Le directeur de la danse de l’établissement toulousain est démis de ses fonctions à la suite d’une enquête administrative ayant révélé des «problèmes de gestion du personnel».
Tutelle de l’Établissement public du Capitole, Toulouse-Métropole a annoncé, dimanche 12 février, le licenciement de Kader Belarbi (photo) qui assurait depuis août 2012 la direction de la danse au sein de l’Opéra national du Capitole. Selon le communiqué de la collectivité toulousaine adressé à l’AFP, «une enquête administrative interne menée au sein du Ballet du Capitole a en effet, après avis unanime de la commission consultative paritaire, conduit l’établissement à mettre un terme aux missions de monsieur Kader Belarbi en tant que directeur de la danse».
Selon Yves Sapir, délégué CGT au sein de l’Établissement public du Capitole et tenu à un devoir de réserve en tant que membre de la commission consultative paritaire réunissant des représentants des élus et des syndicats, l’enquête interne a révélé des «problèmes de gestion du personnel» de la part de Kader Belarbi, des «difficultés interpersonnelles» entre ce dernier et le reste de la compagnie ainsi qu’un problème de gestion des effectifs, le ballet étant sujet à un «très important turn-over». La Dépêche du Midi relate que les élus et l’administration de l’Opéra du Capitole se seraient inquiétés du départ, «en un peu plus de deux ans, de 15 des 35 danseurs du Ballet du Capitole». Deux maîtres de ballet ont également quitté leur fonction durant la même période, le quotidien régional ajoutant: «Un proche du dossier parle d’une “hécatombe”». Et au cours de l’année dernière, un ancien danseur a déposé une plainte contre Kader Belarbi auprès du procureur de la République.
De son côté, Kader Belarbi déplore une décision de licenciement «aussi brutale que vexatoire» et se dit «victime d’un règlement de compte grossier dicté par une réelle intention de nuire». Dans un communiqué cité par l’AFP, Maître Olivier Baratelli, qui assure sa défense, déplore un «licenciement expéditif qui a lieu sans que ne soient respectés les droits de la défense», et regrette, à propos de la plainte déposée contre lui auprès du procureur de la République, l’absence «d’investigations menées sur les motivations réelles d’une plainte isolée aussi tardive qu’incohérente, d’un danseur ne faisant plus partie du Ballet».
Citant une source proche du Ballet, l’AFP précise que les faits seraient des «actes humiliants», corroborés par plusieurs témoignages. À son tour, Kader Belarbi a déposé une plainte auprès du parquet de Toulouse «pour dénonciation calomnieuse» contre le danseur et contre «ceux qui ont délibérément exploité cette injuste mise en cause». Il entend également «dénoncer le harcèlement dont il a fait l’objet ces dernières années pour le forcer à démissionner et les pratiques douteuses en matière de relations humaines» au sein de l’Opéra national du Capitole.
Ancien danseur étoile de l’Opéra de Paris, Kader Belarbi, 60 ans, est l’auteur d’une quarantaine de ballets. À Toulouse, il a présenté de nombreuses créations avec le Ballet du Capitole: « Liens de table » et « À nos Amours » (2010), « La Reine morte » (2011), « Étranges Voisins » (2012), « Entrelacs », « Le Corsaire », « La Bête et la Belle » (2013), « Bach-Suite III » (2014), « Giselle » (2015), « Mur-Mur » (2016), « Don Quichotte » et « Casse-Noisette » (2017), « Les Saltimbanques » et « Toulouse-Lautrec » (2021). Sous sa direction, le Ballet du Capitole a acquis un rayonnement inégalé jusqu’alors, se produisant fréquemment en tournée, de Paris à Barcelone.
Toulouse-Métropole assure que la saison du Ballet se poursuivra avec le programme chorégraphique prévu en mars au Théâtre du Capitole. Le Ballet de l’Opéra national du Capitole se produira ensuite en tournée avec « Toulouse-Lautrec », spectacle de Kader Belarbi représenté au Théâtre des Champs-Élysées à Paris, en avril, puis à la Maison de la Danse à Lyon, en mai.