Manon Galy, jeune violoniste de chez nous sera dirigée par le jeune chef d’origine ouzbek Aziz Shokhakimov à la tête des musiciens de l’Orchestre national du Capitole dans un programme Brahms, Saint-Saëns, Dvořák, à la Halle, en ce vendredi 19 mai à 20H.
La violoniste toulousaine Manon Galy de 25 ans a été sacrée Révélation Soliste instrumental le mercredi 9 mars 2022, lors de la 29e édition des Victoires de la musique classique au Grand Théâtre de Provence d’Aix. Aucun violoniste n’avait gagné dans cette catégorie depuis Renaud Capuçon en 2000. C’est à 7 ans que Manon est tombée sous le charme de l’instrument en question et que courage, détermination, opiniâtreté ont eu raison de moult difficultés, embûches et pertes de confiance à répétition. Mais la partie semble gagnée car voilà notre artiste soliste dans un concert, chez elle, si l’on peut dire, accompagnée par l’Orchestre du Capitole, et ce, dans la salle mythique de la Halle qu’elle a dû fréquenter gamine, comme on dit. La carrière ne fait plus aucun doute. Elle est maintenant internationale avec toutes les joies que cela peut procurer mais, on ne l’ignore pas, les moments plus délicats à gérer. En attendant, à la Halle, de ses deux oreilles, Camille Saint-Saëns sera toute ouïe pour écouter Manon Galy interpréter son Concerto pour violon n°3 en si mineur, op.61. (Allegro non troppo – Andantino quasi allegretto – Molto moderato e maestoso. Allegro non troppo)
La soliste nous en entretient : « Il ne jouait pas lui-même du violon mais, au vu de la qualité de son écriture pour l’instrument et la quantité de pièces qu’il lui a dédiées, il devait beaucoup l’aimer. (…). Comme les concertos de Mendelssohn et Bruch, c’est une œuvre que l’on peut aborder jeune, mais qui gagne évidemment en profondeur quand on la reprend plus tard. Ici, Saint-Saëns a vraiment modelé le concerto à l’image de son dédicataire et créateur, le virtuose Pablo de Sarasate. (Création à Hambourg le 15 octobre 1880). Pas d’introduction orchestrale : le violon entre immédiatement “à fond“ et avec une immense virtuosité. À côté de cela, on est saisi par des mélodies incroyables, d’une douceur sans nom. Et on peut aussi reconnaître quelque chose d’un peu espagnol dans le ton, notamment dans le thème du troisième mouvement. Bref, c’est un concerto plein de richesses. » Manon Galy – Vivace
L’exécution du concerto viendra après une œuvre d’ouverture de concert due à Johannes Brahms dénommée Academic Festival Overture, op. 80 ou Ouverture pour une fête académique. Ecrite durant l’été 1880. Coïncidence de date avec l’œuvre qui suivra en concert ! Une ouverture gaie à laquelle le compositeur donnera son pendant avec une ouverture dite tragique, op. 81. Pièces écrites pour remercier de sa nomination de docteur honoris causa. Les deux ne comportent aucun programme et ne sont pas des pièces de musique descriptive. L’inspiration s’appuierait sur des thèmes de chansons estudiantines et universitaires. Brahms aurait pu en apprendre certaines, et même les chanter !
L’estrade est donc occupée par Aziz Shokhakimov, 35 ans, venant d’Ouzbekistan et qui, en ce moment, occupe en France la fonction de directeur artistique et musical de l’Orchestre Philharmonique de Strasbourg. Son début de carrière en tant que chef est absolument impressionnant. Enfant surdoué, son environnement est favorable à la musique, très favorable même, et son côté touche à tout le conduira finalement à la direction d’orchestre. Tant pis pour le violon, pour le chant et tout pour la baguette et surtout, tout pour le son. Aziz surveille tout, tient compte de tout, de la salle et de la réverbération comme de la place des musiciens. L’acoustique lui importe énormément. La Halle sera riche d’expériences pour lui. Le public ne peut que s’en féliciter. La Symphonie n°9 d’Anton Dvorak sera un excellent outil. La meilleure interprétation de l’œuvre sera sa quête dès les premières mesures.
Symphonie n°9 en mi mineur, op. 95 “du nouveau monde“
Antonin Dvořák, quel parcours pour notre musicien “bohémien“ qualifié de “primitif“, qui d’apprenti boucher devient compositeur et chef d’orchestre, puis repéré par une mécène qui le conduit au poste de directeur artistique du Conservatoire national de musique de New-York fin 1892 ?
I. Adagio – allegro molto
II. Largo
III. Scherzo – molto vivace
IV. Allegro con fuoco Durée totale ÷ 40’
Cette durée peut varier entre 35 minutes pour les plus courtes jusqu’à 45 pour les plus étirées !! L’effectif orchestral est celui d’un symphonique traditionnel de fin XIXè.
L’œuvre fut publiée à Berlin comme symphonie n°5 et les premiers enregistrements sont avec cette numérotation.
Elle fut composée à New-York au 327, 17ème East Street, les premières esquisses datées du 10 janvier 1893 environ trois mois après son arrivée avec sa femme et deux de ses six enfants sur le sol américain. Partition terminée le 24 mai 1893 à 9 heures du matin ! À côté de la date d’achèvement, le compositeur a cru bon de noter en page 118 de la partition autographe : Fin, Dieu soit remercié !
Le titre “du nouveau monde“ fut ajouté quelques jours avant la création de l’œuvre. Dvorak écrivit à la dernière minute sur la page-titre “Z nohevo sveta“ (from the new world) titre qui conduira à de nombreuses controverses. Création le 16 décembre 1893 au Carnegie Hall de New-York sous la direction d’Anton Seidl. Annoncée à grands renforts de publicité dans la presse new-yorkaise qui publiait dans les premières pages des entretiens avec le compositeur, la création, tout comme d’ailleurs la répétition générale la veille, connurent un succès considérable. Dès le Largo, Dvorak dut saluer le public à la fin de chaque mouvement.
Depuis, cette partition a pris une dimension universelle. Elle est extrêmement populaire. Elle est parmi les plus enregistrées de la littérature symphonique. Les raisons ? On peut se permettre de remarquer que la maîtrise de l’écriture, parfaitement claire, limpide, est d’une précision exemplaire. La richesse et l’originalité des idées, la qualité des motifs, la palette sonore obtenue avec des moyens simples, habituels, plus quelques aspérités pittoresques, l’impact plus dramatique de certains passages, la joie et la jubilation qui se dégagent dans les mouvements extrêmes, la richesse de l’inspiration avec ce véritable “melting pot“ culturel à disposition, tout cela ne peut que concourir à assurer le succès définitif à la partition.
Ce concert donné le vendredi 19 mai à 20h sera redonné dans le cadre des concerts Aïda le lendemain samedi 20 mai à 20h.
Il fera aussi l’objet du concert exceptionnel donné à 19h30 le lundi 22 mai, opération Stade toulousain, toujours à la Halle!!
Orchestre national du Capitole