Le vendredi 26 mai à la Halle, 20h, les musiciens de l’Orchestre national du Capitole de Toulouse seront dirigés par un chef autrichien qui les a déjà dirigés à plusieurs reprises, Cornelius Meister. Une mise en bouche avec Art Spirit de Régis Campo, une partition de 2021 ! Un saut en arrière avec l’unique Concerto pour piano de Robert Schumann sous les doigts de David Fray. Et pour clore, un monument avec la Symphonie n° 2 de Johannes Brahms.
Le compositeur français Régis Campo, né à Marseille en 1968, ouvre le concert avec une pièce intitulé “Art spirit“. Elle est de 2021, créée le 4 juillet à Stuttgart et dédiée à celui qui la dirige ce soir, Cornelius Meister. Le titre lui a été inspiré par le documentaire sur David Lynch « The Art Life » : l’artiste américain faisait allusion à son livre de chevet qui l’a accompagné toute sa vie d’artiste : The Art Spirit de Robert Henri. L’œuvre retrace la simple vie de l’artiste, sa simple vie d’homme, de manière émotionnelle.
Quelques lignes sur le musicien : « Après des études d’écriture et de composition auprès notamment de Georges Boeuf au conservatoire de sa ville natale, ainsi que de philosophie à la faculté de Lettres d’Aix-en-Provence, Régis Campo poursuit ses études au Conservatoire national supérieur de musique de Paris avec Gérard Grisey où il obtient un Premier prix de composition en 1995. Il rencontre alors à Paris de grands compositeurs indépendants comme Edison Denisov ou encore Henri Dutilleux.
La musique de Régis Campo est souvent qualifiée de ludique, remplie d’humour et de couleurs. Son catalogue, riche de plus de cent œuvres de concert, d’opéra, de film, aborde diverses formations instrumentales et vocales. Ses pièces sont créées en Europe et à travers une trentaine de pays dans le monde entier par les plus grands interprètes. » Source Régis Campo-Edition Lemoine.
Le chef Cornelius Meister et le soliste David Fray sont bien connus des habitués des concerts symphoniques à la Halle et donc, nous allons consacrer quelque espace aux œuvres interprétées.
Pour suivre donc, c’est le prototype même du “concerto romantique“ : le Concerto pour piano et orchestre en la mineur, op. 54 en trois mouvements, inspiré par, et écrit pour son épouse Clara,:
I – Allegro affetuoso
II – Intermezzo : Andantino grazioso
III – Allegro vivace
Un concerto pour piano à part, qui se désolidarise des œuvres virtuoses et brillantes, alors très à la mode, où le soliste, homme seul, est aux prises avec l’orchestre, monde entier. Un concerto que Liszt n’hésitera pas à qualifier, aimablement, de “concerto sans soliste“. Il faut ici un véritable interprète. Ce concerto demande une certaine somme de qualités. Le dernier mouvement, particulièrement jubilatoire et techniquement exigeant, en fait foi. Si c’est seulement pour époustoufler, l’artiste doit choisir un autre concerto. De l’aveu même du compositeur, l’œuvre se situe “entre le concerto, la symphonie et la grande sonate“. La gestation pour ce concerto pour piano unique aura duré quatre ans et sera créé en 1845.
Un concerto qui représente une oasis de lumière, de couleurs, de légèreté, de charme, de bonheur, au sein d’un parcours musical souvent angoissé ou torturé.
Mais, revenons à Clara. Fut-elle donc déraisonnée, la passion qu’il éprouve pour cette jeune élève de… 13 ans, devenue son épouse 7 ans plus tard après une lutte acharnée avec le futur beau-père ? Cette passion va cependant le conduire, à la création de chefs-d’œuvre musicaux universellement reconnus, mais aussi à la conception d’un enfant tous les deux ans soit sept au total, et enfin à la dépression, tout au long de sa vie et pour finir, à la folie.
C’est pour Clara qu’il écrit en mai 1841, année du mariage acquis de haute lutte, la Fantaisie pour piano avec accompagnement d’orchestre, une première mouture de ce qui deviendra, quatre ans et six refus d’éditeurs plus tard, le premier des trois mouvements du Concerto pour piano et orchestre, op. 54. Pianiste virtuose depuis son plus jeune âge et formée par papa Wieck, Clara le jouera partout et en aura quasiment le monopole jusqu’à la fin de sa vie. Elle notera : « Le piano se fond à l’orchestre de la manière la plus subtile – impossible de penser l’un séparément de l’autre. »
« Le rôle du soliste est celui d’un modèle, d’une référence : il doit porter le contenu profond de l’œuvre sa tension interne, pour les faire passer ensuite à l’orchestre. Cette exigence de Schumann se fait aussi très nettement sentir dans la cadence, qui est composée intégralement et ne laisse donc aucune place aux acrobaties personnelles du soliste. » N. Harnoncourt
C’est véritablement avec la Seconde Symphonie que Brahms remporte, de son vivant, des triomphes comme compositeur de symphonies. Elle fut écrite durant l’été 1877 en Autriche, en Carinthie. L’endroit est enchanteur, écrit-il. Baignant dans un climat serein, elle est probablement la plus élaborée au niveau de la liaison des idées, dans la volonté de “ramasser“ l’ensemble dans un minimum de compartiments. Après un travail de plusieurs années sur sa puissante Première Symphonie en ut mineur, le Maître vieillissant (enfin, il n’a que 44 ans !!) semble éprouver le besoin de créer une œuvre plus légère, insouciante. De plus, cela correspond à une période de sa vie plus heureuse. Ainsi, il écrit une sorte de symphonie pastorale, inspirée par un profond sentiment vis à vis de la nature, et un sentiment de sérénité qui transparaît tout au long des quatre mouvements sur environ une quarantaine de minutes :
I. Allegro non troppo
II. Adagio non troppo – L’istesso tempo, ma grazioso
III. Allegretto grazioso – Quasi andantino – Presto ma non assai
IV. Allegro con spirito
Pour en savoir plus, sur la Deuxième de Brahms, cliquez ici
Orchestre national du Capitole