Chaque mercredi, on rend hommage à un grand classique du cinéma. A voir ou à revoir.
Le Septième Sceau d’Ingmar Bergman
C’est la partie d’échecs la plus célèbre du cinéma même si celle opposant Steve McQueen à Faye Dunaway dans L’Affaire Thomas Crown de Norman Jewison a ses adeptes. Dans Le Septième Sceau, qui va établir la renommée mondiale du cinéaste suédois lors de sa sortie en 1957, elle met aux prises un chevalier et la mort symbolisée par un être au teint blafard drapé dans une cape noire. Nous sommes au cœur du XIVème siècle et le chevalier, Antonius Block, accompagné de son écuyer, rentre de longues années de croisades et s’apprête à retrouver son foyer. Autour de lui, tout n’est que désolation : peste noire, chaos, violence, croyances et religiosité tournant à l’immolation de prétendues sorcières ou à des processions de flagellants. Devant ce spectacle qui pourrait annoncer l’Apocalypse, ébranlé par sa foi vacillante, le chevalier veut comprendre, obtenir de la mort des réponses tant qu’il ne perd contre elle la partie d’échecs engagée…
L’existence de Dieu, le sens de la vie, le salut, le néant : Le Septième Sceau (titre en référence à L’Apocalypse de Saint Jean, dernier des livres du Nouveau Testament) ne badine pas avec ses motifs. L’espace de quelques scènes, une légèreté flirtant avec la comédie s’invite néanmoins à travers un couple de forains et leur bébé, cette famille incarnant l’innocence, la faculté d’émerveillement, une joie et une foi simples.
Il est libre Max…
On peut trouver tout cela didactique, verbeux, ennuyeux, démonstratif ou bien se laisser porter par la beauté géométrique des plans, le noir et blanc somptueux, la présence de Max von Sydow. On peut aussi préférer d’autres films d’Ingmar Bergman comme Les Fraises sauvages (réalisé la même année), mais aussi Le Silence, L’Heure du loup ou La Honte dans le registre funèbre, existentiel et angoissant qui est la marque du cinéaste. Surtout, Le Septième Sceau marque le début de la collaboration entre Bergman et celui deviendra l’un de ses acteurs fétiches (onze films ensemble).
Max von Sydow ne sera cependant pas prisonnier de sa fructueuse fréquentation du maître puisqu’il mènera une brillante carrière internationale qui le fera notamment tourner avec William Friedkin (L’Exorciste), Sydney Pollack (Les Trois Jours du Condor), Francesco Rosi (Cadavres exquis), Woody Allen (Hannah et ses sœurs) ou Martin Scorsese (Shutter Island). A la fin du Septième Sceau, la mort aura damé le pion au chevalier Antonius Block, mais seulement en 2020 à son brillant interprète.
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