Pattie et la colère de Poséidon, le quatrième long-métrage du studio TAT est actuellement en salles.
Dans la ville portuaire de Yolcos protégée par la Toison d’Or, Pattie rêve d’aventures au loin, alors que son père Sam aimerait la garder auprès de lui, en sécurité. Les habitants de la ville érigent une statue à la gloire de Zeus, ce qui déclenche la jalousie de Poséidon : il leur confisque la Toison d’Or et leur laisse sept jours pour construire une nouvelle statue à son effigie. Jason et les Argonautes repartent, 80 ans après leur épopée, en quête des matériaux pour fabriquer le trident. Pattie décide de les accompagner.
Le réalisateur de Pattie et la colère de Poséidon est David Alaux, le A de TAT (Eric Tosti et Jean-François Tosti sont les deux T), studio toulousain qui est actuellement en train de préparer la série Astérix d’Alain Chabat pour Netflix.
En attendant, David Alaux a bien voulu revenir sur les cinq ans de travail nécessaire pour aboutir au film.
Commençons par votre formation…
Qui n’a aucun rapport avec l’audiovisuel ou le cinéma. Eric, Jean-François et moi avons tout appris sur le tas, en regardant des films et en les faisant. Après le lycée à Perpignan, j’ai été à l’Université Paul Sabatier à Toulouse, pour un DEUG A, math-physique-chimie. J’ai fait un IUP, où je me suis fait virer au bout de deux ans, car on ne peut pas tripler, et je suis reparti en Licence où je faisais de la conception par ordinateur, et aussi mon armée. Je n’ai fini ma maîtrise, et j’ai retrouvé Éric avec qui j’ai recommencé à faire des courts, image par image. On bricolait, pour tenter le coup, et ça a marché. Puis Jean-François nous a rejoints à Toulouse, et nous avons fondé TAT en 2000. Donc pas d’études en cinéma, car à l’époque, il y avait le numérique : d’avoir utilisé la CAO nous a permis, avant les autres, de toucher à la 3D.
Quand avez-vous eu la toute première idée à la base de Pattie qui s’appelait Argonautes ?
C’était en effet le titre provisoire jusqu’en 2021. Quand TAT s’est lancé dans les longs-métrages, nous savions que nous allions commencer avec Les As de la jungle. Nous voulions ensuite enchaîner avec d’autres longs-métrages dans des univers différents. Eric, Jean-François et moi avions mis en place un slide concept, c’est-à-dire une liste de projets. Eric a proposé Terra Willy, moi Argonautes, sachant que je ne pouvais pas enchaîner aussi vite dessus pendant qu’il ferait Terra Willy. On a donc proposé à Julien Fournet, avec qui nous travaillions sur la série Les As de la Jungle depuis la saison 1, de faire une proposition, et on s’est mis d’accord sur le concept de Pil dans le milieu médiéval. Tout cela, c’était avant même le lancement de la production des As, donc 2013 ou 2014. C’était vraiment trois lignes par projet, pour qu’on sache clairement nos objectifs : faire ces quatre longs-métrages dans les prochaines années.
Même s’ils n’avaient que 3 lignes, avez-vous tenu compte des projets des autres pour assurer une diversité ?
Dans l’absolu oui, si nous avions proposé le même univers ou concept. Mais cela n’a pas été le cas. J’adore la mythologie grecque depuis tout petit : les Dieux, les créatures, les héros, ses aventures extraordinaires. C’était vraiment dans cet univers-là que je voulais raconter mon histoire. Ce qui m’avait intéressé dans l’animation, en tant que technique, c’était Jason et les Argonautes, plus pour les effets spéciaux, image par image, de Ray Harryhausen.
Aurel a réalisé Josep (entretien à lire ici), Florence Miailhe a réalisé La Traversée (entretien à lire ici), et les deux dessinent. Pouvez-vous expliquer ce que c’est d’être réalisateur sur un film d’animation, quand vous-même, vous ne dessinez pas ?
Sur Pattie, je suis aussi auteur, c’est-à-dire responsable du scénario, de l’histoire du film, donc de l’écriture et surtout de la réécriture, qui m’a pris deux ans, de la fin 2017 à la fin 2019. Fin 2018 – début 2019, on devait avoir un scénario assez définitif. Et le scénario a encore évolué pendant la réalisation-même, comme tout film d’animation.
La réalisation consiste à suivre chaque étape de la fabrication du film, et à diriger chaque équipe vers la vision qu’on a du film : les recherches graphiques sur les personnages et sur les décors, le story-board, le layout, la modélisation, le set up, l’assemblage des décors, poser les focales, les mouvements de caméras, travailler avec des animateurs, placer la lumière… Et comme vous l’avez dit, je ne dessine pas. C’est donc un travail que je dois faire avec les directeurs artistiques, en charge des personnages, avec Benoît Daffis – ou des décors avec Laurent Houis.
Discuter avec eux des décors, de l’ambiance, des styles, des volumes, vers quel degré de cartoon on veut aller avec les personnages, trouver le bon degré de stylisation, jusqu’à ce que nous arrivions à converger vers les personnages et les décors finaux en 2D. Une fois le travail 2D validé, on passe au sculpting 3D – trouver le volume définitif des personnages. On valide, et on passe à la partie pré-prod et fabrication, avec la modélisation, les textures etc. Toutes ces étapes sont antérieures à la réalisation proprement dite, avant la mise en scène, où on rassemble tous les éléments avec les caméras.
En discutant avec les responsables d’équipe, avez-vous dû changer votre scénario pour cause de difficulté, de non-faisabilité ?
Non, car on essaie de le faire le plus possible avant la production. Ce n’est pas mon premier film, et TAT a 22 ans : on sait de quoi on est capable ou non, ce qui va être nouveau pour les équipes, les aspects qui vont demander plus de travail si on n’est pas tout à fait au point. Pour Pattie, ce sont les très nombreux effets spéciaux, car le film se passe sur l’eau – la bateau, la mer, les effets de vagues, de tempête, de fumée, de nuages, les personnages peuvent être mouillés. On savait qu’on allait en avoir beaucoup plus que d’habitude. Tout cela fait partie de la préparation, et Mickaël Lalo, qui était seul jusqu’à présent à s’occuper des effets spéciaux, a dû diriger une équipe de trois ou quatre personnes sur Pattie.
Parlons écriture : vous partez des vrais éléments de la mythologie…
Je ne voulais pas reraconter une histoire de la mythologie grecque, car elles existent, on les connaît. Je voulais vraiment créer une nouvelle histoire originale, dans cet univers. Il me fallait juste planter le décor, c’est-à-dire choisir un lieu dans toute cette mythologie. J’ai pris l’épopée connue de Jason, mais 80 ans après pour créer quelque chose de totalement nouveau. Le tout, avec si possible un point de vue différent, et j’ai choisi les animaux : ils sont pratiques pour parler au jeune public car les enfants s’identifient de suite aux histoires d’adultes. C’est quelque chose que j’aime beaucoup.
Pour que l’histoire des animaux que je souhaitais raconter se développe, une grosse partie de mon travail a consisté en fait à effacer Jason et les humains. Jason et l’équipage sont plus des ressorts comiques. Jason est le lien fédérateur, et l’idole absolue de Pattie, ce qu’elle voudrait devenir : il permet d’établir les enjeux du personnage principal.
Mais quand Pattie veut lui faire comprendre quelque chose, elle ne peut pas s’adresser à lui directement…
C’est une partie qui a demandé énormément de réécritures : comment lier ces deux lignes narratives, alors que les animaux et les humains ne peuvent pas échanger ? Ils ont une aventure ensemble, sans jamais se parler. Et jamais les Dieux ne se rendent compte que les animaux font tout, alors qu’à la fin, les Dieux sont contents et félicitent les humains. Il y a une sorte de parallélisme entre les trois histoires qui ne se croisent jamais. C’était hyper dur au scénario pour que tout fonctionne. J’aimais bien l’idée que Pattie soit accompagnée, parte à l’aventure et soit aussi réprimée dans ses envies. Chickos, le vieux briscard, la pousse à partir, alors que Sam la surprotège et l’empêche de partir. Il fallait trouver un bon équilibre entre ses personnages pour que Pattie reste l’héroïne, que malgré tout, chaque personnage puisse avoir son histoire. Pattie, Chickos, Sam, Jason, chaque Dieu, même ses camarades, j’ai veillé à ce que chacun ait son histoire propre, sans en laisser aucun sur la route. Tous ont une arche narrative. L’équilibre pour que tous existent, que les histoires des Dieux, des animaux et de Jason avancent, que tout rentre dans un film grand public, et que Pattie reste l’héroïne a été très difficile à trouver.
Des trois arches, laquelle avez-vous préféré écrire ?
L’arche de Pattie, car c’est la plus forte. L’histoire de Pattie a pas mal évolué depuis les toutes premières versions : elle n’était pas adoptée, autour d’elle il n’y avait que des potes. À l’époque, ma fille avait 13 ans et voulait partir de la maison pour faire de la danse, et je ne voulais pas, car je la trouvais trop jeune. Elle a 18 ans maintenant. Cette relation de surprotection, de culpabilité à ne pas la laisser partir me titillait, et comme ça me touchait, j’ai pensé que je pouvais la mettre dans mon histoire. Ce qui m’a le plus intéressé est d’écrire l’aventure de Pattie, avec en parallèle cette relation familiale, veiller à ce que tout s’entremêle bien.
Le choix du prénom Pattie ?
Ça date du tout début du projet : la première philosophe mathématicienne connue s’appelait Hypatie d’Alexandrie, un vrai personnage historique de la Grèce Antique. Dans la première version du scénario, j’avais appelé la souris Hypatie, mais ça ne sonnait pas super bien. Du coup, Pattie est restée.
Peut-on parler du choix de voix ?
Julien avait sorti Pil l’année d’avant, et je trouvais Kaycie Chase super : elle est super juste et dynamique, elle joue, elle sait chanter. Donc c’était un choix immédiat pour Pattie. D’autres voix ont déjà travaillé avec moi pour Les As de la Jungle : Chickos, c’est Emmanuel Curtil qui faisait Al, Poséidon, c’est Paul Borne qui faisait Bob, Pascal Casanova et Céline Montsarrat – Miguel et Patricia – sont aussi présents. La voix de Sam a été par contre plus longue à trouver. Barbara Tissier nous propose des voix quand on sèche un peu. On avait des voix très chaleureuses, des voix très graves, mais je ne trouvais pas la fragilité d’une voix un peu érayée pour Sam. C’est un gros chat, mais c’était important pour moi qu’il soit fragile. Je n’avais pas pensé à la voix de Christophe Lemoine car c’est celle de Cartman dans South Park, qui ne reflète pas vraiment la fragilité. Mais dans le Seigneur des Anneaux, il fait aussi la voix de Sam, et ça marche très bien. Ça m’a fait énormément plaisir d’avoir Pierre Richard pour la voix de Zeus.
Peuvent-ils faire des propositions sur leur texte ?
Bien sûr, et ils ne se gênent pas pour le faire. Ils peuvent moins proposer de choses sur un doublage, mais là, ce n’est pas du doublage. On anime sur leurs voix : on les enregistre, – ils peuvent rajouter des petits trucs, et évidemment, si ça marche, on garde -, puis on se sert de leurs interprétations pour animer les personnages. On met leur voix sur l’animatique. Les animateurs se basent beaucoup sur la voix, mais aussi sur les expressions des acteurs quand ils jouent.
Vous aviez vos références, comme Jason et les Argonautes et Le Choc des Titans, mais les différents directeurs artistiques ont-ils aussi leurs références ? Tous les films de Spielberg sont cités dans Pattie...
On est tous de la même génération, on est très très très pop culture des années 80-90. Spielberg, Scorsese, Lucas, Cameron nous ont alimentés. Mais Spielberg est pour moi une forme de Dieu. J’avais même prévu de le citer plus, j’ai enlevé « on va avoir besoin d’un plus gros bateau ».
Payez-vous des droits pour les 5 notes de Rencontre du 3e type ?
On s’est renseigné. On a crédité John Williams au générique, en toute simplicité (rires). D’après ce que j’ai compris, il n’y a pas assez de notes pour qu’il y ait des droits, mais il faut par contre le créditer.
Pourtant, il faut payer les deux notes des Dents de la mer
C’est la répétition des deux notes qu’il faut payer, c’est la durée. On s’est renseigné, on est tout bien. Sinon, on paiera. En tout cas, ça m’a fait énormément plaisir d’utiliser le son de Rencontre du 3e type. Même la fin de Pattie est inspirée de celles des films comme Retour vers le futur ou Les Aventuriers de l’Arche Perdue, avec à l’époque, ces fins ouvertes, on ne savait pas s’il y aurait une suite, mais on l’espérait.
Aviez-vous des références pour la musique, ou le compositeur Olivier Cussac avait-il carte blanche ?
On a toujours travaillé avec Olivier, qui est un compositeur toulousain. On a discuté des ambiances, le style de musique que je souhaitais pour chaque séquence, et à partir de cela, il compose, et il propose : si ça va, c’est super ; et si ça ne va pas, il recompose. Quand il y a plusieurs créatifs sur un film, il faut qu’on arrive à matcher.
Avez-vous déjà utilisé des musiques rejetées sur un précédent projet ?
Non, on a même tendance à faire plutôt l’inverse : de revenir sur des musiques qui nous plaisent dans d’autres films. Si on sait que ça marche, on veut jouer la sécurité quand on n’arrive pas à trouver la même énergie qu’on a eue sur un projet abouti. Si une musique ne m’a pas plu, mon cerveau ne va pas la rechercher. Peut-être qu’Olivier le fait, sans que je m’en aperçoive, mais je ne pense pas.
La Bande Originale de Pattie est disponible en CD et sur toutes les plateformes de streaming : https://urlz.fr/kIfE
Un film d’animation impose-t-il une durée limite pour ne pas dépasser le budget ?
On fait du film grand public, et pas du tout du film d’auteur. Avec des enfants petits, on ne peut pas faire un film de deux heures. Conventionnellement, on essaie de pas dépasser les 1h30. On est donc un peu sur la limite avec Pattie. J’ai fait attention à ce que personne ne s’ennuie. Je suis content des retours des très jeunes publics. Après, comme vous l’avez dit, il y a le budget. C’est un film ambitieux avec beaucoup de personnages, d’effets spéciaux, de foule, avec le travail du son et de la musique… À la base, on a un budget pour faire un film de 1h30 : chaque minute de dépassement pèse sur le budget. Pattie a coûté un peu moins de 10 millions d’euros, ce qui est – toute proportion gardée – bien pour faire un film, et assez peu pour faire ce film. On reste très très peu cher pour ce type de film en France. On peut s’en sortir car on fait tout à Toulouse, sans coproduction : nous sommes les seuls producteurs délégués sur l’œuvre. Avec des coproductions avec d’autres pays, les budgets se diluent. Nous sommes ainsi maîtres de toutes les parties de fabrication du film : on peut faire des jolies images avec un budget réduit.
Malgré le travail de préparation, et le budget à ne pas dépasser, y a-t-il eu des scènes réalisées qui ont dû être coupées ?
Oui, mais c’est plus au niveau du montage. On anticipe le rythme, on essaie d’éviter les ventres mous, mais à la fin, on regarde le film, et on voit que ça peut être amélioré, alors on coupe. On monte, on remonte, on ajuste. Sur ce film, on a enlevé deux séquences, soit 1 minute 30 – 2 minutes en moins. Le jeune public est très habitué à être stimulé. Sans être frénétique, il faut aussi prévoir des pauses. Mais le ratio de scènes coupées par rapport à du live est incomparable.
Vidéo non libre de droit
Ce ventre mou aurait-il pu se voir avant que l’animation soit finie ?
Après le travail de recherches, la mise en scène commence avec le story-bord – la BD du film -, puis on la met sur un banc de montage avec des pistes son, de la musique témoin, des bruitages pour obtenir tout le film en animatique. Une fois qu’il est validé, en gros à la fin de la première année de préproduction, tu sais si ton film va être bien, ou pas bien. Mais on ne lit pas une animatique 2D comme on lit le film final car un dessin 2D est très lisible. On a beaucoup moins de fatigue visuelle à lire une animatique qu’un rendu avec les couleurs et les mouvements. Le ressenti du rythme est donc différent. Si l’animatique est bien, il y a des bonnes raisons de penser que le film sera aussi bien que l’animatique. Si l’animatique est mauvaise, cela veut dire qu’il y a beaucoup de travail devant toi pour que le film soit bien.
Question du petit Arnaud Clappier : Cela est-il déjà arrivé ?
Oui sur certains épisodes des As de la Jungle, mais tu es dans le flux, et tu dois avancer. Quand tu veux apporter des améliorations, c’est trop tard. C’est un peu frustrant et c’est pourquoi j’ai voulu arrêter la série pour aller sur le long. Quand on a créé TAT, l’objectif à la base était de faire du long-métrage. Toutes les séries du monde ont des bons et des moins bons épisodes. Tous les réalisateurs de série savent ce que c’est de devoir rendre un truc en étant pas contents. Sur un long, tu as moins cet aspect : tu as travaillé ton histoire plus longtemps, tu peux te pauser, tu racontes plus doucement, sur plusieurs années.
Est-ce que vous faites des projo-tests sur un jeune public ?
Non, nos projo-tests sont les avant-premières, qui arrivent donc trop tard. On n’est pas structuré ainsi. Les studios qui y ont recourt le font avec l’animatique, mais je trouve que c’est hyper risqué avec un jeune public, car ce n’est pas du tout le film final. Je ne sais pas ce qu’on pourrait faire des retours sur une animatique. Que prendre en compte : ont-ils mal compris le gag car il était mal dessiné ? On fait des projections en interne.
Combien de personnes ont travaillé sur ce film ?
Je n’ai pas compté au générique, mais je dirais plus de 200, à Toulouse. Plus les musiciens qui ont enregistré à Paris. Tout s’est fait à Toulouse, sauf le mixe qui a été fait à Montpellier au studio Saraband, et l’étalonnage avec french Kiss, toujours à Montpellier. J’aime vraiment qu’on travaille tous ensemble au même endroit. Je suis persuadé que ça apporte quelque chose, en terme de qualité par rapport au budget. Je ne suis pas un grand fan du télétravail.
Sur un tournage live, il y a un calendrier à respecter pour avoir les décors, les acteurs. Est-ce aussi rigoureux pour un film d’animation ?
Oui, il faut des gens qui tiennent la barre. On a tout un tas de personnes à TAT dont c’est le travail, qui font du suivi de prod, de la direction de prod à chaque étape. J’ai eu des assistants réal exceptionnels qui ont suivi toutes les étapes, tous les détails du film, avec des tableaux de tous les côtés pour être sûrs que tout soit prêt au bon moment. Ce sont des centaines de rouages qui doivent être synchronisés. On était à peu près au tiers du story-board quand la pandémie a commencé. On a donc dû le faire en partie à distance. On a vite rebondi en trouvant des logiciels qui permettaient de dessiner à plusieurs sur le même tableau. Dès que les conditions sanitaires l’ont permis, on a rappelé les gens, et ils étaient tous très contents de revenir. On a dû louer beaucoup de surfaces supplémentaires pour respecter les normes sanitaires. On n’a pas pu faire tous les petit pots habituels à chaque fin d’étape – et je le regrette -, on a pu en faire certains, mais peu.
Ce qui est dur dans votre métier ?
Porter le film pendant 5 ans comme je l’ai fait, c’est long et dur. c’est énormément d’investissement. Mais tout dépend de la réception du public au moment de la sortie. Si après la première semaine de sa sortie, le film se vautre, j’aurais l’impression d’avoir perdu et d’avoir fait perdre du temps à beaucoup de gens, et je risque de passer des années très dures après. Un film peut se vautrer de différentes façons : en nombre d’entrées, parce qu’il a été mal sorti, ou en terme de critiques. On a vraiment de bonnes relations avec Appolo, qui a déjà sorti d’autres films d’animation. Ils ont vraiment étudié la date de sortie, et Noël était déjà trop chargé en propositions, avec entre autre Avatar, et d’autres offres pour le jeune public. Le 25 janvier est plus un pari sur le long terme : tout faire pour que le film soit le mieux reçu possible, qu’il s’installe pour être encore à l’affiche durant les vacances de février, J’ai vraiment confiance dans le travail d’Appolo.
De quoi êtes-vous le plus fier sur ce film ?
D’en être venu à bout en pouvant me dire « j’ai vraiment fait mon max ». Tout le monde a vraiment fait son max, Je n’ai pas de regret sur ce que j’aurais pu arriver à faire avec cette histoire que j’ai écrite. Je suis plutôt content de tout ce qu’on a fait. Pour Les As de la Jungle, j’avais quelques regrets. C’était notre premier film, écrit plus vite, et surtout fabriqué plus rapidement, car on ne maîtrisait pas encore tout. On a fait des erreurs, on a fini ric-rac, le budget était beaucoup plus réduit. J’avais fait beaucoup de concessions. À sa sortie, j’avais énormément de frustrations, à penser qu’on aurait pu mieux faire, mais avec ce budget, ce n’était pas possible. Alors que là, je suis content de ma petite Pattie, je l’aime bien.
Après avoir parlé création, parlons maintenant accompagnement du film, afin qu’il rencontre le public. Commençons avec Luc Cabassot, délégué général de Cinéphilae (ex-ACREAMP), association qui accompagne 90 cinémas Art et Essai adhérents dans leur programmation et leur professionnalisation.
Cinephilae est missionnée par le Conseil Régional, et à ce titre, nous intervenons régulièrement pour sensibiliser les exploitants à la diffusion des films aidés en Occitanie. Nous avons donc une longue relation de travail avec TAT que nous accompagnons depuis la sortie de leur premier long-métrage « Les As de la jungle : opération banquise », déjà réalisé par David Alaux. Concernant « Pattie et la colère de Poséidon », nous avions invité les exploitants dans un premier temps à la Cinémathèque de Toulouse en avril 2022 – quand le film était en cours réalisation afin qu’ils puissent en découvrir les premières images -, puis dans son intégralité, lors d’un visionnement en novembre durant la 10e édition du Festival du Film de Muret. Nous avons organisé 27 avant-premières ainsi que des séances scolaires du 4 décembre au 4 janvier, dont 9 accompagnées de David Alaux, dans les départements de l’Aude, de l’Aveyron, du Gers, de la Haute-Garonne, du Tarn et Garonne et, avec l’aide de nos homologues de l’ACCILR, dans le Gard et l’Hérault.
Poursuivons avec Marie Chèvre qui s’occupe d’éducation aux images au sein d’Occitanie films, sur le site de Toulouse, et qui a organisé, en partenariat avec le studio TAT, et animé dimanche 22 janvier une projection en avant-première pour les enseignants :
120 enseignant·e·s, accompagné·e·s de leurs enfants, sont venu·e·s découvrir « Pattie et la colère de Poséidon » et rencontrer David Alaux, lors de ce prévisionnement. Professeurs documentalistes, de Français, d’Histoire ou de Lettres classiques, en collège ou en lycée, ou encore professeurs des écoles, tous peuvent tirer des fils pour travailler avec leurs élèves à partir du dernier-né des studios TAT qui revisite le mythe de Jason et les Argonautes. De nombreuses ressources pédagogiques ont été créées autour de l’Antiquité et des relectures artistiques, ainsi qu’autour des métiers de l’animation 3D, et elles ont été présentées aux enseignant·e·s lors de cette rencontre.
Ce prévisionnement est une invitation à amener leurs élèves voir le film en organisant des séances scolaires dans leur salle de cinéma de proximité, dans l’agglomération toulousaine et au-delà, que ce soit en Haute-Garonne ou dans les départements voisins. Occitanie films, en tant que Pôle régional d’éducation aux images, contribue ainsi à placer la sortie nationale du film sous les meilleures augures. Nous sommes très heureux de pouvoir accompagner ainsi ce film.
Et concluons avec Arnaud Clappier, directeur du cinéma Utopia Borderouge :
J’ai découvert « Pattie et la colère de Poséidon » durant l’avant-première organisée par Cinephilae au Festival du Film de Muret à Toussaint. Je l’ai tout de suite aimé, et je l’ai proposé au Tactikollectif et au Centre social des Izards, qui cherchaient à organiser à Utopia une séance familiale dans le cadre d’une opération « Les Izards et Borderouge s’illuminent », pour débuter les vacances scolaires. David est donc venu présenter son film le 6 décembre en clôture d’une journée riche pour les habitants des quartiers nord avec Karaoké festif sur la terrasse du ciné, buffet offert par la cantine associative des Izards. Tout le monde est sorti ravi de la projection et de la rencontre, des petits jusqu’aux grands-parents. Grâce à « Pattie », nous avons eu envie de revoir « Jason et les Argonautes », qui a donc été programmé à Utopia pour les fêtes de fin d’année, et ça aussi, c’était super. En attendant qu’il soit programmé le 22 février à Utopia Borderouge, nous avons, dès les fêtes de fin d’année, proposé aux centres aérés « Pattie » pour les vacances, mais les écoles et les centres aérés peuvent d’ors et déjà voir le film en séances scolaires.
Pattie et la colère de Poséidon, en salle depuis le 25 janvier, et à Utopia Borderouge à partir du 22 février.
Un grand merci à toutes les personnes citées et Karim Ghiyati pour leur précieuse aide.
Merci à TAT et Occitanie films pour m’avoir autorisée à utiliser leurs documentations dans cet article.
L’entretien que vous venez de lire a été fait en décembre, avant que le dossier de presse soit disponible, il est à lire ici.
Les métiers de l’animation sont présentés par les membres du studio TAT ici.
J’attire votre attention sur le dossier pédagogique du film, fait par Zéro de conduite, à destination des enseignant·e·s, mais, je trouve, aussi pour les parents qui veulent parler du film avec leur enfant, à lire ici.
Et je vous signale deux entretiens vraiment passionnants, complémentaires du mien (vous n’aurez pas de redite), sur le site 3DVF :
– leur interview avec David Alaux ici.
– leur interview sur la partie technique ici.
Rencontre avec Aurel, réalisateur de Josep à lire ici.
Rencontre Florence Miailhe, réalisatrice de La Traversée à lire ici.