Les 2moizelles sont de retour ! Nouveau set, sketchs réécrits… Le duo musical formé par Marina Bellinello et Lise Laffont revient avec une recette améliorée au Théâtre du Pavé, du 30 mars au 1er avril prochains. Les deux artistes habiteront la scène, toujours accompagnées de leur second degré aux notes aigres-douces. Marina Bellinello nous en dit plus sur les ingrédients du spectacle.
Culture 31 : Dans quel contexte avez-vous rencontré votre binôme à la scène, Lise Laffont ?
Marina Bellinello : On s’est rencontrées lors de l’ouverture du Casino Barrière. J’étais dans une distribution, je travaillais déjà avec le metteur en scène Roger Louret. Il m’a dit que nous allions faire des auditions à Toulouse et m’a proposé de choisir les gens avec qui j’avais envie de bosser. C’était super d’être de l’autre côté, de ne pas avoir à passer l’audition. Lise sortait de sa formation théâtrale au Théâtre du Pavé. Elle m’a tout de suite beaucoup touchée par sa justesse d’interprétation et son humanité. C’est vraiment une personne habitée.
On a passé 4 ans ensemble au Casino Barrière avec deux metteurs en scène différents. Et sorties de là, on avait vraiment envie d’exploser les codes du premier degré, du spectacle traditionnel. On a tout de suite compris que l’on devait faire quelque chose d’artistique ensemble.
Plus spécifiquement, comment a germé l’idée de créer un duo musical ensemble ?
Il y a une question de complémentarité. J’ai une formation de chanteuse, et Lise de comédienne et danseuse. On savait que ça allait être des vases communicants. C’était important pour nous, au-delà d’être dans le même état d’esprit un peu féministe sur les bords et d’avoir cette volonté de révolutionner les codes classiques qui manquaient d’humour pour nous.
Vous réinterprétez aussi bien les répertoires de MC Solaar que de Noir Désir, Stromae, ou encore Les Frères Jacques. D’où tenez-vous cette versatilité ?
Je crois que ça vient un peu de moi, qui suis une amoureuse des mots, des chansons. Je fouine un peu dans tous les styles. Mais on part du texte. On veut raconter des histoires. Des histoires qui nous touchent, sur lesquelles on va pouvoir défendre des idées. Donc peu importe le style, ce qui est intéressant pour nous c’est ce qu’on dit à travers le texte. C’est pour cette raison que l’on va se retrouver avec un jazz, une polka, une bossa… Sans le vouloir, je pense que ça donne quelque chose d’éclectique, de varié.
Vous détournez les titres de ces artistes avec beaucoup de second degré. Comment le public reçoit-il ce panache et cette légèreté ?
Au départ il voit deux nanas un peu mignonnes qui se sont apprêtées, qui sont dans un style un peu classique. Donc je pense qu’au début il est un peu surpris, puis il cautionne et ça rigole beaucoup. C’est évolutif sur tout le set. On attaque par des choses comme « Le Missionnaire », qui est un peu sexuel, et à ce moment-là le public n’ose pas encore puis il rentre dans le jeu. On dit ce que pensent les autres.
Justement, dans quel état d’esprit souhaitez-vous que les spectateurs ressortent de votre spectacle ?
On aimerait qu’ils en ressortent libérés, surpris, questionnés et enjoués. C’est ce qu’on nous dit le plus. Que ça leur a fait du bien.
Vous êtes toutes deux dans la quarantaine, pensez-vous que vous auriez eu l’audace et le détachement nécessaire pour monter un tel projet il y a 20 ans ?
Pas du tout ! Il y a 20 ans, j’étais dans la bien-pensance, dans l’éducation de mes parents, qui était assez carrée. Je ne savais pas dire non. J’avais du mal à m’imposer. C’est un spectacle de maturité. Car, en effet, je n’aurais pas osé de peur de déplaire. Alors qu’à 40 ans, on ne se pose même pas la question. C’est un spectacle qui nous libère beaucoup.
Thierry Roques vous accompagne à l’accordéon, et Caroline Itier à la contrebasse. Que pouvez-vous nous dire sur leur travail ?
Ce sont des musiciens hors pair, qui sont très à l’écoute, et d’une sensibilité très développée. Ce sont deux intuitifs, deux sensibles. Donc leur travail est très humain, ce n’est pas seulement de l’accompagnement. Il y a un vrai partage, une vraie écoute.
Que pourrait apporter votre spectacle aux Toulousains ?
Ça pourrait leur faire du bien, les débrider, les interroger.
Propos recueillis par Inès Desnot