Philippe Joanny publie Quatre-vingt-quinze aux Editions Grasset. Le roman intime de toute une génération.
Philippe, le narrateur, revient sur une année précise de sa vie. Quatre-vingt-quinze. Il est alors un jeune garçon impétueux et libre. Cela serait encore plus vrai sans la toile de fond qui apparaît. Car quatre-vingt-quinze, c’est aussi une année où le sida sévit encore et encore. La science n’a toujours pas trouvé de remède pour enrayer ce fléau et les jeunes vivent la peur au ventre. Plusieurs copains de Philippe sont positifs. La mort les hante. Alors, pour échapper à cette angoisse, ils font la fête. Alcool, drogue, sexe. Tout pour oublier et pour mettre sur pause les peurs qui grignotent. Ils sont jeunes, la mort ne devrait être qu’un lointain écho. Et pourtant, il suffit d’une nuit de trop et la réalité revient en force.
Une semaine en apnée
Alex et Lucien rentrent de soirée. Le lendemain, Alex ne se réveille pas. Pour Lucien, Philippe, Léon, Denis, Hervé et les autres de la bande, c’est le drame de trop. Celui qui abasourdit et stoppe le temps. Pendant toute une semaine, les garçons se relaient dans l’appartement de Lucien pour préparer l’enterrement, pour boire, pour faire comme si de rien. Puis l’enterrement à lieu en Normandie. Un faux cérémonial qui ne ressemble en rien à Alex. Le narrateur décide donc de faire raconter Alex autrement. En effet, une interrogation parcourt tout le texte : « comment as-tu rencontré Alex ? » L’occasion de redonner la juste place au copain décédé, mais aussi de se rappeler de toute une époque entre joie, rire et peur.
Philippe Joanny écrit un roman puissant mais pas larmoyant. On plonge complètement dans cette époque d’incertitudes et on comprend les inquiétudes de la jeunesse. Les portraits sont précis et ne cherchent pas à atténuer les aspérités et les paradoxes de chacun des personnages. L’auteur les rend ainsi d’autant plus humains et attachants.
Philippe Joanny, Quatre-vingt-quinze, Grasset.