Le compositeur Arrigo Boito devait être parmi nous il y a trois ans avec ce Mefistofele. Patiemment, tous les artistes ont attendu. Ils sont bien au rendez-vous pour cette grande fresque scénique et musicale, dans une nouvelle production, en italien, plus d’un demi-siècle s’étant écoulé depuis la précédente, mais en français ! C’est du 23 juin au 2 juillet pour 5 représentations.
L’ouvrage est en quatre actes avec Prologue et Épilogue. C’est la deuxième version dite de 1875, créée le 4 octobre à Bologne, la première , en 1868, ayant été ce qu’on peut appeler un “four“. Par ses ambitions littéraires et par ses fréquentes ruptures de ton, mais d’une sûreté dramatique étonnante, Mefistofele présente des exigences théâtrales conséquentes nécessitant une magistrale mise en scène. Elle est confiée à Jean Louis Grinda, homme de théâtre et d’opéra en qui le Théâtre du Capitole a toute confiance. Tout récemment encore avec le Carmen il y a deux saisons. Mefistofele se signale, peut-être plus que tant d’autres ouvrages, par l’importance des décors. C’est Laurent Castaingt qui en a la charge. Celle aussi des lumières. Même point capital avec les costumes de Buki Shiff. Cette production introduit aussi des vidéos avec Arnaud Pottier.
Si la mise en scène se révèle difficile, on ne doute pas un seul instant qu’elle sera pleinement satisfaisante. On est au même niveau d’exigence pour la direction musicale confiée à Francesco Angelico, chef qui fait son entrée au Capitole. Au vu des œuvres qu’il dirige à l’opéra, les difficultés de celle-ci vont le galvaniser. Il aura la lourde tâche de réaliser la synthèse de toutes les influences qui ont présidé à la naissance de cette partition riche en chocs esthétiques en cette période prolifique (1868), mais aussi de maintenir l’unité, aidé en cela par le rôle-titre, un rôle très imposant qui a captivé la basse Nicolas Courjal et qui en a fait même une prise de rôle ici. Assurément, il va prendre en Mefistifele la succession de quelques illustres prédécesseurs comme Ramey, Ghiaurov, Siepi, Warren,…À son sujet, anecdote, on est ravi d’apprendre qu’il dit tout devoir dans son début de carrière, à 22 ans, à une certaine…Jane Berbié !! notre chère toulousaine. “Voici des roses“ devrait lui rappeler d’excellents moments……
Participation essentielle ici même des forces vives du Chœur et Maîtrise de l’Opéra national du Capitole placés sous l’autorité de leur Chef de chœur Gabriel Bourgoin. La tâche est rude mais enthousiasmante dès le Prologue.
Aucune crainte avec le ténor Jean-François Borras (Werther, Don José…ici même) dans le rôle de Faust et pour la soprano dramatique Chiara Isotton dans Marguerite pour le trio de base. Toute confiance, comme à l’habitude avec, dans la fosse, les musiciens de l’Orchestre national du Capitole dont la douzaine que l’on a entendu dans Le Viol de Lucrèce se couvrent de lauriers. Bien plus nombreux chez Boito, les musiciens seront à la fête dans ce formidable brassage sonore, dans cet emportement qui va de la sauvagerie à la poésie. Un véritable raz-de-marée musical.
Lire dans Vivace, les articles se rapportant à cet opéra me parait fort utile et passionnant avant de vous rendre au Théâtre. (Entretien Grinda, Courjal, assister au Prélude de Jules Bigey, à la Conférence de Dorian Astor, etc…)