En janvier, la salle de spectacle Altigone – avec la complicité de la Compagnie théâtrale de l’Esquisse – proposent un mois consacré à Molière.
La compagnie de l’Esquisse pose ses valises une fois de plus à Altigone afin de faire revivre la virtuosité de Molière. Quatre pièces seront proposées chaque samedi. On retrouvera l’Avare, Le médecin malgré lui, Les fourberies de Scapin et enfin Le malade imaginaire. Des pièces cultes portées par l’enthousiasme de la compagnie de l’Esquisse. Mais, au-delà de ces représentations publiques, Altigone organisera également des séances spéciales pour les élèves de plus de 60 établissements. Ce sera l’occasion de partager un moment privilégié avec les acteurs afin de rendre accessible et agréable le théâtre aux plus jeunes. Un challenge voulu par Altigone depuis de nombreuses années et qui fonctionne à merveille. La salle de spectacle joue ainsi son rôle dans la transmission culturelle et dans l’accompagnement éducatif. Un vrai exemple de cohésion autour de l’art !
Et, afin de mieux en parler, laissons la parole à Katia Sciacchitano et Jérôme Jalabert (propos recueillis par Altigone).
Le Mois Molière selon Katia Sciacchitano, responsable billetterie & accueil des artistes à Altigone
Je suis arrivée en poste fin 1994 : j’ai quasiment toujours connu le Mois Molière ! Avec la Compagnie de l’Esquisse, on se connaît très bien à force. Certains comédiens sont là depuis le début, depuis les premières représentations de la troupe à Altigone. C’est notre compagnie résidente, notre compagnie amie, et c’est toujours un grand plaisir de partager ce mois avec elle.
Pour Altigone, ce mois est un énorme gain financier, il ne faut pas se mentir. Sans l’Esquisse, notre premier semestre n’aurait pas la même allure ! Au-delà de cet aspect, le Mois Molière permet d’accueillir de nombreux jeunes avec les scolaires et d’ainsi rajeunir considérablement notre salle par rapport au public que nous avons l’habitude de recevoir. Initier les enfants au théâtre et renouveler les publics, ce sont deux actions très importantes pour nous. En plus, les prix sont très accessibles, que ce soit pour les séances scolaires ou pour les séances tout public. Rendre la culture accessible, c’est primordial aujourd’hui.
Évidemment, ce mois est très intense pour les employés d’Altigone avec le placement des élèves lors des séances scolaires, les nombreuses représentations pour la régie et surtout l’entretien du hall et de la salle pour les femmes de ménage. Je prends aussi beaucoup de temps en amont avec les professeurs pour les réservations des séances scolaires et les éventuelles modifications en suivant. C’est rythmé mais on s’y prépare bien et on a l’habitude maintenant !
Nous allons continuer à proposer ce Mois Molière car de toutes façons, il est impossible pour nous d’arrêter face à une telle demande chaque année ! Pour les séances scolaires ou le tout public, nous avons des établissements et des clients fidèles qui reviennent chaque année. Certains élèvent voient même la pièce en semaine avec leurs camarades et insistent auprès de leurs parents pour revenir avec eux le samedi d’après ! C’est aussi ça que nous aimons : que l’ordre des choses soit inversé, que les enfants conseillent les parents et deviennent les initiateurs de sorties culturelles.
Le Mois Molière selon Jérôme Jalabert, comédien, metteur en scène & directeur de la Compagnie de l’Esquisse
Nous avons rencontré l’équipe d’Altigone à l’occasion d’une location le 31 décembre 1996. Sachant que nous avions un spectacle de Molière « L’impromptu de Versailles » suivi par « le Médecin malgré lui » et « le Bourgeois Gentilhomme » en préparation, l’équipe -et surtout l’ancien directeur Jean-Paul Rouillé- nous a soumis l’idée d’utiliser janvier pour présenter ces spectacles aux scolaires et en tout public le samedi soir. Nous avons accepté et c’est comme ça que le rendez-vous annuel a débuté ! Nous avons commencé à présenter des pièces de Molière à l’origine sur deux semaines en 1998, puis sur trois semaines et enfin le Mois Molière s’est officialisé en 2001. Avec la compagnie, nous avons souvent fait des représentations scolaires dans d’autres salles, mais ce rendez-vous là avec tous nos spectacles de Molière a toujours eu lieu à Altigone pour rester fidèle à une équipe, à un théâtre et surtout pour fidéliser une clientèle scolaire.
« Les Fourberies de Scapin » a été créé en janvier 2000, « le Malade imaginaire » en janvier 2007, « l’Avare » en janvier 2012, toujours à Altigone ! L’idée étant de rester au plus près des programmes scolaires et de nos envies artistiques, nous sommes restés sur des pièces de Molière (à part une adaptation de Shakespeare en 2019). Cependant, nous avons essayé de varier les inspirations dans ces différentes pièces : « le Médecin malgré lui » est une farce, « Les Fourberies de Scapin » a été monté façon commedia dell’arte en collaboration avec Carlo Boso. Nous voulions ensuite une comédie classique avec « le Malade imaginaire » et un univers plus noir avec « l’Avare ».
Cela fait de nombreuses années que nous jouons les mêmes pièces mais sans jamais ressentir une quelconque lassitude. Jouer c’est notre passion, notre métier. De plus, chaque représentation est nouvelle car les publics changent : c’est la magie du spectacle vivant ! En revanche il est vrai que notre capacité de récupération tout au long du mois décroit avec l’âge…
L’apport du mois Molière à Altigone est, ne le cachons pas, une source de revenus importante pour la Compagnie et pour les comédiens, surtout pour celles et ceux qui jouent dans plusieurs spectacles. Le théâtre est avant tout une passion mais être passionné le ventre vide, c’est compliqué ! De plus, c’est notre rôle à nous comédiens d’aujourd’hui, de faire grandir le public de demain. Depuis toutes ces années, nous rencontrons régulièrement des adultes au théâtre qui nous avouent que c’est un peu grâce à nous et nos spectacles vus avec leurs établissements scolaires que la démarche théâtrale leur est apparue comme une évidence. Certains de ces adultes sont mêmes devenus comédiens… et jouent le Mois Molière en tant que comédiens de la Compagnie de l’Esquisse à mes côtés ! La boucle est belle…Les élèves changent tous les ans donc pour eux pas de bis repetita, seuls les professeurs voient toujours les mêmes spectacles mais pas de lassitude de leur côté non plus ! On m’a même déjà dit « cela fait 7 ans que j’amène mes élèves voir « les Fourberies de Scapin », je prends ma retraite dans 3 ans, surtout n’arrêtez pas ! » Alors nous n’arrêtons pas… Nous n’arrêterons pas les séances pour le tout public non plus car même après 20 ans, ces séances sont quasiment toutes complètes ! Cela reste un petit mystère d’ailleurs…
Tous les renseignements ICI