Super-bourrés, un film de Bastien Milheau
A vrai dire, le titre de ce film est mal fagoté. Voire un brin répulsif. Et c’est dommage car le scénario, écrit par le réalisateur lui-même, Bastien Milheau, évoque bien d’autres choses que les agapes alcoolisées à la mode chez les jeunes d’aujourd’hui.
Nous sommes à la campagne, dans le Sud-Ouest plus particulièrement. C’est la fin des études lycéennes et une fête doit avoir lieu pour célébrer comme il convient ce passage à une autre vie. Deux jeunes du lycée sont chargés, pour leur part, de fournir les boissons. Et pas nécessairement du jus d’orange… Un malentendu plus tard, Janus, fils de Madame le maire de cette petite commune et Sam, fille d’un producteur de prune et accessoirement joueuse de rugby, responsables de l’alcoolique mission, se retrouvent sans argent pour faire l’indispensable achat. Furetant dans la cave secrète du père de Janus, décédé tragiquement bien des années avant, les deux post-ados vont faire une étrange découverte qui risque de leur sauver la mise.
Le premier long de ce tout jeune réalisateur toulousain est d’une candeur et d’une authenticité de ton qui ne peuvent que vous mettre des étoiles dans les yeux et le sourire aux lèvres. Loin de faire l’apologie de la beuverie, tout en ne l’ignorant pas, son scénario creuse en fait le sillon de la transmission et des rituels de passage à l’âge adulte. C’est aussi une formidable histoire d’amitié entre deux jeunes, une amitié indéfectible mais dont les contours, hormones aidant, vont devenir moins nets. Tous les deux sont formidables. D’un côté, une débutante débusquée dans un club de rugby agenais : Nina Poletto. Explosive, elle impose une Sam diablement dynamique au tempérament volcanique. De l’autre, Janus, un tout jeune professionnel du métier (il avait 17 ans lors du tournage), lunaire à souhait, l’antithèse de sa copine, j’ai cité Pierre Gommé. Il entoure son personnage d’une sorte d’aura de naïveté qui le rend irrésistible de drôlerie. Dans la distribution nous croisons aussi, toujours aussi épatants : Barbara Schulz, Vincent Moscato, et… Jean Lassalle (l’homme politique haut en couleurs), ici comme dans l’Hémicycle, parfaitement à son aise.
En bref un film à la fois touchant, amusant, bien ficelé et dont l’enthousiasme évident est communicatif.