Beate Vollack est la nouvelle directrice de la Danse de l’Opéra national du Capitole de Toulouse, nouvellement nommée par Francis Grass, président de l’Établissement public du Capitole et président du jury, après audition de six candidats présélectionnés.
On retrouvait à ce jury, Nina Ananiashvili, directrice du Ballet de Georgie, Eric Quilleré, directeur de la Danse de l’Opéra national de Bordeaux, Frédéric Bourdin, représentant du Ministère de la Culture, Claire Roserot de Melin, directrice générale de l’Etablissement public du Capitole , Christophe Ghristi, directeur artistique de l’Opéra national du Capitole.
Beate Vollack entrera en fonction à partir de septembre 2023. Elle sera en charge de la programmation établie alors pour la saison 2023 – 2024. Une programmation qui se trouve en accord avec ses différentes fonctions occupées dans les maisons précédemment fréquentées. Une trentaine de représentations pour 5 spectacles proposés par la troupe actuelle du Ballet du Capitole et sur trois sites : Théâtre du Capitole, Halle aux grains et Théâtre de la Cité.
La Sylphide
Huit représentations en octobre du ballet en deux actes, La Sylphide au Théâtre du Capitole, version 1836. On est en plein romantisme. Et c’est avec La Sylphide de Filippo Taglioni en 1832. Tous les thèmes et les ingrédients alors en vogue, vont être savamment agencés par le ténor de réputation Adolphe Nourrit, , pour construire l’archétype du ballet romantique, d’après un conte de Charles Nodier. La recette fera florès et sera reprise jusqu’à son apogée avec le ballet Giselle en 1841. En attendant, s’appuyant sur la version d’Auguste Bournonville de 1836 pour le Royal Ballet du Danemark, chorégraphie restituée par Dinna Bjorn, et toujours, bien sûr, sur la musique de Herman Severin Lovenskiold, Beate Vollack pourra faire évoluer ses 35 danseurs et danseuses du corps de ballet, la version retenue donnant autant d’importance à la danse masculine qu’à la danse féminine, un parti pris alors fort novateur. Luciano Di Martino dirigera dans la fosse les Musiciens de l’Orchestre national du Capitole.
Conférence, Carnet de danse, Cours public, Atelier de danse, toutes ces activités périphériques seront à votre disposition, comme elles le seront pour les autres spectacles programmés : qu’on se le dise !!
Fin d’année en Feux d’artifice avec trois grands maîtres de la chorégraphie du XXè siècle. Huit représentations au Théâtre du Capitole pour clore l’année 2023.
Feux d’artifice sur le plateau avec les danseuses et danseurs du Ballet du Capitole sur des musiques disons “définitives“ comme celles d’Édouard Lalo dans Suite en blanc sur une chorégraphie de Serge Lifar. Ce ballet est au répertoire depuis 2019. Pour suivre, sur une musique de Wolfgang Amadeus Mozart, Sech Tänze (Six danses) sur une chorégraphie de Jiri Kylian. Ce ballet est au répertoire depuis 2008. Et pour clore, The Concert sur une musique de Frédéric Chopin dans une chorégraphie de Jérome Robbins. C’est une entrée au répertoire pour le Ballet du Capitole. On savoure la présence dans la fosse des musiciens de l’Orchestre du Capitole dirigés par Philippe Béran, habitué du Capitole.
Sur une musique d’Édouard Lalo, tirée de Namouna, la Suite en blanc fut réglée en 1943, et resta longtemps un des ballets de son chorégraphe les plus aimés du public. À la base, Namouna est un ballet monté à l’Opéra de Paris en 1882 et qui resta longtemps au répertoire. Serge Lifar ne préféra pas le reconstituer et composa une œuvre personnelle, sans références aucunes. Version simplifiée de la riche partition de Lalo, huit études chorégraphiques sont les plus beaux fragments du ballet originel, mais elles sont dépourvues de tout lien d’action. Aucun livret, aucun scénario ne réunit ces numéros dansants destinés uniquement à mettre en valeur les qualités techniques de chaque membre du Corps de Ballet. Suite en blanc est une composition de danse pure, de “la danse pour de la danse“, avec une scène jamais vide, comme une sorte de mouvement perpétuel occupant l’espace. On a pu lire encore que Suite en blanc était en somme le dictionnaire de la danse académique de 1943, une sorte de bilan de
l’évolution technique de la danse, dressé par Serge Lifar, à ce moment-là. Ce ballet n’est ici, qu’une cascade de pas éblouissants, d’enchaînements ingénieusement combinés, aux lignes droites, courbes, allongées, ne laissant pas une minute de distraction aux spectateurs.
Événement assuré en avril au Théâtre avec cette entrée au répertoire du Ballet du Capitole d’un ouvrage intitulé Le Chant de la terre soit Das Lied von der Erde.
La musique est de Gustav Mahler. C’est la version pour orchestre de chambre d’Arnold Schœnberg et Rainer Riehn. John Neumeier en est le chorégraphe. Il se charge aussi des décors et costumes et de la conception des Lumières. La création eut lieu le 24 février 2015 au Palais Garnier, Paris, par le Ballet de l’Opéra national de Paris. Dans la fosse, ce sont les musiciens de l’Orchestre national du Capitole et il faut deux chanteurs, une voix de mezzo et une voix de ténor, en principe. Le spectacle est aussi un hommage à la version de Kenneth MacMillan, créée à Stuttgart en 1965.
Paysages intérieurs
L’entrée au répertoire de cette proposition est toute récente puisque datée de février 2023. Le succès fut tel et les déçus si nombreux de ne pouvoir y assister que le mieux, c’était bien, de reprendre le spectacle. C’est chose faite courant mai 2024 et donc, toujours au Théâtre de la Cité, partenaire. C’est Thierry Malandain qui ouvre avec Nocturnes, musique de Frédéric Chopin. Les créations de ce chorégraphe, je le reconnais, m’enchante, comme bon nombre d’admirateurs, et c’est d’une émotion constante et visuellement, beau. Suivent deux créations récentes de ce monument de la chorégraphie que constitue Carolyn Carson avec Wind Women ballet 100% féminin sur une musique originale de Nicolas de Zorzi puis If To Leave Is To Remember ( Si partir c’est se souvenir) sur une musique de Philip Glass. Quand la danse contemporaine peut, elle aussi, conduire à l’émotion.
Toiles Étoiles : Picasso et la danse
Décors et rideaux de scène réalisés d’après des œuvres originales de Pablo Picasso ©Succession Picasso 2024 par Gerriets, Volgelsheim (68)
Le génie créateur d’un Pablo Picasso ne pouvait passer à côté de l’art de la Danse. Et si ce n’est la chorégraphie, ou la musique, c’est bien tout ce qui entoure sur scène l’expression de cet art : la Danse. Alors, en avant décors et costumes et ce qui le fascinait le plus, le rideau de scène. Picasso a beaucoup peint pour la danse avant 1924. Le rideau de scène, disons l’élément de décor du premier tableau intitulé Tablao (Cuadro flamenco) est de 1921. Pour la version 2023 de ce ballet centenaire, Antonio Najarro, grande figure du flamenco, s’écarte finalement peu de l’original : le décor est celui d’un café cantante (ou tablao). La musique est jouée sur scène par un quatuor de musiciens – le compositeur et guitariste José Luis Montón, les percussions flamencas par Odei Lizao, le violoniste Thomas Potiron et la cantaora flamenca Maria Mezcle – est typique ; la pièce ne raconte pas d’histoire mais présente une série de danses traditionnelles.
Celui du dernier Le Train bleu est de 1924, en partie sur une musique de Georg Friedrich Haendel. Chorégraphie et costumes sont de Cayetano Soto. On vous laisse découvrir la bande-son utilisée et la succession des tableaux.
On connaît la production de l’artiste pour les Ballets russes de Diaghilev, puis pour Nijinsky, et Massine et Cocteau, les musiciens, de Falla, Satie, Stravinsky, Debussy, Milhaud. Chacun de ses décors a constitué un événement dans l’histoire des spectacles comme dans l’histoire de sa peinture. Sa production est inouïe. Mais on remarque que nombre de créations sont reprises alors, comme par exemple la deuxième proposition à savoir L’Après-midi d’un faune qui va subir un traitement très original dû à une paire de chorégraphes en charge aussi des costumes Honji Wang et Sébastien Ramirez. Il y aura de quoi être surpris par le traitement subi par faune et nymphes sur le rideau et dû, bien sûr, à Picasso. Clément Aubry est en charge de la conception sonore qui s’appuie sur la musique de Claude Debussy et sur quelques musiques dites additionnelles. Comme dans Le Train bleu, Berry Claassen est aux Lumières.