Master gardiner, un film de Paul Schrader
Narvel coule une vie en apparence paisible dans une magnifique demeure avec jardin, un jardin fait de multiples essences dont il a le savoir de l’existence et de la cohabitation. Il est horticulteur et s’accomplit parfaitement dans cette fonction. Il entretient avec Mrs Haverhill, la maîtresse des lieux, une relation de confiance dont on devine rapidement qu’elle ne se limite pas aux plates-bandes du parc…
Du genre taiseux, Narvel cache au fond de lui un lourd passé, celui d’assassin d’une extrême droite prônant les valeurs du Troisième Reich. D’ailleurs son corps est tatoué de manière explicite sur le sujet. Voilà qu’un jour, Mrs Haverhill lui demande de prendre comme apprentie une petite nièce un peu à la dérive. Sans un mot il va accepter et se trouver en charge de Maya, grande adolescente, flirtant de près avec les milieux de la drogue. Au point qu’un jour elle arrive à son travail sérieusement amochée par son « souteneur ». Narvel ne peut supporter cet état de fait, d’autant qu’un sentiment bizarre s’est incrusté dans leur relation professionnelle. Comme une attirance que l’on devine d’ailleurs réciproque. Alors qu’il doit pointer auprès de son référent judiciaire au regard de son passé, Narvel va-t-il replonger dans la violence, voire plus ?
En nous parlant des fleurs, des plantes, de la terre, le dernier opus de Paul Schrader parle tout simplement de nous, de nos rapports aux autres. Et c’est fait avec une justesse de ton extraordinaire de précision dans la parabole. Peu de personnages ici, mais des relations d’une puissance de feu qui laissent sans voix, d’autant qu’elles ne se traduisent pas à l’écran par des gestes et des mots inutiles. C’est au scalpel que nous suivons le chemin de rédemption que s’impose Narvel, un horticulteur qu’incarne ici Joel Edgerton, avec sa gueule minérale de baroudeur dangereux réduit par la force des choses à un statut de jouet entre les mains de l’imprévisible et toxique Mrs Haverhill (fascinante Sigourney Weaver). Sans oublier la jeune Quintessa Swindell, Maya épatante de naturel.
Un film sans affèterie aucune, qui vous va droit au cœur sans que vous n’y preniez garde.