Il y a des événements qui mettent en joie, comme la création d’un nouveau festival de cinéma, et encore plus qu’il soit « baigné dans la Langue des Signes et la culture Sourde ». C’est le Festival Film’Ô, qui aura lieu le 17 juin au cinéma Pathé Wilson pour la partie cinéma, et à la Discothèque Urban Lab pour bien finir la journée en faisant la fête. Je donne la parole à Michel, Timothée et Bruno, qui nous parlent avec passion de cette première édition, avec en illustration les 12 films en compétition.
Quand avez-vous eu l’idée de « créer » ce nouveau festival ?
Michel : Depuis quelques années, j’ai un rêve : celui de créer un festival international du court-métrage à Toulouse. Ce festival permettrait aux sourds et aux entendants de se retrouver autour de films réalisés et joués par des sourds signants. En octobre 2021, je me suis rendu à Tolosa, en Espagne, à un festival des courts-métrages pour lequel un de mes films, Le Chéri parfait, avait été sélectionné. Il y avait quelques Sourds français sur place. Nous avons découvert qu’en Espagne, il existait neuf festivals de courts-métrages tout au long d’un année ; tandis qu’en France, ce genre d’événement était presque inexistant, puisqu’il y en avait que deux : le festival Clin d’œil à Reims mondialement connu dans le milieu du théâtre, et le festival Sourd Métrage à Nancy/Montpellier qui encourage les collégiens et lycéens sourds. J’ai vu ces réussites, et qu’il était donc possible de créer cela, ici, en Occitanie. Je me suis aperçu que mon rêve pouvait devenir réalité !
À mon retour à Toulouse, j’étais déterminé à créer avec l’aide d’une équipe un festival pour promouvoir les courts-métrages. Voilà pourquoi, avec des bénévoles dynamiques et de la détermination, Film’Ô est né : une première en France, pour une journée inoubliable le 17 juin !
Quels étaient vos objectifs au moment de créer ce festival ?
Michel : Nous voulions proposer un événement sur une journée, à Toulouse – pour faciliter l’accès à tous grâce aux moyens de transports – avec uniquement des courts-métrages, soit amateurs ou professionnels, pour développer des compétences, des espoirs vu l’impasse pour les sourds dans le monde du cinéma. Les courts-métrages seront accessibles à tous, avec l’aide des sous-titres français obligatoires pour tout public.
Pourquoi appeler votre festival Film’Ô ?
Michel : Il y a un autre festival qui s’appelle Sign’Ô, qui promeut la Langue Des Signes comme medium artistique. Il a pour vocation de rendre visible la culture sourde, la Langue des signes et par extension l’art sourd dans l’espace public. Ç’est le même objectif pour le nôtre, mais en culture cinéma ! Nous l’avons donc nommé Film’Ô – Film’ étant employé dans le cinéma culture sourde, et Ô pour le latin occitan de la région de Toulouse.
Parlons maintenant organisation de cette première édition : combien de personnes sont impliquées ?
Michel et Timothée : Une bonne vingtaine de personnes dont une vit à Nancy et s’occupe de la création des pages dans le site internet du festival. Nous n’avons pas de salarié en raison d’absence de subvention en amont.
La sélection des films ?
Michel et Timothée : En diffusant la vidéo de communication sur les réseaux sociaux, on a informé qu’il y avait le concours de courts-métrages et qu’il fallait regarder le règlement sur le site internet. Un mois plus tard, on a relancé en énumérant les conditions essentielles dont la durée de 20 minutes et la date de création qui doit être à partir de janvier 2021 et cela a mieux fonctionné. Les films retenus répondent aux critères de base : purement cinématographique 20 minutes avec générique, présence d’une langue des signes, quelle que ce soit la nationalité, présence des sous-titres français.
Qui a fait les sous-titres ?
Michel : Timothée, un des membres du CO, s’occupe de la traduction des sous-titres dans les trois langues. Il les transmet ensuite à Pasko, un bénévole, pour que ce dernier les insère dans les vidéos. La traduction en langue des signes internationale est faite par les étudiants en contrat professionnel chez Vice & Versa avec qui Film’Ô est en partenariat.
Le choix de la salle Pathé Wilson ?
Michel et Timothée : Suite à la difficulté à mettre en place la projection dans deux salles à Ramonville, Film’Ô a dû agir dans l’urgence en février en recherchant d’autres salles de cinéma. Compte tenu du peu de temps entre les nouvelles recherches et le samedi 17 juin, l’équipe s’est tourné vers le cinéma Pathé Wilson qui était très réactif et pouvait l’accueillir pour cette date. Le responsable nous a accompagnés dans la démarche administrative et technique, ce qui était un grand avantage pour Film’Ô. Suite au grand succès de la billetterie qui a vendu 330 places en moins de 48 heures, l’équipe du festival a voté 72 heures plus tard pour l’ouverture de la seconde salle. Au quatrième jour, la billetterie était à nouveau ouverte et 100 places ont été déjà vendues ce jour-là.
Quels sont vos partenaires ?
Michel et Timothée : Il y a trois types de partenaires :
– Les sponsors qui aident financièrement au fonctionnement du festival.
– Les partenaires qui fournissent gratuitement des interprètes sur place et des traducteurs dans les vidéos pour le festival et lors du festival.
– Les partenaires qui aident de façon diverse comme la mise en place d’un spectacle, etc.
Un mot sur les prix : pourquoi un seul prix pour la profession de réalisateur et réalisatrice, alors qu’il y a un prix acteur et un prix actrice ?
Michel : Nous nous efforçons de mettre en valeur non seulement les films eux-mêmes, mais aussi les talents des cinéastes, acteurs.trices, réalisateurs.trices et autres personnes sourdes ou malentendantes, afin d’inspirer ceux qui aspirent à travailler dans le monde cinématographique, y compris la jeune génération sourde ou malentendante en principant de l’égalité des droits entre hommes et femmes.
Ce qui a été le plus dur durant la préparation du festival ?
Michel et Timothée : De trouver des aides de subventions et de trouver les salles du cinéma.
Que sera la Deaf Party à Urban Lab ?
Michel, Timothée et Bruno : Il n’y a pas de condition. C’est un aspect culturel et historique de la communauté Sourde. Un évènement dans la journée est généralement accompagné d’une fête nocturne qui est un lieu où les Sourds ont l’occasion habituelle de se retrouver par centaines. On y retrouve comme n’importe quelle soirée des DJs, des chansigneurs, de danseurs, et des dizaines de personnes qui s’amusent, se retrouvent et discutent.
À noter : DEAFI, entreprise spécialisée dans l’accessibilité des services clients pour les personnes sourdes et malentendantes, soutient l’événement et remettra le prix « Meilleur film national ».
Pour venir à la soirée, où il reste des places, voici les indications à suivre en français :
et en anglais et en espagnol :
Tous les renseignements sur le Festival Film Ô sur le site festival-filmo.com