La rentrée d’hiver est le deuxième grand rendez-vous littéraire de l’année avec de nombreuses surprises et nouveautés. Voici une sélection de romans passionnants.
Marie-Hélène Lafon, Les Sources, Buchet Chastel
Marie-Hélène Lafon signe un roman bref mais d’une intensité folle. Il ne faut pas se fier au titre ni à la couverture qui pourraient faire croire à un récit bucolique. Les Sources, ici, sont celles de la violence quotidienne. Celle d’un homme qui sème la terreur au sein de sa famille. Nous sommes dans une ferme au cœur de la vallée de Santoire. Là réside un couple et leurs trois enfants. La vie pourrait être paisible, mais non. Une tension parcourt tout le livre à mesure que la violence s’installe et grandit. Le lecteur devient l’ombre silencieuse de la mère de famille qui tente de résister. Mais jusqu’à quand ? Malgré le thème difficile, le style est pur et empoigne le lecteur jusqu’à la dernière ligne.
Isabelle Sorrente, L’Instruction, J.C Lattès
Un nouveau roman, une nouvelle quête personnelle. Isabelle Sorrente s’immerge dans une expérience inédite après avoir participé à une instruction. Le but est simple : se mettre à la place d’une bête que l’on mène à l’abattoir. Dis ainsi, cela semble brut et laisse perplexe. Mais Isabelle Sorrente rend ce postulat réaliste. Elle débute une enquête méticuleuse et se rend dans une exploitation industrielle. Les questionnements sont nombreux ainsi que les incompréhensions. L’auteur veut comprendre la logique d’un système qui la dépasse. Ainsi, le cheminement devient mystique voire spirituel et cela grâce à l’écriture d’Isabelle Sorrente qui, une fois encore, se veut envoûtante.
Constance Debré, Offenses, Flammarion
Le quatrième roman de Constance Debré a pour décor une banlieue. N’importe quelle banlieue. Et l’action ne se fait pas attendre. D’emblée, une scène de crime. On connaît la victime ainsi que le coupable. Un jeune homme tue une vieille. Le motif est aussi simple que cruel, quelques billets nécessaires pour payer une dette. Nous ne sommes pas dans un roman policier, mais dans un roman qui questionne le social. Que raconte ce crime ? Constance Debré avec son franc-parler et son style brut déconstruit la réalité tout en réfléchissant à la notion d’altérité.
Les Ombres blanches, Dominique Fortier, Grasset
Emily Dickinson vient de mourir. Sa sœur Lavinia décide de respecter un de ses derniers vœux : brûler tous ses documents personnels. Sauf que Lavinia découvre aussi des centaines de poèmes. Que faire de tout cela ? Emily ne lui a donné aucune consigne à ce propos. Souhaitait-elle les voir publier ? C’est ce que crois Lavinia. Alors elle rassemble tous les morceaux de papier. Emily, recluse chez elle, écrivait tout le temps. Son œuvre doit enfin voir le jour. Dominique Fortier raconte la genèse d’une œuvre considérable et qui fait suite aux Villes de papier qui avait obtenu le Prix Renaudot Essai.
Matrix, Lauren Groff, Editions de l’Olivier
La poétesse Marie de France reste un mystère. Que sait-on de sa vie ? Pas grand-chose. Alors Lauren Groff décide de lever le voile. Elle nous raconte le départ brutal de Marie de la cour Royale. Après tout, elle n’est qu’une bâtarde et Aliénor d’Aquitaine veut l’éloigner. Elle est envoyée au couvent. La jeune fille pourrait se rebeller. D’autant plus qu’elle voue une grande admiration à Aliénor d’Aquitaine. Mais c’est sans compter sur le caractère bien trempé de Marie qui ne restera pas les bras croisés. Elle deviendra abbesse et pourquoi pas poétesse ? Lauren Groff propose un texte original et donne à voir un portrait très incarné et moderne.