasion de faire le point sur l’actualité et les projets de l’Institut. Entretien.
Cela fait un an que vous avez pris la direction de l’Instituto Cervantes de Toulouse après avoir dirigé ceux de Tunis, Amman, Sofia ou Prague. Il est trop tôt pour dresser un bilan, mais que retenez-vous de cette première année à Toulouse ?
Je suis très heureuse d’être en France et à Toulouse en particulier. Je savais que Toulouse était une ville à part, mais elle a dépassé mes attentes. Le travail ici est différent que ce que j’ai connu dans d’autres villes. Nous avons beaucoup d’activités au cœur même de la ville, ce qui n’est pas forcément le cas ailleurs. L’Instituto est ainsi un point de référence à Toulouse pour les Espagnols comme pour les membres du monde hispano-américain attachés à la culture espagnole.
Par son histoire, Toulouse a un rapport particulier et privilégié avec l’Espagne. A tort ou à raison, on dit souvent que Toulouse est une ville espagnole par certains aspects. Avez-vous ressenti cette hispanité que l’on prête à la ville ?
Oui, je pense que chaque espagnol qui arrive à Toulouse perçoit ce lien affectif que la ville entretient avec l’Espagne. Les Espagnols s’y sentent bien et peuvent avoir le sentiment d’être un peu chez eux. Beaucoup de choses participent à cela. Il y a bien sûr les Toulousains qui sont très cultivés et accueillants. On le ressent très vite. Il y aussi évidemment le poids de l’Histoire, en particulier de la guerre civile et de l’exil des républicains. On voit des rues portant des noms espagnols, l’office de tourisme propose une visite guidée sur le thème de l’exil républicain espagnol… C’est important que la ville prenne en compte cet héritage historique. De ce point de vue, notre institution s’inscrit aussi dans ce contexte avec la bibliothèque Manuel Azaña qui rassemble l’un des fonds de livres les plus importants au monde sur l’exil républicain après la bibliothèque nationale de Madrid.
Parmi les partenariats tissés par l’Instituto Cervantes, il y a celui avec le festival Cinespaña qui se déroulera du 6 au 15 octobre. Dans ce cadre, vous accueillez la romancière espagnole Elvira Navarro le 9 octobre pour une rencontre avec le public précédée de la projection du film Cría cuervos de Carlos Saura.
Il y a en ce moment un boum dans la littérature écrite par des femmes en Espagne et en Amérique du Sud hispanophone. Elvira Navarro est l’une des représentantes de ce courant. Sa littérature est très intime, proche des gens et elle réussit à ce que les lecteurs reconnaissent dans ce qu’elle écrit ce qu’ils avaient eux-mêmes ressenti. Et ce talent est rare. Son dernier livre, Las Voces de Adriana, est vraiment émouvant et en phase avec notre époque. Il évoque le rôle des personnages âgées, le vieillissement de la population, des thèmes qui concernent nombre d’entre-nous que ce soit dans le cadre de la famille ou de la société dans son ensemble. Par ailleurs, toujours dans le cadre de Cinespaña, un autre événement nous tient à cœur avec l’hommage à Jorge Semprún, le jeudi 12 octobre, pour le centième anniversaire de sa naissance. Deux films seront projetés : Les deux mémoires de Semprún lui-même et Semprún sin Semprún, documentaire que lui a consacré Yolanda Villaluenga qui sera présente à l’Instituto pour cette occasion.
Un autre événement de cette rentrée est l’exposition « Huellas » qui rassemble jusqu’au 8 décembre des peintures de Jorge Colomina dans le cadre du cinquantième anniversaire de la disparition de Picasso.
Jorge Colomina est un artiste très original. Espagnol, il habite à Nîmes depuis longtemps et il porte cette double identité franco-espagnole. Influencé par des artistes comme Picasso ou Miró, il a su créer son propre univers, sa propre œuvre qui a une reconnaissance internationale.
Pouvez-vous évoquer quelques-unes des manifestations prévues pour 2023 ?
Nous aurons une exposition autour des sœurs Ruiz qui ont combattu le fascisme et le nazisme en Espagne comme en France au sein de la Résistance à Toulouse. Ce sera une exposition importante permettant de revisiter un pan de l’histoire contemporaine. Dans ce contexte, nous allons travailler avec Le Musée de la Résistance, il y aura des conférences et des concerts, notamment l’un d’Elrik Fabre-Maigné sur des chansons de poètes espagnols. En mars, nous participerons comme d’habitude au festival Cinélatino.
Un mot sur les cours d’espagnol qui sont l’une des vocations premières de l’Instituto. Ils s’adressent à des gens de différents niveaux, mais y a-t-il un profil-type du public ?
Les profils sont variés : il y a des retraités, des gens qui ont besoin de parler espagnol pour leur travail, dont certains dans le cadre de la formation continue… D’une façon plus ludique et pour un autre public, nous proposons également des ateliers de théâtre destinés aux enfants de trois à six ans. Une façon de pratiquer l’espagnol en s’amusant…
Vous l’évoquiez précédemment, mais l’Instituto Cervantes travaille en synergie avec beaucoup d’institutions et de manifestations culturelles.
La première synergie est avec la mairie de Toulouse. Nous travaillons très bien ensemble. C’est un partenariat très important et une relation que je n’avais pas connue lors de mes précédentes affectations. Nous sommes en rapport avec Convergéncia Occitana comme avec de nombreux instituts ou associations culturelles. Nous collaborons ainsi avec le Musée des Abattoirs, le Marathon des Mots, le Théâtre du Capitole… Grace à tout cela, nous nous sentons réellement comme une part vivante de la ville.
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Institut Cervantès Toulouse
31, rue des Chalets – 31000 Toulouse
Tél : 05 61 62 80 72